Les éditions Pix'n Love ne cessent de nous gâter, en témoignent la biographie de Takahashi Meijin en juin et celle de Gunpei Yokoi il y a à peine quelques jours. Pourtant aujourd'hui, car il n'est jamais trop tard, c'est le fameux Des Pixels à Hollywood, sorti en avril dernier, qui a droit au premier plan.

Les
parutions s'enchaînent et sont de qualité, toutefois le temps manque
parfois pour satisfaire nos yeux avides d'anecdotes et d'analyses. Ainsi c'est avec quelques mois de retard que le livre d'Alexis Blanchet
trouve sa place sur Console Syndrome. Prenons un instant pour présenter son auteur : docteur en Études cinématographiques de l'Université
Paris Ouest Nanterre La Défense, Alexis Blanchet est un personnage
éminemment sympathique et ouvert à la discussion via différentes
conférences ou sur son blog. Passionné et surtout passionnant, Des Pixels à Hollywood propose une
refonte des travaux fournis pour sa thèse de doctorat, l'occasion de
revenir sur quarante ans de rapports entre le cinéma et les jeux vidéo, voguant entre l'amour et la haine.

Il faut l'avouer, quand on évoque les connexions entre cinéma et jeux vidéo,
on a rapidement tendance à voir apparaître des images peu glorieuses
d'adaptations aussi ratées les unes que les autres. Du haut de ses 450
pages (!), le bouquin va beaucoup plus loin que tout cela, soutenu par
une base de données conséquente, regroupant plus de 500 films, parents
d'une masse enchérie de plusieurs milliers de transpositions
vidéoludiques. L'aventure démarre au début des années 70 et décrit les
liens fluctuants des deux entités jusqu'à notre décennie. Adoptant un
ton clair et précis, un brin académique dans le bon sens du terme,
Alexis Blanchet nous conte une histoire pleine de mouvements et de
va-et-vient. Des gros carrés monochromes retranscrivant la terreur de
Jaws (Les Dents de la Mer) jusqu'à la collaboration technique entre les studios de développement pour une conception simultanée du film et de
son pendant ludique, la route est longue et semée de surprises. Fait
amusant relevé : les films s'inspirant de jeux qui ne peuvent
s'empêcher d'en donner une image, si ce n'est négative, au moins
réductrice. Parmi les descriptions des situations en place, le récit se ponctue d'exemples parlants et d'observations émérites.


Que demander de plus ? Il est difficile de prendre en défaut Des Pixels à Hollywood qui s'avère exhaustif, intéressant (cela va sans dire) et
richement documenté. Pour les gamers de longue date, les éclairages sur d'anciens titres sont particulièrement attrayants. Les éléments qui
nous faisaient rêver il y a vingt ans sont replacés dans un contexte
explicite, qui nous échappait fatalement à l'époque. L'occasion de
remettre en perspective toute leur évolution ! Que les amateurs peu
éclairés se rassurent, le livre est accessible et vous donnera
certainement envie de découvrir par vous-mêmes les nombreux jeux /
films cités.

Pour
parachever le tout, la forme rejoint le fond, grâce à une superbe
couverture de Jinjo CokteZ. D'une excellente pertinence, des classiques hollywoodiens sont envahis par leurs équivalents numériques,
représentés dans un style rétro totalement réjouissant. Si les
illustrations d'intérieur sont en noir et blanc, le texte est
privilégié et c'est le principal. Disponible pour seulement 15 euros,
inutile de vous refuser le périple. Les éditions Pix'n Love ne
déçoivent pas, comme à leur habitude et Des Pixels à Hollywood s'avère, sans étonnement, hautement recommandable.

Par Mololo

www.consolesyndrome.com