Mercredi 6 août dernier, j'ai pu me rendre dans les locaux parisiens de Konami France pour tester le prochain PES 2015. J'ai chaussé les crampons pour tâter la bête 3h durant et même si je sais que beaucoup de choses ont déjà été dites sur les forums et autres sujets de discussions, je pense qu'il est important de faire le point à quelques jours de la Gamescom. Que vous soyez un joueur de PES 2014 ou un joueur de FIFA 14, on va donc parler football next-gen by Konami. 

 

C'est beau ou c'est pas beau ? 

 

Tout d'abord, abordons l'aspect graphique du titre. Gros joueur de PES 2014 que je suis, je ne trouve pas le bond en avant révolutionnaire. Loin de là. On se retrouve clairement avec un PES 2014 (qui était déjà très beau sur current gen) en full HD. Mais, car il y a un mais, le jeu s'accompagne d'un rendu global des visages, maillots et public nettement plus impressionnant. L'effet PS4 se ressent même si le jeu dopé au Fox Engine, ultra fluide au passage, a  encore une énorme marge de progression sur l'ambiance et tous ces petits détails autour du terrain. Des détails que peaufine d'ailleurs EA avec son FIFA 15 qui visuellement, me semble plus complet par rapport à ce premier contact avec la bêta de PES 2015.

 Public , pelouse, alentours du terrain sont plus convaincants

 

Sur le contenu de la démo, seules les équipes de Manchester United et de la Juventus de Turin étaient jouables. Il n'y avait pas de mise en scène des entrées des joueurs par exemple. Non, l'essentiel de cette session de test était ailleurs. Sur le terrain du gameplay. Et là, on peut d'ores et déjà le dire, même sur cette version bêta : PES a de sacrés (sacrés) atouts. De sacrés, sacrés atouts (difficile de ne pas m'emballer). 

Pour vous donner un ordre d'idée par rapport au fort sympathique FIFA 14 next-gen que j'ai eu l'occasion d'essayer, ce PES 2015 évolue dans une autre catégorie. Grossièrement, c'est comme si vous compariez l'expérience d'un Assassin's Creed à celle d'un Dark Souls 2. D'ailleurs, ce PES 2015 utilisera également le moteur Havok utilisé chez le titre de Namco Bandai. 

 

Ce gameplay de dingue 

 

Si je devais résumer le plus simplement du monde le gameplay de PES 2015, je dirai qu'il s'agit du gameplay de PES 2014...passé à la nitroglicérine. Votre joueur se déplaçait de manière trop lourd l'an passé ? Oubliez-ça. Même si la logique a été conservée (un Chiellini n'a pas la vivacité d'un Kagawa) on passe la troisième en termes d'intensité sur les phases de jeu offensives et défensives.

La moindre erreur se paye cash (vilaine relance dans l'axe de la tête avec X qui m'a coûté un but par exemple).  Ce gameplay ne fait aucun cadeau même si je trouve qu'il est plus difficile de marquer des buts dans PES 2014 mis à jour. Non, quand je dis qu'il ne vous fait aucun cadeau c'est qu'il vous donne paradoxalement le contrôle total de votre équipe, gardien inclus. Qui dit plus de  contrôle dit donc plus de responsabilités à assumer. Notamment en défense.

 

En défense

 

Même si je trouve le jeu un poil trop rapide, la construction reste essentielle et la bataille au milieu de terrain fait rage. On coulisse beaucoup mieux son bloc défensif grâce à un changement de curseur plus intuitif et une meilleure IA, plus agressive. Toujours concernant la défense, même s'il était impossible de mettre des joueurs au marquage et de régler son style de jeu, vos coéquipiers assurent vraiment bien leur boulot par défaut. 

La récupération du ballon est ainsi facilitée grâce à une meilleure réactivité des joueurs sur la pelouse qui n'hésitent pas à anticiper de manière intelligente les trajectoires du ballon (merci patron Pogba). Un joueur FIFA habitué à la défense tactique n'aura pas les mêmes repères et devrait bien galérer à ses débuts. Surtout que le moteur de collisions, bien qu'encore amélioré ne m'a pas totalement convaincu. En revanche les têtes et le jeu aérien (offensif et défensif) sont un pur régal.

 

 

Toujours sur l'aspect défensif, les gardiens sont au niveau. V'la les sorties à la Neuer sur les L1 + triangle, prends ça dans ta face Van Der Mirch, les joueurs de PES 2013 comprendront. Ils ont encore quelques comportements étranges par moments mais j'ai senti très clairement qu'ils étaient dûs à la version bêta. J'espère hein, pas de blague Konami. 

Je rappelle toutefois pour le raleur du dimanche qu'il est toujours possible de les contrôler manuellement (simple pression L1 + joystick de droite) afin de fermer des angles de tirs, d'anticiper les trajectoires sur les coups francs et les corners...Malgré quelques couacs au niveau collision, défendre dans ce PES est aussi très plaisant surtout quand on a pu jouer à PES 2014 l'an passé. Vous vous prenez un but ? Vous le méritez. Le jeu vous punira sur la moindre erreur de relance, de contrôle ou de placement. Pas d'histoire de script, de ballons téléguidés, d'assistance. Non. Du football tout simplement. 

Ne cherchez pas. Dans la réalité Robben n'a pas de pied droit, dans PES 2015 non plus. 

 

En attaque

 

Et pour essayer de remonter au score, le feeling FIFA de la prise en main de ce PES 2015 vous permet de construire vos actions sans devoir passer par une formation Bac + 5. C'est vraiment bien vu de la part de Konami qui sait que pour reconquérir des fans passés chez EA, il faut se baser sur leurs habitudes en tant que joueur avant tout. Mais, PES n'est pas FIFA. Si construire son jeu ne sera pas forcément trop difficile pour un joueur élevé au biberon EA sur PS3 et Xbox 360, se procurer des occasions vous rappellera que dans PES, on ne se contente pas de marquer les mêmes buts à la pelle...encore et encore...

Et c'est le...ah non, à côté.

 

Finir ses actions n'est JAMAIS une formalité. Le timing, la prise de risque, l'orientation du stick sur les frappes, la physique de balle (j'y reviendrai) sont autant de facteurs qui rendent chaque situation de but unique. Oubliez vos "Pure Shot" de 35 mètres du droit avec Van Persie. Je l'ai constaté à trois reprises dans le même match face à mon adversaire. La reprise du droit de Van Persie en pleine course, elle termine dans les nuages. La logique est respectée. Mais c'est bon ça !!! (les joueurs de PES 2011 comprendront). 

Et avant d'arriver devant les buts, il y a également du boulot. Si vous venez de FIFA en full auto, vous comprendrez ce que veux dire le mot "indépendance". Vous allez grandir manette en main. Vous allez passer du tricycle au vélo. De ce que j'ai pu voir et tester sur cette version, je ne pense pas que le ballon soit encore à 100 % indépendant des joueurs, mais on s'en rapproche vraiment à très très très grand pas (je dirais 90 %). Il m'est arrivé d'oublier la balle ou de sortir avec en touche, étant habitué par exemple à l'assistance des anciens PES et FIFA. 

 

Le ballon est magique. 

 

Monstrueux, énorme, bluffant. Franchement, ce petit ballon made in PES il faut avoir la manette en main pour le sentir. Même si FIFA s'est nettement amélioré ses dernières années avec une physique de balle très convaincante, Konami vient de passer la cinquième dans ce domaine en laissant sur place son concurrent. On n'évolue tout simplement pas dans la même catégorie avec un ballon qui fait VRAIMENT sa vie et qui n'hésite pas à vous filer entre les pieds si vous ne faites pas attention à bien courir en ligne droite sur les sprints. La sensation de "rails" en courant le long de la ligne de touche est  définitivement éradiquée, entérrée à tout jamais tout comme les animations robotiques (hormis certaines transitions encore assez grossières mais j'y reviendrai là aussi). 

 

Allez, à la casse, les robots de PES n'existent plus. 

 

Les animations

 

Si l'époque des robots est révolue (depuis PES 2014 à mon sens mais encore plus sur ce PES 2015) , il faut souligner pour être objectif que FIFA possède une palette de mouvements plus complète à ce niveau. Tout le monde le verra en tant voulu de toute manière donc inutile de vous le "cacher" en laissant mon enthousiasme prendre le dessus dans cet article. Clairement, Konami a encore du boulot de ce côté là. Mais je tiens à nuancer mon propos. 

De tous les matchs que j'ai pu faire, je ne retiens pas les transitions d'animations trop brusques, bien au contraire. Pourquoi ? Car on a vraiment pas le temps de s'attarder là dessus manette en mains. Conduire balle au pied votre ballon dans PES 2015 est un pur régal et monopolise toute votre attention. Réaliser une longue transversale au sol qui atteint le BON joueur grâce au petit effet du rebond sur la pelouse, c'est impressionnant et ça vous laisse bouche bée. Vos yeux sont hypnotisés par ce ballon qui peut changer de trajectoire à chaque instant. Comme dans un vrai match de foot. 

Encore une fois, c'est énorme. Tout simplement. Il n'y a pas d'autres mots. On élève le degré de concentration nécessaire pour jouer même si lancer une partie pour la rigolade entre potes ne sera pas un soucis dans cet épisode. Le résultat pourrait même être épique, comme dans un véritable match de foot endiablé dans lequel les équipes délaissent la défense pour uniquement marquer des buts. Du fun à l'état pur. Le tout est rendu possible grâce aux exploits individuels et à l'impact bien précis qu'ont chacun des joueurs sur la pelouse.

 

Chaque joueur est UNIQUE

 

Un autre point et pas des moindres qui permet au gameplay de PES 2015 d'être unique en son genre, c'est son player ID. Chaque joueur a ses propres animations, sa propre conduite de balle, sa propre façon de réaliser des passes, de courir...

Pirlo était le seul sur le terrain capable de trouver les ouvertures vraiment difficiles (L1 + triangle) et de délivrer de vrais caviars dignes d'un grand joueur. 

 

Des joueurs qui font eux aussi leur vie

 

On a déjà parlé de la puissance de Pogba (littéralement phénoménale quand il est en forme au milieu) et des passes millimitrées d'un Pirlo laissé seul sans marquage. Mais comment ne pas parler de la vivacité de Vidal, de la puissance de Rooney, de la présence aérienne de Llorente, du talent technique de Van Persie, de la vitesse de Valencia, du jeu de tête de Chiellini, du placement de Carrick...Et c'est en ce point que PES 2015 transpire le football comme jamais : le mec qui arrive pour jouer à PES en se disant ok, je vais jouer à 4 attaquants avec 2 défenseurs en passant uniquement par les ailes via des L1 + triangle risque d'avoir une sacré surprise. Si votre formation n'est pas équlibrée avec les bons joueurs aux bons postes, vous courrez tout droit à...

germany goal 4 luiz

La suite on vous la connaissez. 

 

Style des équipes 

 

 

Même si seules les équipes de Manchester United et de la Juventus étaient jouables, une différence de style entre les deux équipes s'est nettement faite sentir. La tactique occupe à l'image de PES 2014, un rôle CRUCIAL et non optionnel pour pratiquer son style de jeu. Par défaut, ne vous attendez pas à jouer de longs ballons avec une équipe qui pose son jeu au sol. C'est impossible. Même si vous faîtes confiance à Raymond. 

Un sage un jour a dit :

Jouer à PES sans tactique, c'est jouer comme l'équipe de France de l'ère Domenech. 

 

 

Il faudra donc paramétrer son propre style de jeu dans le menu formation avec plusieurs tactiques différentes pour ne pas tomber dans la "simple routine" du "tiens, je fais mon petit match à PES aujourd'hui". Mais là, c'est le compétiteur qui parle et non l'amateur qui pourra s'il le souhaite, faire confiance à des tas de tactiques par défaut pour l'aider dans la construction de son style de jeu. Jouer pour le fun est également possible hein.

Car comme dit plus haut, avec une telle physique de balle qui rend le jeu imprévisible, autant dire que le train train quotidien n'a pas sa place dans ce PES. Votre créativité mais aussi votre capacité à vous adapter au style de jeu de votre adversaire en essayant de le faire déjouer sont autant de facteurs déterminants pour vous aider à arracher la victoire. Et elle n'en sera alors que plus belle...

 

 

C'est beau, que c'est beau ! Que la victoire est belle ! Elle est toujours belle, mais là elle est vraiment très très belle ! 

 

 

 

La nouveauté Jinking Run 

 

L'idée est sympa. Très sympa même. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai énormément jouer à PES 2014 que j'ai eu cet avantage pour les dribbles, mais j'ai trouvé le tout très instinctif. La seule faiblesse du Jinking Run à mon sens c'est qu'il met en avant (malheureusement) certaines transitions d'animations surréalistes. Des comportements étranges donc pour certains dribbles, d'autres complètement réussis au niveau des animations, à Konami de rectifier le tir d'ici la sortie du jeu pour en faire une véritable nouveauté au point et non un glitch sur lequel les joueurs se reposeront pour contourner le problème des passes difficiles à réaliser dans les trentes derniers mètres. 

 

Les points noirs...

 

Comme tout jeu de foot, non PES 2015 n'est pas parfait, loin de là. Si dans le gameplay il s'avère être exceptionnel à plus d'un titre, il affiche encore certaines lacunes pour un jeu PS4. Graphiquement déjà. Si les visages sont hallucinants et que l'ensemble est fluide, propre, sans aucun ralentissement, le jeu manque cruellement de détails. Là où un FIFA 15 envoie la soupe avec des remplaçants sur le banc de touche et à l'échauffement, un public déchaîné et des alentours du terrain vivants, il n'y avait malheureusement rien de tout cela dans cette bêta

 

 

Alors oui, l'essentiel reste le gameplay. Mais quand on est amené à faire une saison entière de ligue des masters, voir un peu de variété dans les célébrations, les animations du bord du terrain et l'ambiance globale ne fait jamais de mal, bien au contraire. Cela contribue aussi à "l'anti-routine" par excellence et apporte beaucoup au réalisme globale du titre. J'attends toutefois de voir si ces points seront corrigés dans la version finale puisque Kei Masuda et son équipe ont notamment parlé de conditions climatiques exceptionnelles (pluie impactant vraiment le cours du jeu, neige...).

J'espère voir bien plus dans la version finale car dans le cas contraire, le jeu souffrira très clairement de la comparaison avec un FIFA qui propose la Goal Line technologie, des engueulades entres les joueurs tout au long du match, des célébrations toujours plus nombreuses et que l'on peut contrôler ainsi que des tas de petits détails avec des ralentis façon TV des plus réussis. 

Il faudra donc patienter jusqu'à la Gamescom de PES 2015 pour voir si le jeu mettra en avant quelques-un de ces points cités. Au final, à l'heure d'aujourd'hui, les points noirs de PES se situent dans certaines transitions d'animations et dans tous les petits plus autour du terrain qui contribuent à l'immersion du joueur dans le jeu. Rien de bien dramatique mais chez certains gamers, cela a tout de même son importance. 

 

...et ce qui a été corrigé 

 

Durant ma session de test, j'ai également joué quelques matchs avec un joueur (que je salue) et nous avons testé pas mal de combinaisons qui marchaient un peu trop bien à mon goût sur PES 2014.

 

Les corners étaient parfois trop simples à marquer si on ne plaçait pas son gardien 

 

Déviations de la tête sur 6 mètres, certains engagements cheatés, certains corners trop simples à marquer...Oubliez les, c'est corrigé. En revanche, les coups francs sont toujours aussi simples à cadrer (défi téléfoot me concernant avec 5 coup franc sur la barre...) mais heureusement, ce PES propose des gardiens nettement plus réactifs sur leur ligne de but pour compenser (il faut donc prendre plus de risques en mettant plus d'effets pour marquer sur coup franc).

En parlant de coups francs, vous aurez la possibilité de tromper votre adversaire en mémorisant l'endroit où vous allez placer votre ballon puis en déplaçant le curseur pour faire mine de tirer dans l'autre direction. Cette combine rend nettement plus intéressantes les situations de coups de pieds arrêtés lors des matchs locaux (aucun intérêt en ligne puisque l'adversaire ne voit pas ce que vous faîtes). C'est franchement bien vu. 

 

Des inquiétudes à avoir ? 

 

Comme je l'ai dit, la vitesse de jeu est à mon sens un peu trop rapide et peut nuire au réalisme des matchs lorsque nous verrons en action une équipe comme le Real Madrid ou le FC Barcelone. Vu la vitesse d'un Wayne Rooney, j'ose à peine imaginer les dégâts que pourraient faire C.Ronaldo, Messi, Sanchez, Neymar ou encore Bale...

Et même si les L1 triangle ne passent pas à outrance (on en a testé des tas mais des tas hein), il est possible que des petits malins espagnols exploitent cette technique jusqu'à la mort pour vous rendre fou. Les gardiens anticipent beaucoup mieux à la manière de libéros, mais il n'empêche que j'ai un mauvais pressentiment sur ce coup.

 

Le mauvais souvenir de Ronaldo dans PES 2013 est encore présent dans mon esprit.

 

J'espère me tromper car en l'état actuel, l'équilibre attaque défense du jeu est juste parfait et la jauge d'endurance se fait davantage ressentir lors des 20 dernières minutes (enfin les joueurs sont vraiment cramés...). A voir si un pressing surcheaté combiné à des vitesses improbables de Ronaldo et ses copains seront sanctionnés dès l'heure de jeu dans la version finale...

 

Conclusion : mais vivement sa sortie ! 

 

Excellent est le mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce premier contact avec PES 2015. Je tiens à remercier l'accueil chaleureux et l'excellente ambiance de l'équipe de Konami qui était aux petits soins avec les testeurs pour répondre aux questions et apporter boissons rafraîchissantes et autres bonbons (non, il n'y avait pas de Doritos).

Je vous vois aussi venir sur oui, mais il ne dit pas si PES sera meilleur que FIFA. Est-ce le "retour du roi" ? Wait and see. Ne nous emballons pas car les deux titres proposent deux expériences radicalement différentes. Cette année plus que jamais il faudra juger au feeling même si je peux affirmer que oui, Konami a définitivement trouvé la bonne formule. Reste à voir comment les équipes de Masuda l'appliqueront dans la version finale de PES 2015 et par la suite dans PES 2016. 

Rendez-vous donc à la Gamescom pour en voir plus et pourquoi pas, avoir enfin un vrai trailer, des informations concernant les licences, modes de jeu et autres nouveautés du jeu en ligne. Sur ces points et pour la première fois depuis bien longtemps, ce fut silence radio presque complet. Bon signe ou mauvais signe ?

J'ai envie de dire TRÈS (TRÈS) BON signe.