Dans mon dernier billet sur Crimson Shroud je vantais les mérites d'une nouvelle école du J-RPG surfant entre classicisme et renouveau. La compagnie japonaise Atlus est peut-être le fer de lance de cette tendance. Tour à tour éditeur, développeur ou distributeur, Atlus nous livre depuis près de 25 ans des chefs d'oeuvres taillés dans l'étoffe des jeux de légende. Et, pour filer la métaphore, il faut avouer que la firme Tokyoïte n'a pas lésiné sur la quantité d'étoffe utilisée pour confectionner le jeu dont nous allons parler aujourd'hui-Persona 4 Golden.

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Avant toutes choses, je vous encourage à cliquer sur le bouton "play" ci-dessus et à continuer la lecture de ce billet sur fond de j-pop acidulée. Je reviendrai dessus, mais l'O.S.T. de Persona 4 est sans conteste un des éléments qui font de ce jeu un monument du J-RPG.

La voix mélodieuse de Shihoko Hirata devrait entamer les premiers couplets de "Pursuing my True Self," nous pouvons commencer. Tout d'abord il me semble important de souligner que Persona 4 est une expérience complète. Que ce soit au niveau des graphismes, de la musique ou encore du scénario, le bébé d'Atlus délivre dans tous les domaines. La partie visuelle déjà, confié au talentueux Shigenori Soejima, également directeur artistique de Persona 3 et Catherine, donne une identité au jeu résolument moderne. Certains joueurs semblent se plaindre de la dominante de jaune utilisée dans les menus. Et pourtant c'est bien ce qui donne à Persona 4 un style si unique. Tout comme le chara-design qui, bien que conventionnel, colle parfaitement à l'univers du jeu.

La partie musicale est à la hauteur des graphismes. Bien qu'acidulé et convenu l'OST fait mouche. N'étant pas très branché j-pop, voir pas du tout, j'ai été très étonné lorsqu'un beau matin de 2009 j'ai décidé d'embarquer le CD de la bande originale dans ma voiture. 4 ans plus tard le CD est toujours dans mon autoradio et rend ma famille dingue. "We are living our lives, abound with so much information tum tum tu tum tum chack" hmmm, pardon...

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Bon, jolis graphismes, bonne bande-son, mais le scénario dans tout ça ? Encore une fois Atlus délivre. S'il faut lui reconnaître un léger manque de rythme, comment pourrait-il en être autrement dans un jeu qui coure sur plus de 60 heures en ligne droite, Persona 4 est un jeu qui m'a captivé au point de le finir deux fois tout en m'enfilant les 26 épisodes de la série animée entre-temps. A mi-chemin entre RPG et visual novel, le titre d'Atlus insiste tout particulièrement sur les relations entre le protagoniste et son entourage. Difficile de ne pas souffrir d'empathie lorsque le héros débarque en rase campagne. Il pleut. Il fait froid. L'oncle qui vous accueille pour un an n'a pas l'air d'être un grand rigolo. Votre prof principal, surnommé très justement par ses élèves King Moron, est un abruti. Et, pour couronner le tout, une série de meurtres mystérieux vient plomber le tableau. Welcome to Inaba !

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Tout se complique un peu plus encore lorsque vous êtes projeté bon gré mal gré dans un monde parallèle ou règne nombre de monstres répondant au nom de "shadows". C'est cette distinction entre univers parallèle et monde réelle qui sert de cadre à la dichotomie de gameplay si chère à la série. Si la journée vos interactions avec votre entourage se déroule sur fond de visual novel, c'est une fois dans le monde digitale de la Midnight Channel que le gros du gameplay se révèle. Utilisant un système de combats au tour par tour Persona 4 Golden se distingue principalement par la maturité de ses mécaniques. Stratégique tout en étant accessible le coeur du jeu est suffisamment flexible pour sustenter un large public de joueurs. Alors que certains passeront des heures à fusionner leurs personas pour en faire des machines de guerre invincibles, d'autres se contenteront du strict minimum pour boucler leur enquête à Inaba au plus vite.

Si le scénario, pourtant bien ficelé, ne justifie pas à lui seul le culte voué au jeu d'Atlus la maturité des thèmes abordés propulse directement Persona 4 au panthéon des jeux vidéo au coté des plus grands. Le plus intéressant étant peut-être le concept d'ombre qui accompagne la révélation des personas des compagnons du héros. Le postulat est simple, chaque être humain cache une sorte de monstre, un double négatif constitué de valeurs morales rejeté par la conscience de son hôte. Ce rejet peut être d'ordre sexuel, affectif ou moral. Par ce simple outil scénaristique les auteurs de Persona 4 détruisent le carcan manichéen qui enferme souvent le jeu de rôle. Dans ce monde constitué de nuances de gris il revient au héros et ses compagnons d'accepter la noirceur de leur être pour atteindre une sorte d'accomplissement cristallisée dans la forme d'une persona

.Une des séquences animées qui parsèment le jeu

Au final, et j'imagine que vous me voyez arriver avec mes gros sabots, Persona 4 n'est pas seulement un bon jeu, mais un grand jeu. Confectionné comme une pièce de haute-couture dont le designer aurait eu l'élégance de ne pas succomber aux sirènes du marketing pour vendre plus, ce quatrième opus de la série Persona marque l'histoire du jeu vidéo de son empreinte. Si l'on considère que l'épisode Vita ne fait que magnifier tout le travail qu'Atlus avait déjà effectué sur la version PS2 on ne peut que se demander pourquoi vous êtes toujours à me lire et pas encore à passer commande.

Addendum - Quelques ajouts de la version PS Vita :

_ 2 nouveaux social links (Marie et Adachi). Chacun ouvre du contenu supplémentaire (donjons, endings)

_ Plus de dialogues doublés. De nouveaux acteurs pour Chie et Teddy (le seul point noir de cette version Vita)

_ La possibilité de choisir les traits hérités par vos personas pendant les fusions

_ Un système de SOS qui vous permet de demander un petit coup de main aux autres joueurs lorsque vous êtes connecté au mode en ligne.

_ Le vox populi, un système hérité de Catherine il me semble qui vous montre le choix des autres joueurs quant aux fusions, choix de dialogues etc...

_ Des ajustements au niveau des combats

_ Un mode TV accessible à l'écran de démarrage qui donne accès à du contenu bonus tel que des extraits de concerts, des illustrations etc...