Un titre bien fumeux pour en réalité faire allusion à quelque chose de très simple. Quand je parle de support, je fais évidemment référence à nos consoles, et non à votre canapé ou chaise de bureau pour ceux qui roulent sur PC (même si je pense qu'un article intéressant pourrait être réalisé sur le sujet). Est-ce que le fait de jouer sur une console de salon change notre appréciation du jeu, face à une expérience similaire sur une machine portable ? Prenons un exemple, est-ce que jouer à un RPG sur DS va modifier nos attentes, notre tolérance ou notre jugement globale face à un jeu de rôle sur PS3 ?

C'est en parcourant Golden Sun : Obscure Aurore que m'est apparue (tel le hibou) cette réflexion. Suite d'un diptyque sur GBA, ce nouveau chapitre reprend absolument tout ce qui a su faire le succès des anciens volets. Le système de combat au tour par tour est simple mais ingénieux et s'articule autour de petits Djinn à dénicher, débloquant par la même occasion autant d'invocations dévastatrices. Sans surprise le jeu est rythmé entre des phases de donjon jonchées d'énigmes à résoudre grâce aux pouvoirs des Djinns, et des séquences dans des villages où chaque PNJ à quelque chose d'inintéressant à vous raconter. Ce Golden Sun est un vrai cliché façon sépia qui cristallise toutes les routines de jeu de notre adolescence. En gros, un titre qui fait chaud au cœur et qui brosse le joueur trentenaire dans le sens du poil.

Même si Golden Sun : Obscur Aurore est pour moi une réussite, il s'avère être criblé de défauts. Et étrangement, ce sont ces lacunes qui sont appréciées : un scénario et des dialogues classiques (chiants ?), un système de combat un brin suranné et des graphismes mignons tout plein. Une liste qui évoque évidemment la nostalgie. Mais revenons à notre sujet, pourquoi le nouveau Golden Sun sur DS recueille t-il autant d'éloges, alors qu'un titre comme Lost Odyssey a défrayé la chronique à cause de ses rouages trop vieillots ? Mais imaginons que le nouveau Golden Sun ait été développé sur next-gen, avec les mêmes aspirations et le même game design. Aurait-il reçu le même accueil ? Peu probable. Et à l'image de Fire Emblem Radiant Dawn sur Wii (aussi successeur d'une série GBA), la presse l'aurait sans aucun doute taxée de « bon mais désuet ». Est-ce normal ? En quoi les capacités d'une console refréneraient l'inventivité ? Alors pourquoi crier au génie quand une vulgaire suite sort sur DS et dans un même élan critiquer un jeu du même acabit pour son classicisme quand il tourne sur console de salon ?

C'est évident, la machine sur laquelle on joue conditionne forcement notre opinion, et c'est bien là le problème. Pourquoi devrions nous être plus tolérant envers les productions sur consoles portables (nous avions déjà abordéune problématique proche lors de la sortie de la Wii sur ce paradoxe de la console portable) ? Les restrictions techniques de ces plates-formes orientent d'emblée nos exigences, c'est un fait. Mais on ne juge pas un titre qu'à son aspect graphique. L'indulgence que nous avons envers ces jeux n'est  donc en rien fondée. Les développeurs ont compris que stimuler la corde nostalgique fonctionne (pour preuve le nombre de remakes sorti ces derniers mois). Avec le temps, nous avons été clairement floués, car de toute évidence, rien n'empêche de faire un RPG novateur sur portable. The World Ends With You en est la preuve : c'est un chef d'œuvre d'ingéniosité qui trouve pourtant refuge sur DS ! Même si j'ai adoré Golden Sun : Obscur Aurore, je n'aurais pas craché sur un nouveau système de combat ou même quelques nouveautés concernant l'utilisation des invocations. Et j'insiste, le côté sympathique et touchant de ce cachet « à l'ancienne » ne suffit pas à convaincre. Les consoles portables sont l'apanage des jeux old school simplement car les développeurs se reposent sur leurs lauriers bien touffus.

Cet état de fait, qui va jusqu'à conditionner nos attentes (il est "normal" que les jeux nomades adoptent un gameplay archaïque), représente un constat complètement contradictoire avec les réalités du marché. Ainsi, on se retrouve avec des jeux DS ou PSP basiques, sans audace ni hardiesse en ce qui concerne des genres de jeu déjà balisé - comme le RPG -, alors que s'il y a bien des plates-formes prompt à accueillir des ovnis, ce sont ces mêmes consoles portables ! Les développements coûtent moins chers, rendant ainsi la prise de risque moindre face aux chantiers titanesque que représente les productions HD (qui a dit FF XIII ?).

Notre perception des jeux est donc bien faussée en fonction que l'on joue sur nomade ou console de salon. Bizarrement, on développe une tolérance accrue sur DS et PSP, et cela sous couvert de la nostalgie et de la limitation technique des machines. En plus je taxe les développeurs de feignant, j'y vais fort, mais malheureusement les charts leur donne raison et les encourage à continuer à tirer au flanc. Les créatifs dernières les développements de jeux nomades doivent certainement bouillonner d'idées, mais face aux fours commerciaux de titres audacieux comme Infinite Space, il est certains que ces derniers rangent rapidement leurs beaux idéaux en faveurs des jeux qui se vendent : des remakes ou des suites.

Par Med