Si cet article n'est publié qu'aujourd'hui c'est qu'il m'aura fallu le weekend entier et la journée d'hier pour me remettre de ce bonheur intense qu'est l'administration, en bonne et due forme, d'une bonne fessée à ces messieurs d'outre-manche. Ainsi, le samedi 8 octobre 2011 à 11h, les fiers sujets de sa Majesté Elisabeth II repartaient de l'Eden Park d'Auckland le séant aussi rouge que leurs joues après quelques pintes de mauvaise ale. La faute à des valeureux coqs tricolores ayant à cœur de faire oublier à toute la basse-cour qu'ils avaient les pattes dans le purin depuis trop longtemps.

Il ne s'agit pas ici de refaire le match, car il fut maîtrisé d'une manière incontestable par nos chers "petits". Je m'attacherai plutôt à expliquer les raisons qui font d'une victoire française lors d'un crunch (rencontre France-Angleterre en rugby) un évènement d'une félicité incomparable. La première raison est évidente et tient au fait qu'un crunch est avant tout une rencontre de rugby internationale. Un exceptionnel moment de sport donc, proposant au spectateur son lot de contacts qu'on a l'impression de vivre soi-même, d'évitements spectaculaires, de retournements de jeu haletants, le tout flottant dans une atmosphère qui sent bon la bière, le vin rouge, les chipirons (terme basque désignant à la fois les calamars et les bourpifs amicaux) et les burnes.

La deuxième raison en est historique. En effet, en ces temps de coupe du monde de rugby, et encore plus après un quart de finale contre l'Angleterre, il est de notre devoir de supporteurs du XV de France de nous rappeler que le nom de "perfide Albion", utilisé pour décrire l'Angleterre, n'est pas galvaudé. Ce sont en effet les Anglais qui brûlèrent Jeanne d'Arc en 1431 et qui abandonnèrent des milliers de fiers combattants français sur les plages de Dunkerque en 1941. Plus grave encore, c'est le XV de la Rose qui élimina nos chers Bleus lors des deux dernières coupes du monde de l'Ovalie ! Cette défaite que nous leur avons infligé samedi est donc une revanche méritée sur des siècles de bassesse militaire et sportive et n'en est que plus jouissive.   

La dernière explication à notre joie immense devant le spectacle d'avants français punissant systématiquement une équipe d'Angleterre désemparée, est elle purement sportive. Elle tient au jeu et à l'attitude même du XV à la croix de Saint-Georges depuis la coupe du monde de 2003. Comment ne pas s'énerver devant le spectacle d'un jeu basé uniquement sur le pied (excellent par ailleurs) de Sir Wilkinson et capable de réduire le niveau de virilité d'un match de rugby à celui d'un ballet du Bolchoï ? Comment ne pas s'indigner cette année même face à un maillot de la Rose imitant pathétiquement la mythique chasuble des All Blacks ? Je ressens donc cette victoire française comme une grande gorgée de Saint-Emilion qui chasserait de nos bouches l'arrière-goût de menthe pourrie laissée par trois lustres de fourberie britannique.

Ainsi, et malgré mon profond respect pour les valeurs du sport et du rugby, c'est avec un bonheur et une mauvaise foi non dissimulés que je crie haut et fort "Messieurs les Anglais, partez les premiers (de Nouvelle-Zélande)" .