Silent Hill : Shattered Memories
n'est pas qu'un énième épisode de la saga horrifique. Si sa sortie se
fait plutôt discrètement et accompagnée de bonnes critiques, à Console
Syndrome on serait presque tenté de dire que plus qu'une évolution,
c'est une révolution.

Le chapeau de l'article étant fait, on
va laisser tomber les expressions et les phrases tapageuses, car c'est
bon, j'ai réussi, vous êtes en train de lire l'article. Néanmoins,
j'étais sincère. Ce Silent Hill marque un vrai point d'orgue dans
l'industrie du jeu vidéo, car sans crier gare (GARE ! bon c'est un peu
naze par écrit, mais essayez en vrai c'est pas mal), il vient de faire
franchir une étape vers une certaine maturité au media. On ne va pas
parler d'Art ni de vocabulaire (car oui le JV n'a pas de vocabulaire et
c'est une preuve de sa juvénilité) mais plutôt du statut que le jeu
vidéo avait, a et aura.

Silent Hill : Shattered Memories
est un remake, mais pas n'importe quel remake : c'est une relecture. Ça
n'a l'air de rien comme ça, mais le simple fait qu'une équipe de
développement (ou d'auteurs) décide de prendre une base connue pour en
faire un "tout" complètement nouveau est clairement un pas en avant vers une maturité du jeu vidéo. En autorisant sa relecture, le jeu vidéo, à
travers des titres qui se prêtent à l'exercice, outrepasse sa condition
de simple produit.

En effet, quand on parle de remake, on
peut en distinguer deux sortes. Le premier est le remake dit « pomme C - pomme V » (ou « copier-coller » pour les non bobo comme moi) qui
consiste juste à prendre un jeu déjà sorti puis à le recommercialiser
sur une plate-forme plus récente que l'originale. Exemples : Mario 64
(N64 puis DS), Chrono Trigger (Super Nes puis DS) et Shining Force
(Megadrive puis GBA) sont tous des remakes de cet ordre là. On les
appelle aussi portage. La seconde classe est le remake retravaillé ou
réajusté graphiquement. Comme son nom l'indique, un remake est un jeu
refait, mais pour cette deuxième catégorie les développeurs ont pris la
peine de mettre les jeux au goût du jour. Final Fantasy III et IV,
DraQue V, Castlevania Rondo of Blood, etc. (je pourrais en citer
pléthore) sont des remakes de ce tonneau. Ils apportent tous le plaisir
de (re)jouer à des vieux jeux avec un apport graphique contemporain.
Ainsi, la volonté qu'ont eux les éditeurs de ces deux classes de remake
n'est que commerciale. En résumer : rentabiliser une vieille franchise.
Je ne dénigre pas la création de base, mais le remake en lui-même n'est
plus une œuvre, il n'est qu'un produit (voir un vecteur) visant à
(re)faire vivre un vieux jeu.

Par contre, la dernière et toute récente catégorie baptisée par Silent Hill : Shattered Memories est
complètement différente. Avec la relecture, le jeu vidéo atteint le
niveau de sujet d'étude. Un titre est ainsi malléable et réutilisable
par un autre auteur que son géniteur. Ici, le statut du jeu vidéo est
transcendé, ce "nouveau" remake devient sujet d'étude et une œuvre par
la même occasion. Le studio Climax a ici utilisé une propriété
intellectuelle, quelques personnages, la base d'un scénario (mais
vraiment quelques bribes) et a donné sa vision personnelle de ce que
serait Silent Hill (je vous renvois vers le test bien plus complet de CouCou). Un simple portage n'aurait adapté que le jeu PS1 sur nos consoles current gen. Chose qui aurait été
plaisante, mais sans aucun fond artistique. Là, on a une vraie vision
alternative avec un message et des émotions complètement différentes de
l'original. Le jeu qui aurait pu être un simple produit devient une
œuvre qui en plus ne dessert pas la saga originale, mais la transcende.

Med

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