Aujourd'hui je voudrais vous parler d'un jeu sur ios et, je crois, Android, qui me scotche totalement depuis plusieurs jours : Super Hexagon.

 

Non, non je vous rassure, ce jeu sur écran tactile ne va tuer personne, ni console portable, ni console de salon. Ce n'est pas le sujet. Super Hexagon, c'est un ovni, une sorte de pacman sous stéroïdes, qui aurait croisé Dark Souls et Super Meat Boy avant de se dissoudre en formes géométriques.

 

Ce n'est pas un concurrent ou une menace, c'est un ami en puissance. Mais un ami pas facile avec lequel chaque seconde passée est d'abord un combat avant de devenir une de ces expériences que l'on n'oublie pas.

 

Terry Cavanagh, créateur notamment de VVVVVV, nous propose pour moins de deux euros de défier sa pépite minimaliste mais oh combien exigeante. Au centre de l'écran, un hexagone. Il n'est pas très beau, il est creux et il affiche une couleur criarde. Mais un petit triangle tout simple lui tourne autour. Ce petit triangle solitaire qui tourne, c'est vous, totalement vulnérable face à des vagues de lignes qui vous foncent dessus sans remord ou pitié.

 

Au tout début, s'extraire sans encombre de ces formes géométriques relève de l'exploit tant elles semblent arriver vite, au rythme de la chiptune composée par Chipset. Même dans le premier des six niveaux de difficulté (intitulé « Hard »), à chaque collision avec une ligne, la conséquence est drastique, sonore et visuelle : « Game Over » nous disent la voix off et l'écran. Il s'est sans doute écoulé de 3 à 5 secondes.

                                        Si, si, ça passe tranquille ! Allons, on est qu'au début du niveau 2 ...

 

Mais tapotez l'écran et c'est instantanément reparti. Cette voix off qui va hanter vos nuits annonce « Again ! », la musique repart et les lignes convergent à nouveau. Peu à peu un cycle infernal de die and retry s'instaure et les deux commentaires de la voix off ne font plus qu'un : « Game Over Again » semble-t-elle dire. Ce n'est plus qu'une ponctuation accompagnant vos efforts désormais ininterrompus. Le succès se mesure en secondes de survie et on progresse, d'abord par unités, puis plus nettement pour repousser toujours plus longtemps l'intervention de la voix off.

 

Surtout, on se met à lire les formes géométriques et le fatras de lignes initial prend corps, ce qui donne l'impression de passer dans une autre dimension et de rencontrer parfois, puis de plus en plus souvent, cette sensation propre au jeu video et qui consiste à se sentir « in the zone ». On se surprend à dodeliner de la tête au rythme de la musique tout en glissant brillamment à travers les obstacles. On ne subit plus autant les lignes, on voit à l'avance les choix à faire. On se surprend . Magique.

 

Bref, ce jeu est une pépite qui rappelle qu'avec très peu d'idées et beaucoup d'abstraction, on peut créer une expérience unique à travers le médium jeu video. Qu'un simple gameplay peut apporter de la joie et félicité. Parce que je peux vous dire qu'à chaque record battu, c'est un grand moment de joie et de satisfaction. Un peu comme ce moment magique dans Dark Souls où Smough s'écroule finalement pour rejoindre son pote Ornstein dans le trépas, au terme d'un combat épique qu'on croyait d'abord impossible à gagner.

 

Or donner au joueur l'illusion de réaliser l'impossible, n'est-ce-pas un peu l'essence de l'expérience videoludique ?