Hello tous,

 

Après une longue absence, la voici de retour : la rubrique "Fermeture de blog" s'aventure aujourd'hui sur les terres d'un classique de Gameblog, la fermeture de blog. J'ai eu l'occasion, dans le cadre de mon activité Internet, d'en parler directement avec son réalisateur, moi. Aussi cette prose s'inspire-t-elle de cette rencontre.

Maintenant, une image. Penser à Gameblog, c'est voir, immédiatement, surgir dans sa mémoire l'image de news sur des actrices pornos. Mais pour moi, c'est aussi ce monticule de fautes d'orthographe et de grammaire qui apparaît dès les premières secondes du clic. La sauvagerie est totale, ahurissante. Nous sommes au fin fond du gouffre. Ce monument dégénéré est un symbole : celui d'une industrie ludique qui s'apprête à exhumer ses Doritos. Qui s'apprête à regarder droit dans les yeux les joueurs qu'elle a enfantés.

I. BlackLabel

Amusant, le premier contact avec BlackLabel. Le bonhomme, très bonhomme, a tout du bon gars idéal lorsqu'on lui sert la main pour la première fois. Gentil, le regard doux, presque un peu timide, BlackLabel vous parle chaleureusement, comme si vous étiez un ami de longue date. Le contraste n'en est que plus saisissant dès lors que vous commencez à sonder sa pensée. Rarement homme aura été aussi consterné par le monde du jeu vidéo. Consterné, et désespéré.

BlackLabel s'inscrit le... flemme de faire la recherche... sur Gameblog. L'anecdote est indigne d'intérêt. Critiquer des daubes, c'est en tout cas ce qui va conditionner son existence dès les premières années. BlackLabel ne parle pas des jeux qu'il a fréquentés sur PS2, mais des navets subis sur PS3 desquels il va se forger une vaste sous-sous-culture, un dégoût immodéré pour les AAA et les crottes indés. BlackLabel joue à tout, n'importe quoi (pas le choix !), apprend dans les daubes obscures la "grammaire du jeu vidéo".

BlackLabel acquiert rapidement la conviction qu'il veut défoncer les jeux vidéo, avec en ligne de mire... tous les studios -il l'avoue humblement. Ce n'est pas une surprise. C'est sur Red Dead Redemption qu'il fait ses premières armes dans le métier, tout en travaillant sur une petite structure privée, qui comprendra comme premier membre Pedrof, afin d'élargir l'éventail de daubes à dénoncer.

2000... quelque chose . La date doit faire tilt dans pas mal d'esprits éclairés. Cette année-là, c'est la fameuse crise des news. Julien Chièze n'est pas encore président des Etats-Unis de Gameblog, et même si personne ne le sait encore, le jeu vidéo a gagné mais ne le sait pas non plus.

BlackLabel vivra les événements de très près de son ordinateur. Il n'est pas là tout de suite, lorsque les modos doivent éteindre une news incendiés par des GIFs. Mais il est rapidement eattiré là-bas pour recueillir des témoignages. Cette date a changé le visage de Gameblog, faisant passer le site de la confiance au doute, ouvrant les yeux à des millions de membres sur sa sauvagerie latente.  La prise de conscience a tout d'un coup de poing dans la figure. Upper. Cut.

"Et quand vous voulez vous faire remarquer sans avoir d'avatar et sans dépenser de sommes mirobolantes, il y a la critique du jeu que tout le monde aime", analyse-t-il après cette débâcle. La boucle est bouclée. Le succès passera par des critiques à l'image de ce que à quoi BlackLabel est habitué : réaliste, presque documentaire et totalement hallucinatoire pour le commun des joueurs.

II. La Critique

La recette magique de la critique, BlackLabel la trouve dans la file d'attente d'un magasin de jeu vidéo, en pensant au succès qu'il pourrait gagner en critiquant le jeu du moment.

 BlackLabel, d'emblée, veut instaurer sciemment un climat de peur, de colère voire de haine entre les jeux de merde, convaincu que cet état d'esprit est salvateur. Mais c'est Pedrof qui décrit le mieux les choses. Plus analytique et moins énervé, il parviendra à toucher à la substantifique moelle de la daube.

L'odeur des daubes, donc, est insupportable. Mais il y a aussi celle de la putréfaction. Pour créer des décors réellement crédibles, Mass Effect met deux cuvettes de toilettes dans le fond d'une salle carrée pour faire croire que c'est les chiottes. Il produit, en partant de cette matière première, un level-design dégénéré qui vient décorer le jeu n'importe comment, et dont l'allure devient insupportable à mesure que les jours passent. Devant un tel manque de professionnalisme,  certains membres du staff sont obligés de sortir pour vomir. Ils ont beau avoir skinés des salles vides, ils contribuent à faire de leur titre une daube nauséabonde. Il faut le dénoncer.

Les conditions de travail sont difficiles, parfois dangereuses, de l'aveu même de BlackLabel.  Il faut prendre garde aux mécontents qui le traite de blasé. Pedrof, qui est le plus mis à contribution, est blessé à plusieurs reprises.

 III. Reconnus trop tard

 De simples blasés du jeu vidéo ? Des critiques conçues pour choquer, par des décérébrés ? Du troll primaire affiché pour titiller la fibre voyeuriste des joueurs ? On a à peu près tout reproché à BlackLabel et Pedrof. C'est dire si le fossé est gigantesque entre cette image et celle des primés par la Sélection Gameblog à plusieurs reprises, plus encore avec leur réputation actuelle, devenue culte avec les années. Désormais, ils font l'unanimité. Alors on a fermé !