Gaëlle, comme tous les matins depuis maintenant deux mois était sortie de chez elle, afin de courir deux bonnes heures. Ensuite, comme d'habitude, elle s'arrêtait au parc afin de faire des étirements, puis des pompes...venait ensuite sa journée de travail, et enfin, ce qu'elle attendait avec une réelle impatience, le moment où elle retrouvait les autres chez Mike. Le lieu d'entraînement de Lumen, son alter-ego. Tous les autres semblaient prendre très au sérieux l'entraînement de Pascal. Il faut dire aussi que le bougre était très autoritaire, limite flippant. Gaëlle se souvint des premières semaines, avec la douleur qui parcourait la moindre parcelle de son corps. Puis un jour, elle se rendit compte que son endurance avait atteint un nouveau niveau, elle devenait plus forte. Et c'était aussi le cas des autres. Pascal les faisait parfois s'affronter. Et si au début, on avait plus l'impression de voir un bêtisier de Video Gag (ou une chorégraphie de Kamel Ouali), avec le temps, ça devenait autre chose. Les échanges de coups se faisaient plus vifs, les parades plus instinctives. Ils en avaient pris des coups. Le pire était le sparring contre Pascal. Il leur avait même autorisé à utiliser leurs pouvoirs, mais il paraissait imprenable.

  Quand Gaëlle arriva, elle s'excusa pour le retard. Dans le living-room spacieux de Mike, transformé en ring de fortune, s'affrontaient Cuistot et Arcimboldo. Lumen prit place aux cotés de Tear et observa le combat. Arcimboldo avait fait pousser deux énormes pastèques contre ses poings et les lança à Cuistot, qui, avec rapidité, changea ses mains en deux gros couteaux de boucher. Il coupa les pastèques au vol qui s'écrasèrent au sol, derrière lui. Il transforma ses deux mains ensuite en deux set de couteaux, et les utilisant comme des griffes, il s'élança vers Arcimboldo. Il allait lui porter un coup, mais Arcimboldo fit pousser une noix de coco sur le point d'impact. CLAC ! Les cinq lames de la main droite de Cuistot se brisèrent et se répandirent au sol. Mike poussa un hurlement et Pascal interrompit le combat.

  « Ah mes doigts ! Merde mes doigts, hurla Medhi en panique, tout en fixant ses lames répandues sur le sol sans oser porter le regard sur sa main dont sortaient cinq manches de couteaux avec des moignons de lames.

— Oh bon sang, Medhi je suis désolé, Cédric était pâle, transpirant et paniqué.

— Tu as mal ? Claire était très agitée.

— Bordel tu as perdu tes doigts ?

— Putain je sais pas, c'est la première fois que ça m'arrive Gilles, lui répondit Cuistot dans un sanglot. Oh merde, qu'est ce que je vais faire si j'ai perdu ma main...

— Arrête de chialer ! On ne sait pas si tu as perdu ta main, gronda Pascal.

— Fous moi la paix Pascal ! Tu vois ces lames par terre ? Ce sont mes putains de doigts !

— Restes calme Medhi, déclara finalement Mike. Cuistot, rends à ta main sa forme originelle.

— Non putain, je ne veux pas voir ça...chouinait Medhi.

— Fais ce que je te dis. »

  La mort dans l'âme, Medhi décida d'annuler sa transformation. Regarder sa main semblait lui faire un mal de chien. Celle-ci tremblait. Sous les yeux de tout le monde, les manches des couteaux reprirent une couleur chair, comme de petits doigts de f½tus. Mais à la surprise générale, ceux-ci s'allongèrent et reprirent une taille adulte. Là où il y avait des couteaux aux lames brisées, il y avait de nouveau une main entière. Après un silence qui traduisait l'étonnement qui se lisait dans tous les regards écarquillés, Pascal et Cédric poussèrent un long soupir de soulagement.

  « Mike...tu pourrais m'expliquer ? demanda Cuistot tout en faisant bouger ses doigts.

— J'aurais bien du mal. Concernant ces pouvoirs, on est dans le flou. Mais si je pouvais tenter une hypothèse, je dirais que ton pouvoir n'est pas celui que tu crois. Je ne sais pas pourquoi tu peux transformer tes doigts en ustensiles de cuisine, mais ce que je crois, c'est que ton pouvoir consiste surtout à régénérer tes membres.

— Un pouvoir régénérateur ? C'est extrêmement rare, observa Pascal.

— Tu te bases sur quoi pour cette hypothèse ? demanda Gilles.

— Comme je vous l'ai dit, je n'en suis pas sûr. Mais voici comment je vois les choses : quand Cuistot transforme ses mains, ou ses doigts, ou ses bras, en fait, il détruit ces parties de son corps, et les reconstruit sous la forme d'ustensiles de cuisine. Puis, une fois qu'il n'en a plus l'utilité, il les détruit pour reconstruire ses membres originels.

— Un pouvoir avec lequel il modèle son ADN, en somme. Et bien mon gars, tu en as de la chance. Mais ne vas pas te croire tout puissant en allant te couper les membres. On n'est sûr de rien, ajouta Pascal.

— De la chance ? Medhi tremblait maintenant d'excitation.

— Vous avez des pouvoirs extraordinaires les amis. Je sais que je vous le dis toujours, mais c'est parce que je le pense vraiment. Ce ne sont pas vos pouvoirs qui importent, mais la façon dont vous les utilisez. Vous vous souvenez de la fois ou Greg a vaincu le type avec son arme ? Il l'a fait éternuer afin de ramener son visage sur son poing pour lui donner un coup très puissant sans le moindre effort.

— Vous avez tous travaillé très dur, vous devez avoir senti que vous êtes devenus tous très forts. Ne relâchez pas votre entraînement, mais à présent on va ajouter une touche de difficulté en plus. Vous allez devoir apprendre à utiliser vos pouvoirs, ce qui veut dire apprendre à les connaître. Je ne peux pas vous guider là-dessus. C'est à vous de voir ce que vous pouvez faire. Arcimboldo a déjà instinctivement compris le truc. Mais vous devez apprendre à utiliser vos capacités au maximum, pour faire mal, mais aussi pour vous protéger. Vous devez apprendre quelles sont vos limites...en bref, préparez vous à suer. » Gronda Pascal. Ses mots étaient accueillis par chacun avec un mélange de lassitude, d'appréhension, mais aussi d'enthousiasme. Les Inutiles aimaient décidément bien jouer aux héros.

 

  Fiona Lerner était connue sous son pseudo de Cassandre, nom de super-héroïne qu'elle s'était choisie en raison de son pouvoir. Elle pouvait prévoir les énormes catastrophes. Elle travaillait souvent avec Interpol ou les organisations de prévention des catastrophes naturelles. Mais ses clients les plus réguliers étaient les Super-héros, à qui elle vendait ses oracles à prix d'or. Ceux-ci pouvaient alors être les premiers à arriver sur les lieux et devenir des stars. Fiona était une très jolie fille, approchant de la trentaine, avec une jolie bouille, des cheveux blonds et raides qui retombaient sur ses épaules. Elle avait toujours un teint légèrement bronzé et des yeux bruns luisants. Sa tenue de Cassandre, développée par un grand couturier était une réinterprétation des toges de la Grèce Antique qui soulignait ses formes rebondies, et elle n'avait aucun problème à exhiber son joli visage.

Si Cassandre vendait ses prédictions à tous les super-héros, il y en avait un qui bénéficiait d'un traitement de faveur. Kratos savait que comme probablement 98% des femmes du globe, Fiona n'était pas insensible à ses charmes. Aussi avait-il trouvé un moyen d'avoir la primeur des oracles, et le tout en ne déboursant pas un sou. Il lui suffisait juste de « donner de sa personne ». Et cela ne le gênait pas outre-mesure, Cassandre étant une jeune femme extrêmement séduisante. Il appelait ces transactions ses « oracles sur l'oreiller ».

  « Mon dieu Kratos, c'était...merveilleux...souffla-t-elle tout en recrachant des volutes de la fumée de cigarette qu'elle venait d'inhaler.

— Bien sûr que ça l'était. T'es avec le meilleur...répondit Joël en embrassant l'épaule nue de Fiona.

— Je présume que tu as bien mérité quelques infos croustillantes...

— Des infos croustillantes venant d'une fille aussi craquante, j'en ai de la chance. »

Les yeux de Cassandre se révulsèrent, et devinrent blanc. Sa tête se projeta en arrière et elle fut prise de spasmes, convulsant gracieusement. Joël se disait qu'elle était toujours flippante quand ça lui arrivait. Finalement, elle revint à elle.

  « Dans trois jours, un Super-criminel va attaquer Paris, avec de l'eau.

— Très bien, ensuite ?

— Une météorite qui va s'écraser dans l'Atlantique et qui va submerger les côtes d'Amérique du Sud dans deux semaines.

— Je prends. Autre chose ?

— Dur à dire. Tout ce que j'ai vu, c'est plein de gens morts sans la moindre raison. Mais ce n'est pas pour tout de suite.

— Ah ouais quand même...c'est quoi, une maladie ?

— Je ne sais pas. C'était très flippant, ces gens n'avaient aucune trace de blessure ou quoi que ce soit...et ils étaient si nombreux ! C'était juste comme si ils avaient juste arrêté de vivre sans la moindre raison...

— Bon je pense m'occuper de ce super-criminel aquatique.

— J'ai déjà vendu l'info pour tout te dire.

— Quoi ? Mais et notre arrangement ?

— Ne sois pas si gourmand bébé, répondit Fiona en embrassant le torse puissant de Kratos. C'est ce mec là avec son nom de chinetoque qui me l'a acheté, et il avait l'air d'y tenir, à affronter CE super criminel là.

— Oh tu parles de Pikachu ?

— Oh t'es méchant ! Arrêtes de l'appeler comme ça... » répondit en riant Cassandre.

 

  Cela n'avait pas échoué. Trois jours plus tard, une alarme s'était faite entendre chez Mike. La radio de la police indiquait un acte terroriste pas loin du Pont des Arts. Ni une ni deux, il appela chacun des membres du groupe, ainsi que Pascal, puis il grimpa sur son van rutilant. Ils avaient désigné un point de ralliement où il passerait les récupérer. Habillés en civils, ils étaient transformés en leurs alter-ego grâce aux capacités de Textil. Pascal les avait aussi rejoint, afin de leur prodiguer des conseils. Il demanda à Mike ce qu'il se passait.

  « J'ai pas les détails, mais visiblement, on a affaire à des terroristes sur le pont des Arts.

— Des terroristes sur le Pont des Arts ? Ils veulent quoi ? Militer pour continuer à foutre des cadenas de l'amour dessus ?

— Peut-être bien ouais...ricana Mike tout en conduisant.

— Mike, tu as bien parlé de terroristes, hein ? Pas de Super-terroristes ? Je ne suis pas sûr qu'ils soient prêts à affronter un gars avec des super-pouvoirs...

— Nous verrons bien. Dans le pire des cas, je suis là, souffla Mike.

— Tu vas vraiment faire « ça » si ça tourne mal ? »

Mike ne lui répondit pas. Il s'arrêta non loin du pont et ayant donné une oreillette à Lumen qui faisait office de coordinatrice du groupe, il leur souhaita bonne chance.

 

  Les Inutiles arrivèrent au niveau du pont et furent surpris de voir que partout autour d'eux, les voitures étaient renversées, et le sol mouillé. Les vitres avaient été fracassées et deux immeubles éventrés. Les voitures et les fourgons de police avaient subi aussi de lourds dégâts. Certains véhicules étaient même en train de flotter péniblement sur la Seine, emportés par les flots.

  « Qu'est ce que c'est que ce foutoir ? Textil en restait bouche bée.

— Bon sang...je crois qu'on a un super-criminel sur les bras, souffla Lumen.

— Tu crois ? Dans ce cas, faites demi-tour ! Pascal pense que vous n'êtes pas prêts, bourdonna la voix de Michael.

— Je t'ai entendu Mike. J'ai bien envie de me frotter à un Super-Vilain pour voir, déclara Tear, ce qui surprit tout le monde.

— Gilles, arrêtes de faire le con, c'est sérieux là ! La voix de Pascal cingla comme un coup de fouet et fit hésiter le groupe qui redoutait de le mettre en rogne.

— J'ai bien envie aussi de voir ce que ça fait d'affronter un type avec du répondant, s'exclama Textil en se frappant la paume de la main droite de son poing gauche.

— Mike, Pascal, ils sont devenus fous. Mais je ne vais pas les abandonner » trancha Lumen.

 

  Sur le pont, entourée de quelques policiers tremblants, se tenait une fine silhouette. C'était celle d'une jeune femme. Elle était fluette, mais devait bien avoir dépassé les vingt-cinq ans, pour ce qu'on pouvait en juger. Ses cheveux étaient courts mais volumineux et teints en bleu. Elle portait aussi un masque azur. Assise tranquillement, elle tendait la main vers un policier dont la tête était enveloppée dans une bulle d'eau. De l'écume sortait de sa bouche alors qu'il lâchait son arme.

  Elle se faisait appeler Ondine. C'était une jeune femme au passé assez trouble. Delphine Perrel avait découvert ses pouvoirs à l'école primaire, à la piscine. Elle pouvait contrôler l'eau qui l'environnait. Elle avait noyé inconsciemment tous ses camarades de classe en provoquant un terrible Tsunami. Bien sûr le choc fut brutal pour une fille si petite. Plus tard, elle apprit qu'elle pouvait interagir avec l'eau présente partout autour d'elle, et elle fit des expériences...très dangereuses. Elle avait prit à l'adolescence un goût malsain pour le meurtre. Ses parents la firent interner, elle s'évada et les défigura en leur projetant au visage par la pensée l'eau des pâtes qui bouillait. Elle découvrit plus tard que ses pouvoirs grandissaient avec elle, au point qu'elle pouvait aussi liquéfier son corps. Elle avait bien essayé d'adopter une vie paisible, voulut même tenter d'avoir une vie de couple, mais son instinct de mort revenait souvent la hanter.

 

  Elle restait là, paisiblement à noyer ce policier, et l'observait alors que les bulles d'air se raréfiaient. Soudain, un truc heurta sa tête, la déconcentrant, et relâchant son étreinte sur le policier. Elle regarda au sol. On lui avait lancé une pomme à la tête. Elle tourna ensuite le regard dans la direction du lancer. Cinq personnes habillées en clowns se tenaient là. Elle leva la main vers eux, mais sa vue se brouilla. Des larmes venaient d'envahir ses yeux.

  « OK ! Les flics, dégagez on se charge de cette fillette, hurla Tear.

— Je vais la gêner ! Cuistot et Arcimboldo, au contact ! Textil tu l'immobilises dès que tu peux » s'écria Lumen.

Ondine voulut voir ce qu'il se passait, mais une lumière rouge frappait son regard, la forçant à garder les paupières baissées. C'était le regard laser de Lumen qui l'empêchait d'ouvrir les yeux. Elle entendit des pas rapides se rapprocher, et instinctivement, elle fit un pas en arrière. Elle se risqua à ouvrir un ½il. Elle vit l'éclat rouge dans les yeux de Lumen et comprit aussitôt qu'elle devait à tout prix éviter tout contact visuel avec elle.

 Arcimboldo et Cuistot s'étaient suffisamment approchés et ils allaient attaquer simultanément, dans un assaut en pince. Les poings d'Arcimboldo virent fleurir des Ananas, les doigts de Cuistot se transformèrent en couteaux aiguisés. Elle parvint à éviter les coups, avec aisance. Après son enchaînement, Arcimboldo fit pousser une banane sur son bras, et la lança à Cuistot qui la coupa en deux au vol et lança les deux moitiés sous chaque pied d'Ondine. Elle glissa et tomba en arrière. Une fois qu'elle fut au sol, Arcimboldo fit pousser deux pastèques énormes sous les paumes de ses mains, tandis que celles de Cuistot se transformèrent en deux énormes marmites de fonte. Elle parvint à éviter les coups qui allaient pleuvoir sur elle, et se releva vivement. Elle tendit les mains vers ses deux adversaires, et se concentra. Soudain, elle ne vit plus que du noir.

 

  Textil avait attendu le bon moment, puis avait fait apparaître une cagoule sombre qu'elle avait fait apparaître à l'envers afin d'obstruer la vue d'Ondine. Tear profita de l'immobilisation de l'ennemie pour courir à toute allure vers elle et lui lança son coup de poing le plus puissant possible.

   « On a réussi ! S'écria Arcimboldo.

— Même avec des super-pouvoirs, une gamine reste une gamine... » cracha Tear en voyant la silhouette cagoulée s'affaler au sol. Mais à sa grande surprise, au moment du choc, elle s'éclaboussa comme si elle avait été faite d'eau. Seule restait sa cagoule, trempée, au milieu d'une flaque.

  « On dirait que vous valez la peine d'être tués, vous tous... » siffla Ondine d'une voix ténébreuse. Elle venait d'apparaître juste derrière Lumen, qui transpirait. Ondine fit voler les gouttes de transpiration de son adversaire et les envoya à toute vitesse vers Cuistot et Arcimboldo. Cuistot se fit un bouclier avec ses marmites, tandis qu'Arcimboldo fit pousser de très nombreuses grappes de raisin. Malgré leurs boucliers, ils furent éjectés au sol, comme s'ils avaient été frappés par des balles. Tear utilisa son pouvoir afin de faire pleurer Ondine. Mais celle-ci sourit.

  « Alors c'est ton pouvoir...je me disais bien que j'étais trop insensible pour pleurer. En revanche, tu n'as pas compris que je manipulais l'eau ?

— Tear ! Arrête ! » s'écria Textil.

Ondine fit de ses larmes deux longues aiguilles qui flottaient devant ses yeux. Puis d'un geste nonchalant de la main, elle les expulsa vers Tear, qui les reçut de plein fouet sur le torse. Les réflexes de Textil étaient aiguisés. Elle avait fait apparaître un gilet pare-balle qui protégea Gilles. Il tenta de se relever, sonné par le choc.

 

  « J'ai assez joué avec vous. Maintenant, je vais tous vous massacrer. » déclara simplement Ondine. Sous les yeux des inutiles, ils virent la Seine s'agiter. Une colonne d'eau semblait onduler derrière elle comme un serpent, grattant le ciel gris. La panique s'empara des policiers et des badauds qui s'étaient rassemblés là pour voir le combat.

  « Lumen, c'est toi notre cerveau ! On fait quoi là ? demanda Arcimboldo.

— Je...je ne sais pas » finit par admettre, après un long silence, Gaëlle, horrifiée par la vue de la colonne aquatique qui les menaçait.

 

« Kuwabara, Kuwabara... »

  Une voix semblant sortir de nulle part résonna dans les airs, retenant l'attention de chacun. Un éclair frappa. Le tonnerre suivit. Tear regarda le ciel étonné. « La météo n'a pas prévu d'orage ! »

  « Kuwabara, kuwabara... » la voix apparut de nouveau. Ondine dessina sur son visage un sourire malsain. Le temps sembla se suspendre, alors qu'un nouvel éclair frappa, s'écrasant cette fois-ci sur le pont. Éblouis, tous ceux qui étaient présents sur les lieux durent fermer les yeux.

  Quand Lumen les rouvrit, elle vit une silhouette apparaître face à Ondine. C'était un homme assez grand. Il portait un masque rouge stylisé qui formait un visage avec des dents pointues, de longs cheveux blancs étaient greffés au sommet. Sa tenue en latex était rouge et recouvrait tout son corps. Il portait dessus un fin gilet gris sur les épaules ainsi qu'une large ceinture de toile de la même couleur qui recouvrait ses hanches. Sur ses épaules musclées était greffé un symbole japonais, un cercle dans lequel trois magatama semblaient tourner.

L'inconnu regarda longuement Ondine, puis sans se retourner, il prit la parole à l'adresse des Inutiles.

 

  « Vous portez bien mal votre nom, ceux de la Ligue des Inutiles. Vous m'avez été d'un grand secours. Je suis heureux que vous ayez pu la retenir jusqu'à mon arrivée. Mais je crains qu'elle ne soit trop puissante pour vous. Je suis Raijin, et je vais vous aider à la vaincre. »