Tous ceux parmi vous qui s'intéressent de près ou de loin à la presse papier jeu vidéo ont certainement déjà appris la nouvelle : le magazine Joypad cesse toutes activités et son dernier numéro, le 222, sortira la semaine prochaine. Entre crise de la presse, affect personnel et haines diverses, on peut dire que cette annonce provoque de nombreuses réactions.

Qu'on soit ravis ou désœuvrés, il faut tout de même remettre les choses dans leur contexte : Joypad aurait du fêter ses 20 ans en octobre prochain et il fait partie de ces mags cultes de l'âge d'or de la presse jeu vidéo console française, aux côtés de Player One et Consoles +. Il est en tout pour de nombreuses personnes de ma génération l'un de ces canards qu'on adorait, qui ont stimulé chez nous la passion du jeu vidéo et qui en n'ont conduit certains (moi le premier) à vouloir absolument travailler dans ce milieu. Je nous revois encore Med et moi, partir à 9h du matin en vélo au magasin du coin, pour aller dénicher notre précieux sésame. Et s'il n'était pas encore arrivé, rendez-vous le matin suivant. Pensez-vous, c'était à l'époque le seul moyen d'obtenir des infos sur le monde du jeu vidéo. Alors certes, nous ne découvrions les annonces de l'E3 que deux mois après la fin du salon, mais qu'importe : l'heure n'était pas encore à l'ivresse de news. Pour être clair : qu'on aime ou pas, Joypad est (était) clairement un magazine emblématique de notre passion et d'une époque.

Pour poursuivre cet article, je pourrais bien entendu citer la reprise du magazine par le groupe Future Press (aujourd'hui Yellow Media) et les changements qui ont suivi (une partie de l'équipe d'alors a quitté le groupe pour fonder le magazine Gaming, avec la malchance que l'on sait, avant de se retrouver en partie sur Gameblog.fr). Qui dit changement d'équipe dit changement de ton et la presse d'alors, prompte à mettre abondamment en avant son équipe de journalistes et les personnalités associées, a vu débarquer de nouvelles têtes et une nouvelle façon d'envisager le traitement de l'actualité. Si pour certains, cela a marqué la fin de leur idylle avec le canard, n'oublions pas que d'autres s'y sont retrouvés.

On pourrait enfin déblatérer sur la crise du secteur de la presse JV. Yellow Media a-t-il sa part de responsabilité pour avoir racheté de nombreuses licences existantes, en plus de Joypad (Consoles +, Joystick, les officiels, pour les faire rejoindre les Consoles Max et autres Jeux Vidéo Magazine) ? Peut-être. L'arrivé du web et de son info en temps réel est-elle la première à blâmer ? Certainement. Mais au-delà de ces réalités économiques, il faut surtout constater que c'est l'époque qui a changé. Ne comptez pas sur moi pour vous ressortir le refrain du « c'était mieux avant » (essayez de ressortir un Pad, un C+ ou un Player de l'époque aujourd'hui et vous verrez comment les gens gueuleraient), ce n'était tout simplement pas la même chose. Même je me retrouve assez nostalgique de cette grande époque de la presse JV (n'oublions pas de citer le groupe FJM et sa pléthore de titres, connaissant presque autant d'adulateurs que de détracteurs), il faut se faire une raison. Les choses évoluent partout autour de nous. Pourquoi pas dans le jeu vidéo ? Et soyons honnêtes : a-t-on jamais eu autant de choses intéressantes à lire sur notre sujet de prédilection qu'aujourd'hui, que ce soit sur le net, dans des bouquins ou sur des blogs ?

Joypad a eu le malheur d'expérimenter cette période de transition. Peut-être trop resté sur les acquis d'une presse qui n'a su évoluer face à l'arrivée d'internet, peut-être trop « tristounet » pour ceux qui aimaient les délires d'un JM Destroy ou peut-être tout simplement témoin impuissant de ce passage d'une ère vers une autre. Joypad n'était certainement pas parfait (qui peut prétendre l'être ?), mais il a au moins eu le mérite de tenter, d'essayer de nouvelles choses, de déplacer un peu le débat. Alors plutôt que de s'apitoyer sur les disparus, plébiscitons ceux que l'on aime et qui existent encore aujourd'hui, afin de leur éviter ce triste sort.

Que reste-il de nos 15 ans ? Plus grand chose. Mais la passion que ces magazines ont su nous insuffler, à nous de la mettre à profit pour monter nos propres projets et devenir les Joypad de la génération future.

Merci à vous les mecs...

 

CouCou