Amorcée en 2010, la mode des remake HD risque de devenir LA tendance de 2011. Ce phénomène est encore un peu jeune, mais a su compter sur l'enthousiasme des joueurs pour devenir rapidement très populaire. Examinons un peu ça.

Même s'il est toujours casse-gueule d'attribuer la paternité d'une tendance à un tel ou un autre, on peut dire sans trop se tromper que c'est Sony qui a senti le coup venir : les remakes HD plaisent énormément. Précédé par de nombreuses expériences de ce genre sur PSN ou XBLA, le constructeur japonais a pris le taureau par les cornes en ressortant ses grosses licences pour en faire des remakes HD, disponible dans le commerce en version boîte. God of War a ouvert le bal, Sly Racoon a suivi et tous deux devraient très bientôt être rejoint par la ICO Team Collection, reprenant ICO et Shadow of the Colossus. D'autres éditeurs se sont aussitôt engouffrés dans la brèche et Ubisoft semble déjà sur les rangs : Prince of Persia Trilogy sorti, les regards se tournent maintenant vers un potentiel Splinter Cell Collection. Enfin, terminons avec Eidos, qui a annoncé son Tomb Raider Trilogy, comprenant le remake (déjà !) du tout premier opus, accompagné de Legend et Underworld). Comment expliquer cet engouement pour des projets qui paraissent avant tout comme un bon moyen pour un éditeur de renflouer son tiroir-caisse ?

Le premier intérêt de ces remakes est évidemment de pouvoir retrouver ses titres préférés de manière aisée. Ceux qui ont loupé ICO ou Shadow of the Colossus a leur sortie ont du se réjouir (et le mot est faible) d'entendre parler d'une telle collection. Les tarifs de ces deux titres peuvent en effet atteindre des sommets non négligeables et leur rareté en fait des pièces de choix dans une collection. Au-delà de cette constatation, il faut aussi signaler que l'arrivée des consoles dites next-gen (PS3 et Xbox 360) a marqué le coup d'envoi du tout « haute définition ». Les foyers se sont équipés en télé HD et il devient difficile de ressortir sa PS2 ou Xbox pour rejouer à des jeux flous et baveux sur son équipement de bourgeois. Les remakes HD répondent donc avant tout à des impératifs simples et très terre-à-terre.

Le second atout majeur de ces remakes HD réside dans leur capacité à répondre aux nouveaux mode de consommation des joueurs. Aujourd'hui, on « bouffe » plus ses titres qu'on ne les apprécie (enfin, pour beaucoup de joueurs) et il n'est pas rare d'oublier totalement le contenu d'un jeu quelques mois après l'avoir fait (la mémoire tampon du cerveau ayant été ré-imprimé par d'autres expériences). Avoir envie de rejouer à un titre vieux de 3 ou 4 ans n'est plus anodin et si la nostalgie évoque surtout le poids des ans, une nouvelle forme de madeleine de Proust vidéoludique est en train d'émerger. Autre paramètre à ne pas négliger : les sorties de softs de qualité s'enchainent sans discontinuer. Il devient donc difficile pour un joueur « moyen » d'essayer tous les titres, et surtout de les acheter. Pouvoir récupérer l'ensemble de la trilogie Prince of Persia (oui, car on a banni les Sables Oubliés à CS) d'un seul coup, et pour un prix modique, ça a tout de la bonne affaire.

Enfin n'oublions pas que ces remakes HD sont l'opportunité pour un éditeur de combler son catalogue de sortie, en amplifiant un buzz (God of War collection comme mise en bouche pour GoW III) ou en ouvrant son produit à une autre clientèle (les Sly Racoon visent certainement une audience plus jeune que la majorité des possesseurs de PS3). Et si ces titres peuvent intégrer les nouveaux « plus-produit » de sa bécane (trophées, compatibilité Move, 3D), pourquoi se gêner ?

Arrivant avec leurs grands sabots marqués du sceau du capitalisme, les remakes HD ont pourtant su merveilleusement répondre à de nombreuses problématiques du joueur d'aujourd'hui, pour devenir une tendance incontournable du marché. Et le pire, c'est qu'on en redemande.

CouCou