Divinité majeure des panthéons germaniques et scandinaves et
devenu par la suite le personnage principal du comic éponyme créé en 1962 parStan Lee et Jack Kirby, Thor nous revient cette année dans la peau du héros
hollywoodien et ce sous la direction de Kenneth Branagh. Il est proposé au
grand public dans toute la Gaule dès aujourd'hui  mais, ayant eu l'insigne honneur d'être invité
à l'avant-première du film hier soir, je vous propose ici de vous donner mon
humble ressenti sur la dernière production des studios Marvel.

Thor venu faire un coucou aux géants de glace


Voir Asgard et mourir

Avec Iron Man en 2008, suivi deux ans plus tard d'Iron Man
2
, Marvel a entamé une grande campagne de rafraîchissement de ses licences par
le biais du cinéma à grand spectacle. Ayant apprécié le savant mélange de simplicité
scénaristique assumée et de débauche d'effets spéciaux du premier opus d'Iron
Man
, c'est avec envie que je me suis rendu à la séance organisé par ces
messieurs de chez Disney (heureux propriétaires de Marvel depuis 2009), que j'en
profite pour remercier à nouveau. Et, autant le dire tout de suite, je ne fus
pas déçu par ce qu'on me proposa, le film reprenant à lettre la formule suscitée
et que nous pouvons nous attendre à retrouver dans toutes les adaptations à
venir des comics relatant les tribulations de la bande des Avengers.

En effet, l'action est omniprésente et constitue le gros du
film, comme on aurait pu l'attendre. Les coups de marteaux sont distribués avec
le même entrain que les coups de rein dans une discothèque de Mykonos et les
décors subissent le feu, la glace et la destruction. De leur côté, les héros
accumulent des blessures de guerre qui seront par la suite miraculeusement
résorbés (curieux effet de la foudre) tout en punissant les gens méchants et en
écharpant les gens vraiment méchants.  Bref,
on a le droit à un véritable cours de maniement du marteau de guerre qui se
révèle être une arme particulièrement impressionnante à l'écran dont on ressent
chaque attaque avec un ravissement tout à fait primaire. Chris Hemsworth semble
avoir parfaitement répété ses chorégraphies meurtrières et c'est avec plaisir
qu'on le suivra dans son œuvre d'aplanissement global de Jotunheim, royaume des
géants des glaces, ennemis héréditaires de peuple Asgardien dont Thor est l'intimidant
représentant.  

Thor l'opéra-rock, bientôt à Paris


Mais, toutes ces scènes d'actions n'auraient aucun sens si
elles n'étaient pas placées dans le contexte particulier de la mythologie deThor. Notre héros nous est présenté comme l'héritier du trône d'Asgard, un des
territoires formant les Neuf Royaumes et gouverné par le tout-puissant Odin. Mais,
impétueux et vengeur, Thor trouve intelligent de réveiller la vieille haine qui
sommeille entre sa tribu et celle des géants de glace et déclenche ainsi une
nouvelle guerre galactique. Son père, quelque peu excédé par ces agissements
puérils décide de le bannir et le renvoie sur Terre (un autre des Neuf
Royaumes) dépossédés de ses pouvoirs. A partir de là, le film alterne entre des
scènes de déroulant sur Terre et à l'intérêt plus que limité et des scènes en
Asgard et qui sont, bien au contraire, particulièrement impressionnantes. Les
décors sont d'une beauté à couper le souffle et l'on sent une vraie cohérence
entre tous les éléments de l'univers : bâtiments, costumes, us et coutumes...
Les armures, attributs guerriers et manières des personnages principaux sont particulièrement
bien travaillés. Ainsi, on se surprendra vite en train de s'attacher à l'un d'eux.
J'avoue moi-même avoir un petit faible pour Heimdall, gardien des portes d'Asgard
et dont la capacité à scruter les moindres recoins de l'univers m'aura laissé envieux.
Les muscles nus et surdimensionnés de Chris Hemsworth m'ont au contraire laissé
insensible, mais ont déclenché en moi un profond questionnement sur ma virilité.
J'ai donc mangé douze œufs crus ce matin et ai décidé de poursuivre ce régime
jusqu'à l'obtention de muscles équivalents ou jusqu'à explosion de mon aorte.

Les effets spéciaux sont bien entendu à couper le souffle
notamment sur le générique de fin qui nous emmène dans les branches du grand
arbre cosmique qui relie entre eux les Neuf Royaumes. J'adresserai une mention spéciale
aux animations sur l'armure de Thor et sur la structure du Destructeur dont la
perfection donne presque une texture organique au métal qui les constitue. Je
mettrai par contre un petit bémol sur la scène de chevauché sur le pont
arc-en-ciel se déroulant au début du film et qui nous ramène quasiment aux
débuts de la capture sur fond vert. Je finirai par répéter une nouvelle fois
mon appel à la fin de la 3D systématique. On se retrouve encore devant un film
terne et parfois illisible tout ça pour deux scènes vaguement en relief. Dommage. 

Point trop n'en faut

L'orgie visuelle, premier ingrédient de la « potion
magique Marvel » est donc bien présente, et en grande quantité ! Il fallait
donc, pour ne pas déséquilibrer la recette, limiter le scénario et le jeu d'acteur
au strict minimum. Kenneth Branagh étant plus connu pour son adaptation sur
grand écran du tragique Hamlet que pour les superproductions dopées à la
semence de taureau ibérique, je m'attendais au contraire à de nombreuses scènes
larmoyantes et insupportables de bons sentiments.

Bien heureusement pour moi, ce ne fût pas le cas. On a bien
le droit aux pleurs d'une Natalie Portman effondrée lorsqu'elle pense son beau
viking retourné au Walhalla mais c'est à peu près tout ce que le spectateur
aura à supporter. On sent que le réalisateur n'a pas cherché à sublimer des
acteurs auxquels le dialogue prolongé ne sied guère. Non, on assiste à une
démonstration de modestie d'un Chris Hemsworth sympathique et plutôt attachant,
arrivant même à nous faire rire. Nathalie Portman, dont le talent n'est plus à
prouver, s'en trouve par contre beaucoup trop limitée et aurait pu être remplacée
par n'importe laquelle des potiches hollywoodiennes du moment (au premier rang
desquelles figure Kristen Stewart). Kat Dennings, dont je ne connaissais pas l'existence
avant hier soir, assure le rôle du catalyseur comique, rôle qu'elle joue
parfaitement distillant un humour préfabriqué mais efficace tout au long du
film. Anthony Hopkins, quant à lui, est un ajout appréciable au casting mais qui n'est pas non plus essentiel au film. Convaincant rien de plus. On citera enfin Tom Hiddleston, qui nous livre une interprétation de Loki
à la fois convaincante et touchante contraire au reste de la bande d'amis de Thor qui ne semble être là que pour la photo de famille.

Un brun patibulaire, un blond efféminé et un roux barbu... Ca me rappelle une trilogie

Is that one of Starck's?

Je suis donc ressorti satisfait et diverti d'un film sur lequel
je n'avais aucun a priori, ni dans un sens ni dans l'autre. Je vous invite donc
à aller le voir dans le même état d'esprit, en n'en attendant rien d'extraordinaire
mais en acceptant d'être amusé par des banalités. Les familles y trouveront de
l'action pure, des effets spéciaux impressionnants  et une fin qui finit bien (comme on dit dans
le Bouchonnois). Les fans de Thor et de Marvel y trouveront quant à eux une
superbe représentation de l'univers de la bande-dessinée et de nombreuses
références bien senties à l'histoire des Avengers.

Arthur

PS : Restez jusqu'à la fin du générique, votre patience sera récompensée.

Me suivre sur Twitter.