Vous commencez à nous connaître, à CS
nous avons nos petits sujets fétiches. Pardon, mais les lubies, ça se
contrôle pas. Aux côtés des articles réac, il faut dire qu'on apprécie
particulièrement deviser sur la maturité du média et de la presse
spécialisée. Aujourd'hui c'est cadeau, ce sera deux pour le prix d'un.
Non pas pour radoter, mais pour apporter un peu d'eau au moulin que nous nous efforçons de faire tourner.

Le constat est simple et visible
quotidiennement devant nos yeux. Aucun magazine ou site Internet
spécialisé ne possède de ligne éditoriale se basant sur des critères de
genre (ce qui ne veut pas dire qu'il n'ont pas de lignes édit, soyons
clair). Précisons que ce bilan est effectif pour les magazines nationaux et les cinq sites tauliers en France et ne considère donc pas les
fanzines et blogs amateurs. En effet, aucun de ces vecteurs
d'information ne traitent l'actualité du jeu vidéo à travers un seul et
unique genre. Prenons la presse cinéma pour illustrer et comparer ces
propos. Dans le monde de la presse du Septième Art, il existe des
magazines sur le cinéma d'horreur, de genre, d'action, grand public,
etc. Aucun de ces magazines ne visent l'exhaustivité et même Ciné Live ou Première n'ont pas pour ambition de critiquer tous les films à l'affiche. Ils
basent leurs sélections sur une ligne éditoriale qui cible un public
précis (Mad Movies : horreur, Impact : Action, L'Ecran Fantastique : fantastique, Positif : cinéma de genre). Un public friand d'un genre en particulier et non
"fan de cinéma" en général (je caricature). Pour le jeu vidéo par
contre, aucun site ou magazine influent ne proposent un traitement de
l'actualité ciblée par genre. Globalement, ils sont tous d'accord sur le fait de ne tester que les jeux qui en valent la peine, mais c'est plus
l'ambiance de la rédaction et le contenu des rubriques qui va faire la
différence. Seul Jeuxvideo.com se risque à l'exhaustivité, sans pour autant entrer dans le fond des sujets traités, mais cela est totalement assumé.

 

L'explication évidente serait le risque
trop important, avec ce genre d'entreprise, de ne pas être fructueux. Il est très complexe de rentrer dans ses frais quand on réalise un site ou mag spécialisé dans le jeu vidéo, alors espérer générer de l'argent
avec un titre encore plus "niche" est carrément suicidaire. Donc, ok
pour la justification pécuniaire. Mais tentons d'aller plus loin. Nous
parlions au début de l'article de maturité du média. Est-ce que ce
traitement de l'actualité n'est pas encore un signe de la juvénilité du
jeu vidéo ? Dans la presse papier jeu vidéo, la ligne éditoriale est
déterminée, non pas par genre, comme nous venons de le voir, mais par la classe d'âge. On peut trouver du Kid Paddle pour les enfants, du Consoles + pour les ados et du Joypad pour les adultes. En ce qui concerne les sites web, c'est un peu
différent, c'est le type de joueur qui illustre la cible. Ainsi, Gamekult s'adressera plus aux core gamer, Gameblog et Jeuxvideo.fr cherchent une formule plus universelle, alors que Jeuxactu et Jeuxvideo.com sont orientés grand public. C'est dans cette distinction du lectorat
que la discordance s'opère entre le cinéma et le jeu vidéo. Mais ceci a
évidemment une explication. Le cinéma est à présent entré dans les
mœurs, tout le monde s'accorde à dire que c'est de « l'art » (ou du
moins pas une activité de dégénérés ou de mioches) et de ce fait, ce
media est pour tous, sans aucunes distinction (ni âge, ni type). Le
constat est le même pour la musique, il existe des magazines et des
sites rock, jazz, classique, mais pas réellement de mag sur "LA  Musique ». Des hebdomadaires ou mensuels culturels tels que les Inrock, Telerama ou Chronic'art survolent les différents média (dont le jeu vidéo), mais eux, basent
plus leur ligne éditoriale sur un courant de pensée : tu aimes les Inrock, donc tu aimes les artistes qui sont chroniqués dans l'hebdo, mais là, c'est un autre débat.

 Ce constat dessinerait-il une ébauche de ce que va devenir l'information du jeu vidéo ? Certains sites Internet comme No Frag ou le blog Bas-Gros-Point sortent du lot en se spécialisant dans un genre particulier
(respectivement le FPS et les jeux de combat). En ce qui concerne le
papier, c'est un peu plus complexe. Depuis plusieurs années, le jeu de
rôle parvient à retenir l'attention de suffisamment de lecteurs pour
être plus ou moins pérenne. Mais le bilan reste inchangé, les canards
spécialisés dans le genre : Role Playing Game ou (feu) RPG, ne peuvent s'empêcher de tester des jeux qui n'ont absolument rien à
voir avec leur ligne éditoriale. Certains ont déjà tentés de sortir des
clous en axant leur magazine sur des sujets très très spécifiques, on
pense à Background, Living Action Game, Hard Core Gamer, ou Game Developement, mais tous ces titres ont connu le même dessein funeste.

 

Que dire au final ? La
problématique est simple : pourquoi notre presse spécialisée suit-elle
une tendance particulière ? Comme nous l'avons vu, les raisons sont
multiples : le média est jeune et il existe une prise de risque trop
importante pour les rédactions voulant une spécialisation par genre de
jeu, car peu (ou pas) rentable. On pourrait aussi supposer que l'offre
du marché jeu vidéo n'est pas assez grande pour pouvoir ce concentrer
sur un style de jeu, mais franchement j'en doute. Enfin, la dernière
hypothèse serait de dire que le médium jeu vidéo est à part et ne suivra pas forcement le sillon déjà creusé par la presse du Septième Art.
Comparer sans cesse l'évolution du cinéma et du jeu vidéo est peut-être
une erreur. La presse littéraire, par exemple, compte nombre de
magazines traitant du genre en général, et non de certains type de
livres. Le jeu vidéo serait donc un loisir pouvant tout à fait
s'apprécier dans sa globalité (ce qui est évident) et surtout être
traité dans sa globalité (ce qu'il l'est moins).

Par Med

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