Du sexe, du fric, des appareils photos tueurs, c'est ainsi qu'on pourrait résumer la presse poub...people. Mais c'est aussi ainsi qu'on pourrait résumer Speed Grapher, série animée issue des studios Gonzo et dont les 24 épisodes furent diffusés en 2005 au Japon. La série fut ensuite l'objet d'une adaptation en manga. Il s'agit d'un shônen assez particulier, dans la mesure où son propos est assez mature. Pas dans le sens où vous aurez le cerveau retourné, mais plutôt dans le fait que les thèmes abordés sont très loin de ceux que l'on peut voir dans d'autres shônen nekketsu (du genre Naruto, Bleach, DragonBall, One Piece etc...). Mais je bavasse, je bavasse, et j'en oublie complètement de vous parler de la série.

                         

Tatsumi Saïga, reporter de guerre, a capturé au cours de son travail de nombreuses images choquantes de massacres, et ce, avec peut-être plus de fascination qu'il ne l'aurait voulu. Revenu à une vie plus civile, Saïga devient reporter free lance dans une ville marquée par une forte fracture sociale (cette notion si chère à Jacques Chirac). Si le bas peuple, la populace, le menu peuple, les croûtins, les marauds, les...bon ok je crois qu'on a compris l'idée. Bon bref, si ces gens-là tentent de joindre les deux bouts, ce n'est pas le cas de l'élite qui vit dans le luxe et s'amuse bien, s'achète des rolex et invite MTV à filmer sa maison. Les membres de la haute société font partie d'un club très fermé, le Roppongi Club qui organise des soirées que ne renierait pas Black Sado Mario. Ce club serait lié à des meurtres de politiciens et c'est sur cette affaire qu'enquête Saïga. Il découvre que le gratin, tout de latex vêtu s'amuse à faire des cochoncetés. Lorsque la reine de la soirée, une adolescente de 15 ans (bon bah ouais, que voulez-vous, c'est un animé japonais quoi) débarque, Saïga, qui ne peut s'empêcher de la photographier se fait repérer. La jeune fille lui donne alors un baiser bien baveux qui provoque tout un tas de trucs dans son corps. Non pas ce genre de truc...enfin si sûrement, mais je parle de super pouvoirs ! En effet, Saïga gagne le pouvoir de provoquer des explosions grâce à son appareil photo. Prenant la poudre d'escampette avec la jeune fille, il devient la proie de nombreuses personnes puissantes qui aimeraient récupérer leur Déesse.

                                         

                                                                Ben dis donc, tu viens plus aux soirées...


                                                  

                                                                          Yay ! Du saykse !

Speed Grapher, comme je le disais dans l'intro est un shônen tout ce qu'il y a de plus classique. Le scénario met en place un certain nombre d'affrontements à coup de super pouvoirs plus ou moins originaux. Pourtant, l'animé a un peu le postérieur entre deux chaises. La violence est clairement au-dessus de celle que l'on peut trouver dans d'autres œuvres, et le sexe lorgne vers le ecchi. Du coup, on se retrouve avec un shônen plus orienté vers les jeunes adultes, bien que l'on soit loin du seinen, tant l'histoire parfois simpliste s'éloigne du cœur de cible visé par ce dernier.  Pourtant, Speed Grapher est loin d'être inintéressant. Le sexe et la violence ne sont pas là pour le fan-service, ou du moins, pas uniquement. Ces deux éléments installent une ambiance poisseuse, malsaine, qui fait le sel de la série. La ville est crade, et les sous-sols du roppongi club guère accueillants. Les personnages de cette ville du vice sont tous guidés par leurs bas-instincts. Saïga lui-même n'échappe pas à la règle. Et au milieu, se trouve l'innocente Kagura (la fameuse Déesse), pourchassée pour ses pouvoirs et utilisée par le club pour assouvir ses désirs les plus obscurs. (je veux dire littéralement, car les sécrétions corporelles de l'ado révèlent des pouvoirs liés aux désirs les plus chers de ceux qui bénéficient de ses faveurs).

                                     

                                Ca c'est du journalisme total ! Prends en de la graine, Bernard de la Villardière ! 

       

                                                       Les ennemis de Saïga sont hauts en couleurs

L'ambiance de Speed Grapher est son point fort, et son scénario, bien que très basique, se révèle quand même très intéressant. Certains twists fonctionnent, et même dans le classicisme ambiant, il parvient à nous surprendre. Le principal adversaire, notamment, est vraiment réussi. Je ne peux pas trop en dire sur lui, si ce n'est que Suitengû est très loin du méchant cliché. La série se veut une critique acerbe d'un monde qui place l'argent sur un piédestal, pour qui il n'est non pas un moyen de parvenir à ses fins, mais un but à accomplir (l'avidité étant représentée par une image très forte de billets qui s'empilent). 

                              

                                                                     Le nerf de la guerre

Pourtant la série n'est pas exempte de défauts. On pourra par exemple pester contre une direction artistique, qui, si elle n'est pas foncièrement mauvaise, reste néanmoins trop simpliste et passe-partout. On en a connu plein des méchants aux longs cheveux blancs, merci, et le héros ressemble beaucoup à Spike Spiegel de Cowboy Bebop. C'est dommage que la série ne se démarque pas tant que ça visuellement, car elle bénéficie pourtant d'un univers cohérent, mais malheureusement bien trop peu original pour quiconque a l'habitude de regarder des animes. Mais au fond, ce n'est pas le plus gros défaut, on passe très vite outre. Le plus gros problème de Speed Grapher est un défaut inhérent à tous les shônen nekketsu : à savoir sa répétitivité. Le schéma des arcs est résolument identique dans Speed Grapher. Un nouveau membre du club Roppongi est introduit, il casse la tronche de Saïga qui s'enfuit et revient plus tard, gonflé à bloc pour lui exploser la gueule. On croirait voir du Bleach. C'est dommage tant le final est réussi, mais encore faut-il continuer de suivre. C'est une chance, finalement, que la série soit si courte. Les personnages secondaires sont très intéressants, et sont tous très ambigus, à l'image de la MILF...euh pardon...mère de Kagura, ou encore ma petite préférée, Ginza, la flic nymphomane et malade de la gâchette. 

                    

                                                       Ah ouais, on est très loin de Julie Lescaut


                              

                       Bla ! Bla ! Truc latin, en latin, truc latin, bla bla, truc latin, truc latin en latin SEPHIROTH !  

                             

Tu vois gamine, t'as bien fait de me suivre, depuis qu'on est ensemble, ta mère nous poursuit, et je suis obligé de me battre contre des gens louches qui veulent me tuer...Chez moi, c'est la définition du mariage, tu sais...

Speed Grapher n'est pas la série qu'elle aurait dû être à cause de menus défauts qui entachent clairement son visionnage. C'est un peu rageant car il y avait un excellent potentiel. Ce n'est cependant pas une mauvaise série, loin de là. Si on peut passer outre une direction artistique, qui, sans être mauvaise, est paresseuse, et si on peut accepter quelques redondances, alors oui, Speed Grapher est un animé que je conseille, car on passe un moment agréable. Son ambiance noire et poisseuse en est un excellent point, et le final qui clôture merveilleusement la série font pencher la balance en sa faveur. Et puis, quand même, un animé dont l'opening est une chanson de Duran Duran ne peut pas être foncièrement mauvais, non ?