Les beat'em all, c'était bien ! Ah ouais, c'était vraiment sympa, les side scroller dans lesquels on déambulait en tabassant des punks, des dominatrices, des catcheurs et autres grands fous (du genre cuir cuir cuir moustache). Final Fight, Double Dragon, Streets of Rage... Ouais c'était sympa, on collait des pains dans la tronche, puis on ramassait du poulet qui traînait par terre pour le bouffer et reprendre de la vie (tout en chopant des salmonelles) et on cassait du mobilier urbain pour glaner des pièces, le tout sur une musique de discothèque 80's (à savoir la musique écrite par tous les démons de tous les enfers possibles et imaginables). C'était une belle époque. On reconnaissait les méchants à leur crête violacée ou verte...Mais cette période s'arrêta...

                                       

Un jeu pourtant se dressa afin de faire revivre cette ambiance kitsch : GOD HAND !!! Chant du cygne du talentueux studio Clover (Viewtiful Joe mais surtout Okami), God Hand est un beat them all 3D qui allait faire revivre l'époque loufoque (première fois que je place ce mot depuis cinq ans ! Champagne !) des anciens Beat'em all. Après un Okami enchanteur et poétique, il faut avouer qu'on peut être surpris par le jeu. Finies les scènes contemplatives et la réflexion sur la nature : bonjour aux méchants très gay-friendly et aux blagues graveleuses et au character design très...euh...particulier. Oui God Hand a tout d'un vilain petit canard (han cet écho au terme chant du cygne !), et pourtant, son ramage ne se rapporte pas à son plumage, et quand on s'y intéresse de près, on s'aperçoit qu'il a tout pour voler de ses propres ailes avec les autres poussins de la couvée de la poule au œufs d'or que fut Clover (Han cette métaphore filée !)

       

                                      Voici la seule réaction raisonnable quand on fait face à un clown

God Hand narre les mésaventures de Gene, une sorte de Terence Hill, qui, poussé par sa comparse Olivia, chasse les démons qui terrorisent les braves péons. Ces démons sont à la recherche du God Hand, un bras qui donne la toute puissance à celui qui se le greffe. Je vous le donne en mille, le gars qui possède le God Hand n'est autre que notre brave Gene. Et les ennemis vont pleuvoir sur vous comme les sept plaies d'Égypte . Des punks, des démons, des dominatrices, des chihuahuas mortels, un gorille, des mini sentaï, une lap-dancer démoniaque et plein d'autres vont venir vous barrer le passage. Mais vous serez prêt à les accueillir avec de divines mandales et des bourre-pif cosmiques.

                                                

                                             On ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs...

                              

                                    Tiens, ça c'est pour avoir traumatisé l'enfant que j'étais ! Batârd !

                   

                                                     Prends-en de la graine Pascal le Grand frère !

Techniquement, God Hand était déjà à la masse lors de sa sortie en 2006 sur PS2. Les textures étaient grossières et les décors vides. Les personnages bénéficiaient cependant de plus de soin. Très gros et détaillés, c'était sur eux que le regard se concentrait. Et ce n'était pas plus mal. Alors forcément, voir un tel fossé technique entre Okami et God Hand ça surprend, d'autant que ce sont les mêmes petits gars qui nous ont concocté ce jeu. Mais au final, ce n'est pas le plus important. 

     

                                                                                Homerun !

Je l'ai dit plus tôt, God Hand est un beat'em all. Mais celui-ci apporte un sacré plus qui le démarque particulièrement des autres Beat'em all (God of War, Devil May Cry etc...). Dans God Hand, vous ne vous contentez pas de simplement effectuer des combos, mieux que ça : vous créez vos propres enchaînements ! Bien entendu, les touches ne changent pas, alors vous allez me dire « Mouais, c'est un peu accessoire ton truc » mais là je vous répondrai : Que nenni ! Les enchaînements n'ont pas tous la même efficacité ni la même vitesse. Certains coups sont plus adaptés pour les finish move alors que d'autres permettent d'enchaîner avec fluidité. Et ouais ! À vous de tenter de créer la combo la plus fluide et la plus longue possible. Voilà qui relance l'intérêt du jeu, avec un perso aux coups customisables. En gros, le jeu vous propose de devenir une sorte d'alchimiste de la tarte en pleine face. 

   

                                                     On dirait que c'est soirée carnaval chez Michou !

L'ambiance très second degré du jeu est très présente à bien des niveaux. Les coups sont barrés, avec des techniques qui font rêver : le balls buster, la fessée, le dragon kick qui vous permet de botter le fessier de votre ennemi jusqu'à la stratosphère...L'humour un peu bas du front imprègne le jeu, et il faut avouer que c'est assez marrant, bien que régressif. Gene se laisse facilement manipuler, et je dirais même que c'est un plaisir de diriger ce personnage. Tout d'abord, bien qu'il faille s'habituer un moment à la maniabilité particulière, on se prend vite à s'amuser à esquiver les coups avec le stick analogique droit. Le personnage dégage une véritable impression de puissance, notamment si on a su bien configurer les combos. Mais là où il devient dévastateur, c'est quand le pouvoir de God Hand est libéré. À ce moment là, vous frappez avec la vitesse de la lumière, vous devenez plus fort, et vous pourrez utiliser des techniques méta puissantes comme la Bomba. 

                             

Cet EVNI (Ennemi Volant Non Identifiable) vient d'apprendre dans la douleur qu'en activant le God Hand, Gene devient surpuissant.

Le jeu est bien old school, c'est-à-dire qu'il est bien difficile. On ne joue pas à God Hand en dilettante. Il faut parfois refaire certains niveaux, afin de dépenser ses deniers au casino (genre de Warp zone) qui vous permet d'acheter de nouveaux coups, de tester votre force dans une arène ou de participer à des mini-jeux comme dans tout casino (mention spéciale pour les paris sur les courses de Chihuahuas). Les niveaux se déroulent dans plusieurs environnement différents, mais comme ils sont moches, on n'y prête que peu d'attention. Et du coup, on ressent l'un des plus gros points faibles des BTA : à savoir leur répétitivité. Alors oui, il y a bien quelques missions annexes, du genre sauver des villageois qui se font martyriser par des gourgandines SM (en général, ils n'ont pas trop l'air de trouver ça désagréable) mais au final, on fait plus ou moins la même chose : avancer, taper, avancer, taper... Bon vous allez me dire, c'est le style de jeu qui veut ça et vous aurez raison. Mais quand même...Mais surtout, ce que je déplore dans ce jeu, c'est l'absence d'un mode 2 joueurs. Ben oui, dans un jeu aussi délirant, comment se fait-il qu'on ne m'offre pas la possibilité de fesser de mes potes ? 

                    

                                                            Cool une invitation pour une soirée chez Berlusconi !

Toujours est-il que God Hand reste un bon petit jeu. Hélas, il n'a pas eu le succès mérité, et peu de temps après, Clover Studio fermait ses portes. Possible que la direction artistique peu conventionnelle ait fait fuir. C'est ainsi, mais ceux qui y ont joué le savent : ils ont eu la possibilité de toucher de leur petit doigts boudinés un bon petit jeu au fort capital sympathie. Un bien long article alors que mon sentiment sur le jeu se résume pourtant bien plus simplement : God Hand, c'est bien !