Rappelons qu'en 2003, un petit jeu d'un studio assez peu connu (DMA Design) sortait dans une indifférence polie : GTA III. Premier open world proposé dans un monde actuel et réaliste, il allait poser les bases de la saga GTA.

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En ces temps reculés, la PS2 était la reine des consoles, et Sony le roi du jeu vidéo. C'était la domination des jeux japonais - ou le début du déclin - , des univers type fantasy et des jeux de combats...

En passant un soir chez un pote, il me retient par la manche et me montre un jeu où un type sort un autre type de sa bagnole pour lui piquer, qu'il peut foncer dans les rues à toute berzingue, que le cycle jour/nuit est assuré avec lever et coucher de soleil, qu'il peut de temps en temps, que la ville est immense, que les piétons vaquent à leurs occupations - et se font écraser parfois; bref, que l'on est immerger dans le jeu/monde, je cours chez mon dealer et j'achète ma galette...

En cette période, j'avais une baisse d'activité professionnelle - j'étais au chomdû quoi... -, et je pouvais donc consacrer un temps important à me balader dans cette ville qui me fascinait tant. Epoque bénie !

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Le héros ne parlait pas, un peu comme Nintendo fait avec le héros de Zelda, mais avait de quoi faire parler la poudre. Fraîchement débarqué en ville, il se frottait rapidement aux différentes factions (mafia, triades, ...) et le scénario transpirait déjà des qualités qui feront la réputation de la saga : dialogues ciselés et inspirés des polars américains (Les affranchis, Scarface, Le parrain...), personnages secondaires pitoyables, lâches, traîtres et cupides, missions variées (escorte, assassinat, courses, ...).

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Reconnaissons que ce premier scénario (les GTA et GTA II n'étaient que peu scénarisés) ne m'a pas laissé un souvenir immense, mais peu importe.

Chaque soir, manette en main, je passais quelques heures à arpenter les rues, soit en mode tranquille avec la radio et en respectant les feux rouges, soit en mode fou furieux à foncer dans le tas et en tenant de semer les flics, plutôt coriaces avec 5 étoiles.

Durant 6 mois, j'ai donc vécu une seconde vie à Liberty City. Je prenais soin de mes voitures que je garais dans le garage, de bien équiper mon héros muet (armes, gilet pare-balles), à bien préparer les missions, à aller chaque nuit dans le downtown voir mes copines tarifées, à aller manger un morceau chaque matin à l'aube et à aller me balader au bord de la plage chaque soir... Oui, une sorte de double vie qui m'a bien fait prendre conscience de la capacité qu'ont les jeux vidéos à vous faire endosser une peau que vous ne pourrez jamais enfiler de votre vivant...

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Et la dernière mission - plutôt difficile - arriva. Figurez-vous que lors de la scène finale, vous délivrez la fille d'un parrain de la mafia. Toutefois, son flot de parole était tel que hors-champ, le héros la flingue et lui dit "Shut Up !"... (Ta gueule ! en French).

Oui, si vous souhaitez briller en ville, vous pouvez annoncer fièrement entre la poire et le fromage : le héros de GTA III parle !