La semaine dernière le petit monde du jeu video grand-breton s'est retrouvé sans dessus dessous.

 

Par Twitter, dans les commentaires d'articles ou via des blogs et tribunes, c'était la guerre civile : pendant que certains journalistes s'effrayaient d'une chasse aux sorcières, d'autres se drapaient dans l'éthique journalistique, se voyant illico décrits comme des loosers aigris et irresponsables. De leur côté les lecteurs rivalisaient de sagacité pour déceler à droite, à gauche et au milieu cette vilaine odeur de mélange des genres qui mène à soupçonner la corruption sans jamais la prouver.

Et à la source de cette clameur, une petite arène avec deux journalistes paumés et bientôt dépassés, des réunions affairés, des conseils juridiques mobilisés ...

 

Cette histoire est née de la présence incongrue d'un paquet de Doritos. Et elle s'est achevée par le départ forcé d'un journaliste et l'explosion en plein vol de la carrière d'une autre rédactrice.

 

Ca mérite d'être raconté, non ? Mais c'est long et c'est compliqué. Ce premier billet se contentera donc de poser le décor.

 

Tout commence quand cette photo de Geoff Keighley, un journaliste JV canadien choque Robert Florence et le pousse à centrer sur elle la tribune hebdomadaire dont il dispose sur Eurogamer.net.

 

Dans cette tribune, Florence mène une réflexion sur les liens étroits entre la presse vidéoludique et l'industrie du jeu vidéo, dénonçant un certain mélange de genres, notamment dans le cadre de GMA Awards qui voient l'industrie du jeu vidéo (britannique) décerner des prix à ses journalistes préférés.

 

Pour lui, la presse vidéoludique souffre d'emblée d'un problème de crédibilité dès lors qu'elle est presque exclusivement financée par la publicité des compagnies qui constituent au demeurant son sujet d'écriture. Du fait de ce déficit quasi originel de crédibilité et de légitimité, selon Robert Florence, le seul moyen d'éviter la suspicion permanente consisterait à ce que les journalistes se comportent de manière telle que rien ne laisse à penser qu'ils peuvent être dans la poche des éditeurs. Non seulement ils doivent se montrer honnêtes vis à vis de leur lectorat mais ils doivent en avoir l'apparence.

Or il constate l'inverse, dès lors que les voyages de presse s'accompagnent d'aléas aussi sympathiques que déconnectés du jeu vidéo (frais payés et encouragés, distractions organisées, de la séance de carting à la boite de striptease, etc...) et dès lors que les journalistes se trouvent bombardés de cadeaux (le « swag » en anglais), de sollicitations et de prix.

Pour ne pas parler dans le vent, il prend un exemple : lors de ces mêmes GMA awards, les RP du jeux Trion organisaient pour les journalistes une compétition sous la forme d'un tirage au sort, le gagnant recevant une Ps3. Pour participer à ce concours, une condition simple mais cruciale : envoyer à leurs followers tweeter un tweet contenant un hashtag Trion... Au final, ce fameux tirage au sort a départagé 70 personnes !

 

Dans son article, Robert Florence cite une jeune journaliste, rédactrice chez MCV et qui a twitté à cette occasion : 

« Les journalistes peuvent gagner une Ps3 offerte par Trion. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à cela ».

Il déclare la citer ainsi pour illustrer le fait qu'après ce type de déclarations et si vraiment de telles pratiques ne la troublent pas, la suspicion - et non l'accusation - est de mise face aux tweets mais aussi aux papiers de la jeune femme. Quand elle tweete par exemple son intérêt pour le futur Tomb Raiser (ce qu'elle a fait), cherche-t-elle à gagner quelque chose ?

 

L'article continue, laissant de côté Lauren Wainwright... Mais on se doute que pour la jeune rédactrice et pour les deux autres journalistes dont les noms sont cités, le mal est fait. Comment réagir ? De la réponse à cette question dépend la suite de notre histoire !