Gandahar (1988)

 

Par René Laloux

 

 

 

 

 

Quand on parle de Miyazaki, il y a du monde. Pareil pour un type comme Michel Ocelot. Mais alors pour René Laloux, rien, nada, wallou !!

 

Qui se souvient encore de ce réalisateur ? Pilier de l'animation française, auteur de trois grands films d'animations que sont La Planète sauvage (1973), Les maîtres du temps (1981) et Gandahar (1987). Peu de monde ont encore en mémoire ces films inventifs, intelligents et remplis de poésie. René Laloux disparut en 2004, oublié du grand public (et des sois disant cinéphiles, bande de cons !). Il est temps de remettre les pendules à l'heure, et de vous faire découvrir son dernier long métrage : Gandahar ! Format 35, les justiciers du cinéma !


 

 

 

La planète de Gandahar coule des jours heureux sous l'autorité paisible de la reine Ambisextra. La brutale invasion des hommes de métal, dont les armes pétrifient tout être humains, met fin à cet état paradisiaque  La reine charge le chevalier Sylvain de sauver son royaume. 

 

 

Bon d'accord... En lisant le synopsis vous vous dîtes que c'est encore un truc de hippie. Un conte écolo, où un peuple en harmonie avec la nature se bat contre une armée de machines... Terminator chez José Bové ! Mais derrière cette façade, se cache la critique d'une société hypocrite (ahah ! vous ne vous y attendez pas ?). 

 

 

 

Gandahar, société parfaite, où les hommes et les femmes sont beaux. Un monde velouté, lisse où la vie semble s'écouler lentement. Et pourtant, ce monde idyllique s'est construit sur un mensonge. René Laloux met en garde le spectateur contre une société qui balaie son passé, pour ne garder que le sublime. Oublier nos ténèbres, c'est les voir resurgir un jour ou l'autre. Symbolisées dans le film par les hommes-machines, parabole du fascisme. Tout de suite, ça en impose !

 

C'est bien jolie tout ça, mais faut pas oublier que l'on est en face d'un film d'animation. Faut que cette dernière nous fasse cracher nos émotions. Si l'on peut regretter que celle-ci ne soit pas tout le temps à la hauteur. Faut reconnaître que le dessinateur Caza offre un univers envoûtant, exotique. De même pour les personnages, dont les designs donnent un aspect singulier à l'ensemble. Je pense au Metamorphe, cerveau monstrueux, qui semble parler à lui même à travers le temps. Mais la grosse réussite du film sont les Transformés, peuplade mutant issus des manipulations génétiques des gandahariens. 

 

 

 



 

Alors c'est sûr, le film est loin d'être parfait. L'animation est parfois balbutiante, le rythme est bancal. Gandahar est parfois mou, la faute à une mise en scène jamais spectaculaire dans les scènes d'actions. Mais putain, quelle énergie. Poétique, politique... L'animation française n'a jamais été un sous-Disney. Bien au contraire, pensons à des films comme Le roi et l'oiseau qui nous montre que la France n'a pas à rougir devant Miyazaki. Nous avons seulement oubliés que nous sommes parfois capable du meilleur...


 

"Ils ont fait sauter l'aqueduc...

 

Hémisphère gauche isolé...

 

Alertez tous les postes... Le cortex a cédé...

 

Double circuit de sécurité gravement atteint près des scissures...

 

J'appelle relais sensitif... j'appelle...

 

 

 

Quelle paix brusquement... Enfin le silence, le vrai silence...

 

Pourquoi le soleil est noir ce matin ?

 

Il neige des taches qui tourbillonnent...

 

Elles recouvrent tout

 

J'ai perdu la douleur, la fatigue...

 

 

 

Comment dormir longtemps ? Comment ?

 

Sans ce rêve d'explosion... l'eau qui hurle...

 

 

 

Ordre à tous les hommes-métal...

 

Détruire la porte temporelle...

 

 

 

Qui a ouvert les casiers de la mémoire ?

 

Tout est jeté en désordre...

 

 

 

Pourquoi m'avoir fait naître...si mal...si...

 

Trop tard Servant, pour le présent.

 

Non, non, pas tout seul... l'océan glacé...

 

 

 

Je suis de Gandahar, moi aussi...

 

Attendez-moi, attendez-moi..."