Pour vous dire la vérité, ça fait depuis pas mal de temps que j'aurais du rédiger un test de Blur sur mon blog. Sorti il y a presque un an et demi (le temps passe vite...) c'est typiquement le genre de jeu qui, à la vue des premiers screenshot, m'a carrément donné envie! Imaginez, au lieu de se lamenter à jouer aux Mario Kart que vous avez exploré en long, large et en travers, vous êtes en recherche d'un jeu qui permet de se défouler entre amis, mais nettement plus "adulte". Et puis tiens, aux chiottes les kart, les voitures c'est mieux, le must est de frimer en BMW dernier dernier modèle et de... et de quoi, au fait? Ah oui: attaquer ses adversaires dans de belles courses urbaines! Mais pas avec des fruits et légumes: des sortes d'item fluo irréels qui permet de réduire vos adversaires en miette, ou bien de protéger habilement votre voiture.

Ce concept ultra séduisant, on le doit à Bizarre Creation, la boite qui a malheureusement fermée ses portes il y a quelques mois. Une boite qui a sorti quelques jeux de courses qui sont vraiment de bonnes factures, je pense en premier lieu à PGR sur la console de Microsoft. Activision a bouclé le studio, suite aux jeux qui ne se sont pas aussi bien vendus qu'espérés... ah, les capitalistes, "ton univers impitoyable" comme dirais l'autre. Bref, je m'éloigne...

Blur, donc, c'est comme si vous mettiez MK et PGR dans un Blender. Will it blend? That is the question.

 

Le jeu mélange une ambiance course urbaine et un tantinet une ambiance science fiction, avec ces armes immatérielles qui donnent un cachet très particulier aux environnements et aux courses en elle-mêmes, surtout dès les premières minutes de jeu. Du point de vue gameplay, ça se rapproche beaucoup d'un Burnout, avec des armes que l'on ramasse régulièrement pendant notre course. La différence, c'est que vous pouvez voir les items que vous allez récupérer, il n'y a pas de notion de hasard ici. Ce n'est pas plus mal d'un côté, ça apporte une touche stratégique en faisant des feintes ou en plaçant une mine près d'un item de soin. Jusque là, il n'y a aucune fausse note.

Les courses, au risque de me répéter, se déroulent en ville, dans quatre pays différents: les USA, l'Angleterre, le Japon, et enfin l'Espagne. Pour renforcer le côté Underground, les courses de déroulent toujours en fin de soirée, en pleine nuit, ou bien même à l'aube. Mais jamais réellement de plein jour, avec le soleil qui tape bien fort sur le bitume. On peut supposer que c'est pour mieux ressortir les attaques très flashy des véhicules, c'est un peu l'effet Tron: le fluo ressort bien mieux dans l'obscurité. Certaines courses permettent de prendre un petit peu la clé des champs, mais le plus "sauvage" que le jeu nous propose sont les bords de la Route 66, une plage anglaise (avec de très beau feux d'artifices) et enfin une virée sur les collines de Los Angeles. Si vous êtes du genre "j'aime bien avoir de la boue sur mon casque" Motorstorm est parfait pour vous.

Les véhicules sont tous des modèles réels. Certains constructeurs répondent présents. Chevrolet, Dodge, Ford, Audi, BMW, Nissan, Toyota, Hummer, VW, Renault et quelques autres sont de la partie. Hélas, nous retrouvons pas mal de modèles qui font doublon. C'est un peu dommage, mais malgré tout, on ne retrouve pas le dernier cri de la voiture de sport. On retrouve certains engin rigolos (VW Beetle, Transit Supervan, Land Rover...) histoire de se changer les idées. Mais on aurait pu pousser le délire un peu plus loin.

On pourrait penser, la première fois qu'on joue à Blur, que ça va être comme PGR, la gestion d'items en plus. C'est faux, hélas. Là où le gameplay de PGR est arcade mais très typé, Blur déçoit car il n'y a aucune notion de pilotage. Les véhicules, peu importe le modèle, ont une notion d'adhérence trop floue. Certaines voitures sont plus sous-vireuses que d'autres, mais ça n'y change pas grand chose, on a franchement l'impression de flotter au dessus de la route, c'est assez désagréable de ne pas avoir de ressenti. Le pilotage n'a malheureusement rien de passionnant, et pire, il n'est pas très bien équilibré. En effet, il est trop tolérant. Avec les virages serrés, on peut se frotter doucement sur le mur en entrée de virage, accélérer comme un porc tout en frottant sa carrosserie, et en fin de compte, on ressort plus vite que si on avait freiné avant d'aborder le virage. Logique, n'est-ce pas? Dans PGR, un tel pilotage est inenvisageable... au moins, on pouvait freiner (même grossièrement), faire crisser les pneus pour frimer, et sentir sa voiture repartir en trombe comme dans les films d'actions. Là, c'est pas possible, c'est assez mou, le tracé de certains circuits permet de se rendre compte des faiblesses du gameplay. Genre les murs qui fonctionnent comme des aimants alors qu'on braque à fond...

Ce n'est pourtant pas la première fois qu'on a affaire à ce genre de pilotage "fast but no skill". Je pense bien entendu à Burnout, mais les dérapages sont bien mieux gérés, de même que les collisions et la gestion des dérapages. Dans Blur, on a un contraste très étrange: on a à la fois de conduire un tank parce qu'à chaque virage on risque de se frotter aux murs (la voiture ne braque pas assez) soit on a l'impression de conduire un véhicule très léger qui part trop facilement en tête à queue si on se fait taper de l'arrière. En fin de compte, sur le plan de la conduite, je suis assez déçu. Je suis persuadé qu'une physique nettement plus proche de PGR aurait fait l'affaire.

 Si la conduite des différents véhicules s'avère décevante, le constat est largement différent en ce qui concerne les items. Bizarrement, ça me rappelle les parties multijoueur dans Midnight Club, avec des bonus dispersés un peu partout en ville, avec des effets plus ou moins bizarre. On peut en stocker trois au maximum, ce qui permet d'élaborer des stratégies intéressantes, et surtout, de s'adapter à toutes les situations. Ondes de chocs, obus à tête chercheuse, fléchettes, mine, bouclier, et boost font partie des objets qu'il est possible de récupérer. Ils sont facilement identifiables grâce à leur couleur. Il est assez agréable de s'en servir, et les développeurs ont réussi à apporter certaines subtilités. Utiliser deux boost au lieu d'un seul est nettement plus efficace; on peut utiliser des projectiles vers l'arrière pour prendre des adversaires par surprise ou pour casser un obus à tête chercheuse; on peut aussi garder des éclairs que va se manger l'adversaire en tête s'il n'a pas une réserve de bouclier. On change très souvent de positions, et ce n'est pas pour nous déplaire.

En ce qui concerne les modes de jeu, on fait assez vite le tour du mode solo, dont l'intérêt de le finir à 100% (en finissant premier partout et en gagnant des "fans") n'est pas franchement intéressant et motivant, le multijoueur vaut largement plus le coup d'oeil. Assez fiable, il pêche sur certains points. Des modes de jeu en équipe et un mode en arène façon Destruction Derby qui ne sert pas à grand chose, et certains circuits disponibles en solo ne le sont pas en multijoueur. Mis à part ces détails, on peut disputer des parties jusqu'à 20 joueurs, ce qui est spectaculaire si ils sont tous bons! On peut également s'attribuer des capacités spéciales pour prendre l'avantage et améliorer certains items. Un bon point: les capacités spéciales sont assez bien équilibrés.

 

Il n'y a guère plus de choses à dire à propos de Blur. C'est principalement son concept qui est génial, mais dommage que la réalisation et le charisme ne suit pas. Une conduite bof, des circuits tout aussi bof, des graphismes un peu juste, un mode solo peu intéressant... Le jeu dispose tout de même d'une bonne durée de vie (surtout grâce au multi, pour peu qu'on veuille devenir fort), d'une gestion agréable des items et des capacités spéciales, mais surtout, Blur est assez fun.

Mais bon, depuis qu'il est sorti, le jeu est resté très discret. Pas beaucoup de ventes, donc pas de DLC ou de patch pour corriger certains bugs ou améliorer le comportement des voitures. J'ai bien peur que Blur soit condamné à rester dans l'obscurité. Ce jeu aurait pu être mémorable si la réalisation était plus soignée, et la conduite plus intéressante, ce qui n'est pas le cas. Une petite partie de temps en temps, ça fait pas de mal. Vivement que Blur ait un héritier!