Victor Hugo a marqué de son énorme empreinte toute une génération. Le romantisme fut un mouvement particulièrement populaire chez les jeunes de la fin du XVIIIème siècle. Comme tout mouvement fin de siècle, on décèle chez les romantiques un goût pour la mélancolie et le néant.

Même si l'on se remémore, le plus souvent et le plus rapidement, des auteurs comme Victor Hugo ou Musset ou encore Chateaubriand, on oublie les "petits maîtres" du romantisme. Ces écrivains que la postérité n'a pas retenu non pas pour des raisons de qualité littéraire mais pour des questions d'ombrage.

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Alfred de Musset

Qui peut faire entendre sa voie par rapport au monstre Hugo, qui écrit tout le temps et sur tous les sujets possibles ou presque ? Comment résister à l'arbitraire, plus ou moins arbitraire d'ailleurs, de la postérité décidant de reléguer certains auteurs aux tréfonds de l'oubli ?

Pour palier, modestement, à ces injustices chroniques, j'ai décidé de publier au Bréviaire des vaincus des "classiques oubliés". Ouvrages anciens, de qualité, mais absolument ignorés par le monde institutionnel de la littérature et tous ceux qui gravitent autour du livre. Il ne s'agira pas que de "donner une seconde chance" à un vieux roman par exemple mais également de le proposer au public dans une nouvelle version. Une réédition-création en résumé. L'idée est de vous fournir un ebook enrichi, illustré par un dessinateur/peintre ou photographe, relu et corrigé, disponible dans de multiples versions pour pouvoir le lire avec tous les appareils possibles.

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Maxime du Camp

Le roman d'aujourd'hui se nomme Mémoire d'un suicidé, son auteur : Maxime du Camp. Il serait un peu rapide de le définir comme un romancier romantique. L'homme fut influencé fortement par les figures d'Alexandre Dumas ou d'Hugo mais ne peut se restreindre à un tel mouvement. Néanmoins, Mémoire d'un suicidé reste marqué par ce goût de la mélancolie, des amours contrariés, complexes, des belles inaccessibles et ce lyrisme propre aux romantiques français.

Je reviendrai sur ce roman pour en explorer plusieurs aspects. Aujourd'hui, je tiens à vous parler du rapport du suicidé avec les femmes. Homme toujours déçu, ne trouvant pas la flamme de la passion ou la trouvant n'arrivant pas à la conserver et la gérer, on découvre à la lecture du Mémoire d'un suicidé de superbes passages sur les femmes. Mélange entre critique et éloge, le passage suivant illustre le constat amer de la relation amoureuse avec une femme tout en affirmant qu'en dépit des tracas cette relation est nécessaire à l'équilibre de l'homme.

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"Resserrées dans une éducation bigote et fausse ; jetées sans apprentissage à travers les joies difficiles de l'amour et de la maternité; affaiblies par une direction compressée et rarement bienveillante; tremblantes d'obéir à ces mouvements spontanés du cœur qu'on leur impute à crime; risquant leur honneur, leur repos et leur vie lorsqu'elles écoutent les irrésistibles appels des passions ; forcées de reporter sur leurs .enfants ces tendresses pro fondes comme l'infini qu'elles cachent en elles; ardentes, irritables et nerveuses; remuées par leurs sentiments, avec d'autant plus de violence qu'elles les combattent davantage et que la société leur a imposé l'implacable loi de les dissimuler, les femmes souffrent plus que nous, aiment mieux que nous, et ne méritent pas les injustices dont nous les accablons. Elles nous rendent au centuple le bonheur que nous leur offrons ; elles fécondent notre cervelle comme nous fécondons leur sein, et si nous sommes le père de leurs fils, elles sont souvent la mère de nos idées les meilleures. Nous devons tout respecter en elles, tout, jusqu'à ces caprices que nous avons tant de peine à comprendre, et qui sont souvent un impérieux besoin de leur nature maladive, opprimée et multiple."

Mémoire d'un suicidé, Maxime du Camp

Article d'origine : https://www.breviairedesvaincus.com/maxime-du-camp-et-les-femmes/

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