A quelques jours maintenant du premier trailer de PES 2015 (rendez-vous le 25 juin), j'ai décidé de vous proposer une petite rétrospective sur les dates et évènements clefs de la saga Pro Evolution Soccer sur les consoles Xbox 360 et PS3. A l'aube d'un possible changement de règne sur Next-Gen, j'essayerai également de vous expliquer en quoi et pourquoi le bébé de Kei Masuda, executive producer du jeu, pourrait très bien jouer les troubles fêtes à la rentrée. PES 2015, le calme avant la tempête ? 

 

De PES 2008 à PES 2010 

 

 

Cela a déjà été dit à de maintes reprises mais il est toujours utile de le rappeler pour les nouvelles générations de joueurs et notamment les plus jeunes : PES était la simulation de football virtuel incontestée de l'ère PS2. En ces temps éloignés, FIFA est un jeu tout simplement moyen. Et à ce moment là, personne ne veut y jouer, ormis les tous petits ou les fans inconditionnels de la franchise (et accessoirement les fans de jeux de football arcade, oui, vous avez bien lu, arcade). 

Mais est arrivée la génération PS3 et Xbox 360 en 2007. Konami qui explose littéralement son chiffre d'affaire grâce aux ventes de sa poule aux oeufs d'or se repose clairement sur ses lauriers et opte pour le choix de conserver un moteur de jeu déjà vieux de quatre ans sur les nouvelles générations de console.

Les fans de PES à l'époque de la PS2

 

"On ne change pas une équipe qui gagne" comme il est commun de dire hein. Le seul problème, c'est que l'éditeur japonais aurait dû savoir que l'on change en revanche une équipe veillissante sur le terrain.

Et ce choix est clairement LA grosse erreur qui profitera à Electronic Arts. Tel un Philipo Inzaghi à l'affût, l'éditeur américain jailli pour planter le but en or qui annonce la destruction de la saga PES : un FIFA 2008 exigeant, difficile, réaliste. Le monde marche alors sur la tête.

Les joueurs ne savent pas s'il s'agit d'une exception ou si ils tiennent désormais leur nouvelle simulation de football. La confusion règne, on s'affronte via les forums sur l'élection d'un possible nouveau roi. Personne ne veut y croire et attends patiemment PES 2009 qui viendra sans aucun doute faire oublier ce FIFA 2008.

Mais à cette époque, il faut rappeler que PES se contentait avant tout de satisfaire un public nostalgique des sensations PS2. Pas question d'innover donc et "pas de panique", les fans resteront sur PES. FIFA n'arrivera pas à passer devant se disait alors Konami (et des millions de joueurs au passage). Deuxième grave erreur. 

FIFA 2008, le premier PES killer a avoir vu le jour

Car après un UEFA Euro 2008 des plus intéressants, EA Sports enfonce le clou avec un FIFA 2009 reprenant les bases du succès de la série Pro Evolution Soccer (comme les commandes) ainsi que ses très bonnes idées... mais avec l'emballage d'un FIFA : bande son, graphismes, jeu en ligne, animations fluide. 2-0 pour E.A SPORTS, It's in the game.

Et c'est ainsi qu'en l'espace de deux ans seulement, Konami voit chuter le nombre de ses ventes de manière drastique. Un changement s'impose alors : faire du neuf avec du vieux face à un concurrent qui lui, fait du neuf...avec du neuf. La tendance se confirme avec un épisode 2010 bien en deça des espérances des fans partis désormais chez la concurrence.

Qui l'eût cru un seul instant ? FIFA le jeu arcade devient une simulation et PES, la simulation légendaire de fluidité, devient avec PES 2010 un jeu des plus arcades aux animations robotiques. Le choc est aussi violent qu'un tacle de Nigel De Jong à la gorge. 

Une grande leçon vient d'être donnée à tous les joueurs qui réalisent alors que les certitudes n'ont pas leur place dans le monde du jeu vidéo et qu'il est aussi bien facile pour une licence d'atteindre des sommets que de toucher le fond des abysses. 3-0 pour FIFA. L'humiliation est totale. 

 

De PES 2011 à PES 2013

 

Totalement dépassés par la fluidité et les animations très réalistes des FIFA, Konami tente de réagir. Seabass très critiqué en interne se positionne rapidement en "homme de la situation" et propose un PES 2011 des plus réussis sur bon nombre de points. Mais si les efforts et les excellentes idées sont là,  les moyens eux manquent. Et ils manquent cruellement comme en témoignent les limites du moteur physique pour les collisions et les animations. En réalité, PES 2011 aurait dû être PES 2008. Le retard est trop important, FIFA a trop d'avance dans la course. 

Pour vous donner un ordre idée de la situation de l'époque, imaginez le meilleur pilote de voiture au volant d'une...4L. Bien, maintenant ce même pilote est censé battre un jeune sorti de nul part, impopulaire mais au volant d'une Ferrari terriblement cool. Voilà , vous avez le duel PES vs FIFA sur PS3 et Xbox 360. 

Malgré ce déséquilibre flagrant au niveau du moteur de jeu et la perte de 80 % de ses fans, aussi incroyable que cela puisse alors paraître, les PES 2011, 2012 et 2013 réussiront à transpirer le football, le vrai. Et à ce sujet je tiens à nuancer mon propos

Il est toujours utile de rappeler que c'est PES qui a introduit le plus grand nombre d'idées de gameplay originales sur la génération de console PS3 et Xbox 360 : contrôle d'un deuxième joueur en temps réel pendant le match ou sur coups de pieds arrêtés, déclenchement d'une passe manuelle à n'importe quel moment du match, système tactique capable de reproduire les comportements et styles de jeu des équipes européennes, africaines, asiatiques, sud et nord-américaines, contrôle du gardien en manuel en plein match et coups de pieds arrêtés, ligue des masters en ligne, concepts de motivations, d'émotions, Player ID... Sans parler évidemment de la physique de balle qui bien que vieillissante, a toujours été dans les points positifs des tests de la presse spécialisée.

Bon allez, je vais être objectif : FIFA a introduit le fameux contrôle de balle à 360 ° qui a considérablement changer notre manière de joueur au football sur console, le mode 100 % FUMA, le changement de joueurs avec le joystick droit et le célèbre mode 11 contre 11. Un mode bien amusant mais à mon sens, loin d'être révolutionnaire. Avouez que les parties en ligne tournent rapidement et souvent au cauchemar quand vous n'êtes pas organisés ;). 

 

Malgré des moyens dérisoirs (un moteur de jeu issu de la PS2) Seabass est à l'origine d'un bon nombre d'idées novatrices dans le domaine des jeux de football virtuels 

 

Et s'il y a bien un vestige du passé qui a pu survivre à la chute de la série Pro Evolution Soccer, c'est bien ce petit ballon au touché si particulier manette en main et loin de l'effet "FIFA". Heureusement d'ailleurs, car la plupart des fans de la franchise s'accordent pour dire qu'ils préfèrent Pro Evolution Soccer à FIFA uniquement pour cette sensation.

Il faut également préciser qu'en face, la machine marketing d'Electronic Arts tourne à plein régime entre les réseaux sociaux, les spots publicitaires à la TV et les modes de jeu en ligne bien entretenus, pas question de laisser filer les quelques fans qui seraient tentés par quelque chose "d'autre". La défense de l'éditeur américain est aussi solide que celle de la Grèce lors de l'Euro 2004. 

 

PES 2014 : Kojima à la rescousse 

 

 

Même s'il n'a pas participé directement au développement de Pro Evolution Soccer 2014, Hideo Kojima est à l'origine du plus gros changement de la série depuis l'ère PS2. Le papa de Metal Gear Solid apparaît comme un véritable "sauveur" pour la licence de Konami grâce à son travail sur le Fox Engine...Un nouveau moteur de jeu conçu pour la PS3, Xbox 360 mais surtout pour la PS4 et la Xbox One. 

Toutefois, comme l'a souligné Kei Masuda, le nouveau moteur de jeu de PES 2014 s'intitule en réalité "Fluidity". Il s'appuie sur le Fox Engine et a pour mission  de proposer des animations et un rendu graphique aussi réalistes qu'un véritable match de foot.sur les consoles Next-Gen. L'objectif est donc l'aspect photo réaliste du jeu. 

Les ambitions sont clairement énormes du côté de Konami qui sent qu'avec ces nouveaux moyens, sa série peut enfin rivaliser avec les jeux FIFA. Malheureusement, PES 2014 sortira beaucoup trop tôt et connaîtra un lancement des plus chaotiques sur le online. Certains joueurs Xbox 360, dont moi-même, n'avons pu jouer sur le live qu'à partir du mois de Novembre alors que le jeu a été lancé fin septembre...Oui, c'est un scandale. En 2013 et avec les maîtrises des consoles current gen, une telle erreur semblait impensable. Et pourtant, et pourtant...

Le contenu solo de PES 2014 au lancement en septembre 2013 est également d'une faiblesse apocalyptique : seulement 200 joueurs modélisés (le jeu en compte cinq fois plus aujourd'hui) , des modes de jeu offline bien vides et des licences trop peu nombreuses malgré la présence de la Champions League et l'existence des patchs. Dans le genre je me tire une balle dans le pied, on peut difficilement  mieux faire. 

 

Malgré un bon gameplay, le contenu de PES 2014 en solo était beaucoup trop léger

pour un "jeu complet"

 

Sur la question de ce loupé incroyable face aux buts vides, on ne saura donc jamais si ce lancement précipité était un choix de Kei Masuda ou du service marketing de Konami trop confiant après avoir vu les versions bêta et alpha tournées.

Quoiqu'il en soit, il n'en aura pas fallu davantage pour qu'un très bon FIFA 14 (en FUMA surtout hein) vienne convaincre des joueurs de PES lassés par une gestion calamiteuse du jeu en réseau et des mises à jour. Comprenez : vous achetez un jeu de foot mais impossible d'y jouer en ligne avant un mois et demi. Oui, vous vous dirigez naturellement vers la concurrence, pas besoin d'un dessin, surtout si celle-ci est séduisante, cool, fun. 

Malgré ces nouveaux déboires, le gameplay exigeant de PES 2014 réussira à convaincre de nouveaux joueurs qui eux, sont cette fois-ci lassés des simples "mises à jour" de la série FIFA. 70 euros pour avoir une nouvelle physique de balle et un jeu à l'inertie plus prononcée, hmmm, ça fait bien cher tout ça.

Non, FIFA 14 n'est pas un tout nouveau jeu et je pense que tout le monde s'accordera ici pour dire que le seul "gros" changement en termes de gameplay de la série d'EA aura été l'introduction d'un moteur gérant les impacts des joueurs. Le reste relèvera davantage d'ajustements en fonction des retours de la communauté plutôt que de véritables nouveautés. Le FIFA Ultimate Team ? Désolé, il ne s'agit pas d'une création originale mais bien d'une réponse à la ligue des masters en ligne lancée par la série Pro Evolution Soccer en 2011. Même si à la base, on m'a fait remarquer qu'il s'agissait d'un "add-on" présent sur FIFA 09. 

Vous voulez un autre exemple ? Le dernier trailer de FIFA 15 parle des émotions des joueurs. Un mot que l'on a entendu la première fois dans la bouche de Kei Masuda pour PES 2014. EA serait-il en panne d'idées novatrices pour le gameplay de son titre ? Car à en croire les déclarations sur le prochain FIFA, les émotions des joueurs seront en réalité une série de réactions programmées en fonction du déroulement du match.

Un plus agréable pour le visuel, mais qui n'impactera pas véritablement le déroulement d'une rencontre (même si je suis curieux de ce côté là et attends de voir concrètement ce que pourra proposer cette features avant de me prononcer défintiviement). 

Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que là où les équipes de Konami essayent de proposer de nouvelles expériences de gameplay, celles d'Electronic Arts se contentent de reprendre des concepts de la firme japonaise pour essayer de les développer à leur sauce. Mais il s'agit là uniquement de mon avis et à part des "coïncidences très troublantes" , (PES sort le Player ID, FIFA réagi avec le comportement "pro" des joueurs, PES sort la Ligue des masters en ligne, FIFA sort le FIFA Ultimate Team, PES parle des émotions, FIFA sort l'intelligence artificielle des émotions...), je ne possède rien de concret pour juger de leur stratégie en interne.

De plus j'ajouterai que Konami en a fait (presque) autant pour reprendre le mode de jeu (chaotique) du 11 contre 11 ,  le changement de joueurs via le joystick droit, le contrôle de balle à 360 ° et les notions d'assistance à la passe ainsi qu'au tir. 

 

PES 2014 : la mise à jour du 26 mars

 

Si PES 2014 était sorti le 26 mars à petit prix, nul doute que les ventes ainsi que les notes des différents tests auraient été revues à la hausse de manière significative. La mise à jour salvatrice intervenue le 26 mars a littéralement transformé l'expérience de jeu sur cet opus 2014. Il serait trop long de vous détailler pourquoi donc si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie à l'article que j'ai rédigé il y a quelques mois à ce sujet

Quoiqu'il en soit, depuis cette date, le jeu, à défaut de rivaliser en termes de fluidité et de réponse des contrôles balle au pied, propose enfin une alternative solide à un FIFA. Une première depuis PES 2011. Et je parle bien d'alternative et non de concurrence, les deux jeux n'évoluant absolument pas dans la même sphère d'exigence en termes de difficulté et de construction du jeu. 

 

PES 2015 : pourquoi peut-on y croire 

 

Les raisons de croire à un éventuel retour de la série PES sur le devant de la scène sont multiples. Tout d'abord, l'exemple du passé est une leçon à ne pas oublier. Souvenez-vous à quelle vitesse est tombée la légende PES. De ce côté là, les jeunes générations sont probablement en train de  commettre la même erreur au moment où je rédige ces lignes. Je vois de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux qui rappellent mes propres moqueries de FIFA à l'époque de l'ère PES sur PS2 : 

 

  

 

Puis il y a évidemment, le passage à la nouvelle génération, l'expérience des erreurs du passé sont du côté de Konami, l'ouverture d'un nouveau studio en Angleterre pour prêter main forte à l'équipe japonaise, le Fox Engine de Metal Gear Solid V au photo réalisme des plus convaincants et bien entendu un PES 2014 mis à jour sur current Gen, témoin vivant laissant entrevoir de très belles choses pour l'avenir de la franchise.

Mais les indices les plus parlants qui prédisent de beaux jours à la série sont le changement de stratégie marketing avec un embargo autour de PES 2015 ainsi que les retours positifs de nombreux journalistes sur la version présente à l'E3 de cette année : Rivaol de Jeuxvideo.com n'a pas hésité à élire le jeu comme plus grosse surprise du salon, Jeux Actus parle de résurrectionChronique Art titre "PES contre attaque...et réveil le souvenir des grandes années PS2".

Bien sûr qu'il est beaucoup trop tôt pour se prononcer, mais PES 2014 n'avait eu lui droit à la même période en 2013 qu'à un : cette année, PES change enfin. Sans plus. 

Ah oui et bien entendu, il y a notre Julien Chièze national qui y est également allé de son teasing via Twitter en nous disant qu'il voulait bien nous parler du jeu mais qu'il faudra pour cela attendre le 25 (can't wait). Si Julien le dit, c'est qu'il a du voir lui aussi des choses très intéressantes cette année sur PES. 

 

Enfin au delà de tous ces indicateurs clairement au vert,  nous assistons également peut être à la fin d'un cycle. Comme l'Espagne championne d'Europe en 2008, championne du monde en 2010 et championne d'Europe de nouveau en 2012, la chute pourrait être proche que l'on pourrait le croire.

De nombreux joueurs de FIFA me confient en avoir assez de ces petits changements minimes autour de leur série fétiche. Ils veulent du concret. Du nouveau, du neuf. Comme les joueurs de PES de l'ère PS2 qui en voulaient alors toujours plus. L'appétit vient en mangeant dit-on. 

Or EA, à force d'imiter Konami pendant tant d'années, semble avoir commis la même erreur (dans une certaine mesure). Son moteur Ignite bien que prometteur, ne vise pas le photo réalisme et la "fluidité absolue" des animations. Il tente avant tout de faire du FIFA...en mieux. Vous vous souvenez en début d'article ? Faire du neuf...avec du vieux. Oui, peut être qu'EA commet en ce moment même la même erreur que Konami en son temps.

Même si je doute que FIFA perde du jour au lendemain son public grâce à la puissance des réseaux sociaux et aux nombreux fan club présents sur le web, la licence devra faire attention aux ambitions de Konami sur Next-Gen qui ne manque pas de rappeler que le terrain est désormais à eux; The Pitch is Ours est le slogan marketing de PES 2015, il fallait oser devant FIFA 15. Les chiliens sont d'ailleurs arrivés avec la même mentalité face à l'Espagne au mondial 2014 pour un résultat que nous connaissons tous ici. 

La forme est temporaire, la classe permanente affirme le studio nippon. Le ton est donné. Nous sommes très certainement en plein calme avant la tempête prévue pour le 25 juin. La série PES pourra-t-elle enfin rivaliser contre un champion du monde au sommet de son art et réputé intouchable depuis presque six ans ? 

Le premier élément de réponse est à retrouver la semaine prochaine sur Gameblog. Vivement le 25 juin.