Il y a bien un lien entre la photo et le contenu de cet article. 

C'est la grande actualité jeu vidéo de la semaine à mes yeux. Ce nouveau cap franchi par les éditeurs de jeux vidéo dans leur politique de DLC et autres micros-paiements. Capcom vient d'annoncer pour la toute première fois que des joueurs devront payer s'ils souhaitent poursuivre leur progression dans un jeu et ne pas tout recommencer depuis le début. Oui cet acquis du checkpoint que l'on retrouvait même à l'ère de la Super Nintendo (mais si, le drapeau dans Super Mario World rappelez-vous) a été remis en cause en partie par un éditeur. Tu meurs, tu payes ? 

Jamais. 

 

DLC, micro-paiement, toujours plus haut, toujours plus loin 

 

Très sincèrement, lorsque je suis tombé sur l'annonce de Capcom et de son checkpoint payant (note : vous devrez payer pour utiliser des cristaux de réapparition, également disponibles en galérant comme pas permis je pense dans le jeu...), j'ai d'abord cru à un canular.

Rapidement, la toile s'est soulevée comme un seul homme pour rire, dénoncer, pointer du doigt avec un énorme AHAH façon Nelson des Simpsons cette information abjecte. Si on paye pour recommencer, c'est quand on joue sur borne d'arcade et que le jeu ne nous appartient pas. C'est tout simplement dans l'ordre naturel des choses. On n'y touche pas. 

Face à cette vague de contestation, Capcom a rapidement réagi en précisant que "ces micro-paiements seraient disponibles uniquement dans un certain mode de jeu extérieur au mode histoire et que les joueurs auront le choix". You...pi. Comme si l'objectif au long terme n'était pas d'introduire de plus en plus de micros-paiements en douce jusqu'à les rendre "normaux" aux yeux des joueurs. 

 

On va où là ? 

 

 

Mais même avant de parler micros-paiements, j'ai toujours du mal à comprendre le fait de payer avec de l'argent réel  pour débloquer du contenu supplémentaire ou même présent déjà dans le jeu (même s'il y a des exceptions).

Non ce qui me dérange, c'est que toute la part de mystère des jeux vidéo de l'époque SNES 32 bits, 64 bits et 128 bits s'est échappée par le conduit des toilettes avec l'arrivée de la PS3 et 360 et bien que les "secrets et mystères" tentent de revenir par intermittences, le business tire aussitôt la chasse pour les renvoyer de plus belle dans les tréfonds des égouts. Je m'explique pour les plus jeunes. 

Il fut un temps où il était possible en fonction d'un certain skills, d'une certaine manip (combo spécial, trésor, clef, histoire terminée en niveau extrême par exemple) de débloquer des personnages supplémentaires, des niveaux, des passages secrets et des portions d'univers à explorer pour aller encore plus loin dans notre expérience vidéoludique. C'était un kiff de dingue.

Le tout était gratuit ou coutait au pire... 3 euros (environ 20 francs) pour TOUS LES JEUX. Oui on appelait ça une bible des secrets dans laquelle était cachée des tas de DLC et d'options vendues aujourd'hui en micros-paiements...

 

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Ces bonus représentaient autrefois un challenge et en l'absence d'internet et des réseaux sociaux, certains secrets étaient même élevés au rang de légendes. Chaque jeu avait ainsi sa part de mystère comme je me rappelle à l'époque de la Super Nintendo où des rumeurs disaient qu'en terminant Dragon Ball Z La Legende Saien en niveau "Super", nous pouvions débloquer le scénario supplémentaire de Broly. Je ne vous dis la tête que j'ai tapé lorsque je suis parvenu à atteindre ce mythe. J'avais l'impression d'être Allan Quatermain qui venait de découvrir les mines du roi salomon. J'avais laissé la console tournée et j'étais parti cherché tous les potes du quartier (en vrai hein avec mes jambes) pour qu'ils voient  ce qui se passait chez moi à ce moment là. Magique. 

 

Ce "Kakaroouto" qu'on entendait à la fin de l'intrigue de Bojack...

Je vous renvoie aux fondamentaux pour les novices. 

 

Aujourd'hui le scénario de Broly coûterait 5,99 euros, le pack de personnages Trunks, Sangoten et Bulma 9,99 euros (je caricature hein mais vous avez compris l'idée). On paye pour l'avoir, c'est nul, on tue le jeu vidéo et on en redemande. Incompréhensible. 

Tout cela pour vous dire que je regrette évidemment cette époque et que l'arrivée des DLC et des micros-paiements a tué la partie mystérieuse que pouvait avoir certains jeux vidéo. Alors bien sûr tout n'est pas mort, certains jeux aujourd'hui conservent des parts de mystères même hors DLC (Dark Souls pour ne citer que lui), mais il fut un temps où presque TOUS les jeux étaient concernés. Et je suis persuadé que les développeurs de l'époque s'éclataient à cacher des trésors, easter eggs et autres bonus dans leur jeu. Cette relation entre éditeurs et joueurs qui était au final une relation de gamers à gamers s'est transformée en relation de marchands à clients. Tristesse absolue. 

 

Fuir ce monde de dingue, la solution ? 

 

Cet article n'a pas pour but d'éveiller les consciences des joueurs qui il me semble et ce, même chez les plus jeunes, ne sont pas dupes. Messieurs les éditeurs et je ne vise personne lorsque je dis ça, vous allez vous prendre une baffe monumentale sur Next-Gen à tenter des expérimentations de la sorte. Les vrais gamers sont teigneux, resistants, vifs d'esprit (parfois un peu trop) et ne se laisseront pas faire.

Vous n'avez pas idée du message négatif que vous envoyez aux joueurs. Par exemple, Resident Evil Revelation 2 attisait un minimum ma curiosité bien que j'ai totalement décroché de la série Resident Evil. Aujourd'hui, je m'en fiche mais du genre royal, le jeu est sorti de mon radar dès lors que j'ai pu lire "des micros-paiements".

Je sais que je vais sanctionner lâchement le travail de développeurs qui eux n'ont certainement pas demandé à inclure cette option dans leur jeu, mais j'estime que tout le monde devrait en faire autant afin de débarasser le monde du jeu vidéo de ces pratiques honteuses et que l'on ne dénoncera jamais assez. Car je pense qu'à partir du moment où l'on achète un objet, celui-ci nous appartient et que nous devrions pouvoir en profiter pleinement sans devoir repayer ne serait-ce qu'un seul euro derrière. 

Et puis franchement, sommes-nous devenus aussi "fainéant" pad en main pour devoir monnayer avec de l'argent réel notre progression dans un jeu vidéo ? Où est le plaisir là dedans ? Pourquoi avoir comme seul et unique but dans un jeu la victoire par quelque moyen que ce soit ? (cf les mecs qui payent avec de l'argent réel leurs cartes dans FIFA Ultimate Team ou leurs joueurs dans My Club). Certains diront qu'il y a un débat là dedans, de mon côté je répondrai court : le seul débat qu'il peut y avoir c'est comment en sommes-nous arriver là. 

Toujours plus vite, toujours plus loin, toujours moins d'attente, toujours de l'immédiateté. Oui je pense que le problème est plus profond et qu'il est lié à la société en général. Ce système qui incite jeunes comme personnes âgées à toujours aller plus vite et à ne jamais prendre le temps. On ne peut plus / veux plus prendre le temps de progresser dans un jeu donc on imagine un système de micros-paiements pour que quoiqu'il arrive, nous consommions jusqu'au bout notre produit, jusqu'à la dernière goutte. Bon sang que ça me dégoûte. 

Je tiens à préciser que je n'ai pas beaucoup de temps libre et que malgré tout, j'ai toujours sur le trouver pour mes loisirs dont le jeu vidéo. Car à mes yeux, ce sont tous ces petits moments qui font que l'on arrive à déconnecter du monde de dingue dans lequel nous vivons tous. Je sais, cet article a un fond de DBZ mais ça m'énerve et je n'ai trouvé que la colère des Saiens pour illustrer celle qui est la mienne. 

Donc oui messieurs les éditeurs, continuez de tirer la chasse. Ne nous leurrons pas, si vous ouvrez cette porte nous ne reviendrons pas en arrière. Si le jeu vidéo doit mourir de la  sorte, qu'il en soit ainsi. J'ai suffisamment de jeux rétro pour avoir des écrans de chargement, des bonus secrets à débloquer et des checkpoints gratuits. Quand le monde du jeu vidéo sera parti en vrille, au moins je pourrais dire qu'il ne m'aura pas entraîné avec lui.