La critique de jeux vidéo évolue. Avec le temps, le pointage mécanique des spécificités constituant un titre s'est transformé. De plus en plus, le terme "test" se voit supplanter par celui de "critique". Mais quelle est le rapport avec la 3DS ? Et bien, cette console va changer notre façon d'attendre un jeu et donc d'aborder une critique. La facteur 3D est, avec cette machine, le point d'orgue de toute une stratégie. C'est selon la faculté des éditeurs à utiliser cette 3D que la sauce va prendre et intéresser les joueurs. Car c'est sur ce critère qu'ils vont faire leur choix. En effet, quel est l'intérêt d'acheter une machine à 250 euros pour des jeux, aussi bons soient-ils, n'exploitant pas, ou mal, la 3D. Partant de ce constat, les journalistes qui ont pour devoir d'informer, vont systématiquement faire le point sur l'efficience de la 3D, car c'est précisément sur ça que le lecteur va vouloir se renseigner. La critique serait-elle donc en train de rebasculer vers le test, ou une analyse systématique de points techniques très précis conditionnent le ressenti du lecteur ? Un jeu 3DS peut-il être excellent sans pour autant utiliser la 3D ? La 3DS va aussi avoir un impact sur les développements de jeux. En effet, et d'après les titres que nous avons pu essayer, il est clair qu'un nombre important d'entre eux ne sont que des portages de franchises ou de titres déjà existants. Afin de leur trouver une légitimité sur la nouvelle nomade de Nintendo, les développeurs ont implanté des features capables de mettre en valeur la 3D, comme plus-value, de la console. Problème, ces modes de jeux spécifiques sont loin d'être convainquant au niveau du gameplay. La technologie est bien mise en valeur, Nintendo est aux anges, mais cela est fait au détriment du jeu, de la maniabilité et au final du plaisir : Super Street Fighter IV ou PES (et leur nouvelle caméra rapprochée) en sont les parfaits exemples.

Le second soucis, c'est que si la DS et la Wii ont fait preuve d'audace dans leur conception, on ne peut pas dire qu'il en soit ainsi pour la 3DS. En axant la communication et le nom de sa machine sur ce seul aspect 3D, la 3DS prend le risque de s'aliéner une audience qui sera vraisemblablement moins tolérante qu'auparavant. Car si la DS et la Wii ne sont pas parfaites, elles ont au moins le mérite d'avoir fait bouger les choses. Avec la 3DS, Nintendo ré-exploite une forme qui a fait ses preuves (la DS donc) en l'agrémentant de cet artifice 3D. Parce que l'ajout d'un deuxième écran, dont un tactile et d'une Wiimote entraine une évolution des contrôles et donc du gameplay. Pour le moment, la 3D sert principalement de gimmick sympa, qui, au mieux améliore l'immersion, et au pire, ne sert pas à grand chose. Aux développeurs de désamorcer ce scepticisme et de produire des titres prenant en compte intelligemment cette nouvelle possibilité. Le soucis reste que Nintendo encourage la sortie de softs qui peuvent aussi bien se jouer en 2D qu'en 3D. A quoi bon tout ce ramdam alors ?

La DS et son tactile, la Wii et sa Wiimote. Toutes deux ont soulevé des problématiques bien compréhensibles  à leur sortie. Pourtant , les gamers et les critiques ne se sont pas focalisé sur ces seuls aspects. On passe sans problème sur un jeu qui n'exploite ni le tactile, ni la Wiimote. Les développeurs le savent et du coup ne créent plus forcément en conséquence. Mais avec la 3DS, Nintendo focalise l'attention sur un plus-produit, exclu de la chaine de valeur conditionnant le gameplay. Est-ce un pari judicieux ?

Par Med