Bioshock est déjà un vieux jeu mais parmi les nombreux éléments qui lui ont donné son statut de titre culte, il y a la prégnance d'une vision philosophique qui n'a finalement été qu'assez peu commentée en France : l'objectivisme randien.

Préparez-vous, je vais être un peu long.

Si vous avez joué à Bioshock, vous vous souvenez qu'en dépit de l'ironie extrême d'avoir un personnage principal prêt à commettre servilement des meurtres, la notion de choix est au coeur du système de jeu : allez-vous tuer les Little Sisters, ce qui vous rapportera un important gain immédiat ou bien décidez-vous de les épargner, ralentissant votre progression à long terme mais avec d'autres bénéfices à la clé ?

Ce choix est entre les mains du seul joueur. Il impactera la fin que vous verrez, mais aura aussi des implications sur la façon dont le jeu se jouera et sur la façon dont les personnages secondaires réagiront.

Cette thématique du choix est intrinsèquement liée à l'exploration d'une philosophie très particulière - l'objectivisme. Cependant, il va m'être difficile de vous en parler sans resituer un peu donc préparez-vous à un long exposé...

...

C'est bon, vous êtes toujours là ? parfait.


Qu'est-ce que l'objectivisme ?


Comme je ne suis pas si érudit que ça, je vais vous citer directement Wikipedia :

L'objectivisme est une philosophie développée par Ayn Rand dans ses textes (romans, et essais édités dans la lettre d'information The Objectivist) et dans ses discours, qui touche à des domaines aussi divers que l'épistémologie, la métaphysique, l'éthique, la politique et l'esthétique.

L'objectivisme part des principes suivants :
- la réalité existe indépendamment de l'esprit de l'observateur ("réalité objective") ;
- les individus sont en contact avec cette réalité à travers la perception de leurs sens qui permettent la formation de concepts suivant un processus logique inductif et déductif ;
- l'intention morale de l'existence est la poursuite du bonheur ou de « l'intérêt personnel rationnel » ;
- le seul système social compatible avec cet objectif moral est le laissez-faire capitaliste ;
- le rôle de l'art dans la vie humaine est de transformer une idée métaphysique en reproduction sélective de la réalité, dans une forme physique, qui puisse être comprise et générer une réponse émotionnelle.

C'est la version exhaustive. En général, quand les gens pensent à l'objectivisme, ils pensent à deux choses :
- l'accent mis sur "l'intérêt personnel rationnel"
- et celui mis sur le "laisser-faire capitaliste"

Du coup, vous comprendrez pourquoi cette philosophie/idéologie est très "américaine" et pourquoi elle n'a jamais vraiment été popularisée sur le vieux continent, où la tradition philosophique est très différente.


Qui est Ayn Rand ?


Attention, je ne parle pas de ce Rand-là ni de celui-là.

Pour faire bref, Ayn Rand est l'auteure de la philosophie Objectiviste et son nom est d'ailleurs soigneusement référencé dans Bioshock puisque l'un des principaux antagonistes du jeu, Andrew Ryan, contient l'anagramme du nom de la philosophe.

Je citerai de nouveau Wikipedia :

Ayn Rand, née Alissa Zinovievna Rosenbaum (en cyrillique russe : Алиса Зиновьевна Розенбаум), est une philosophe, scénariste et romancière américaine d'origine russe, juive athée, née le 2 février 1905 à Saint-Pétersbourg et morte le 6 mars 1982 à New York.

Ayn Rand est connue pour sa philosophie rationaliste, proche de celle du mouvement politique libertarien, à laquelle elle a donné le nom d'« objectivisme ». Elle a écrit de nombreux essais philosophiques sur des concepts tenant de la pensée libérale, comme la liberté, la justice sociale, la propriété ou l'État et dont le principal, et le seul traduit en français, est La Vertu d'égoïsme (The Virtue of Selfishness en langue originale). Ses contributions principales s'inscrivent néanmoins dans les domaines de l'éthique, de la philosophie politique et de l'épistémologie.

Si vous voulez en savoir plus sur cette dame, n'hésitez pas à parcourir les méandres de Google, vous savez qu'il est votre ami.


Quels sont les principes de l'objectivisme ?


Bon, revenons-en au sujet, qui est donc l'objectivisme. Ayn Rand a pris le parti d'illustrer sa pensée par le biais de romans, dont certains sont assez connus outre-Atlantique, notamment "The Fountainhead" et "Atlas Shrugged" : les gens qui ont joué à Bioshock reconnaîtront immédiatement les références à ces deux romans avec les noms de Fontaine et le pseudonyme d'Atlas...

On demanda une fois à Rand de présenter simplement sa philosophie, ce qu'elle fit de la façon suivante :

Métaphysique : Réalité objective
Epistémiologie : Raison
Ethique : L'intérêt personnel
Politique : Le capitalisme

Elle retranscrit alors sa pensée dans un langage plus familier :

"La Nature, pour être commandée, doit être obéie."
"Tu ne peux manger ton gâteau et le posséder en même temps."
"L'homme est une fin en soi."
"La liberté ou la mort."

Vous serez d'accord avec moi, c'est un peu cryptique, tout ça. Laissez-moi expliciter plus en détail.

Sur la métaphysique
La réalité, le monde extérieur, existe indépendamment de la conscience humaine. Elle est donc indépendante du savoir de l'observateur, de ses croyances, de ses émotions, de ses désirs ou de ses peurs. Cela signifie notamment que A est A, que les faits sont des faits et que les choses sont ce qu'elles sont - et que s'il revient à la conscience humaine de percevoir la réalité, il ne lui revient ni de la créer, ni de l'inventer.

En bref, l'objectivisme rejette toute croyance dans le surnaturel ainsi que toute déclaration comme quoi les individus ou les groupes d'individus créent leur propre réalité.

Sur l'épistémiologie
Ok, pour ceux qui l'ignoreraient, l'épistémiologie désigne la théorie de la connaissance en générale, ainsi que la philosophie des sciences en tant que telles.

Dans ce cadre, selon l'objectivisme, la raison humaine a les moyens nécessaires pour appréhender les faits de la réalité. Cette raison, faculté de conceptualiser, est aussi la faculté qui permet d'identifier et d'intégrer les informations que les sens nous transmettent. A ce titre, la raison est le seul moyen d'acquérir de la connaissance.

Cela signifie que l'objectivisme rejette le mysticisme (c'est à dire le fait d'accepter la foi ou l'émotion comme des moyens pertinents pour bâtir un savoir) ainsi que le scepticisme (qui dit que la certitude du savoir est impossible : pour l'objectiviste, le savoir peut être découvert de façon certaine, pas de place pour le doute).

Sur la nature humaine
L'homme est un être rationnel. La raison, en tant que seul outil de connaissance, est donc son moyen basique de survie. Cependant, l'exercice de la raison dépend du choix de chaque individu : un tel peut choisir de recourir à sa raison, un autre pas. Ce que l'on appelle l'âme ou l'esprit est en fait la conscience, et le "libre-arbitre" est la liberté de l'esprit à penser ou pas. Moins on pense (= recourt à la raison), moins on est libre, donc.

Il s'agit là du choix qui induit tous les autres choix que nous faisons et qui détermine donc votre vie et votre personnalité. Ainsi l'objectivisme rejette toute forme de déterminisme, en tant que croyance selon laquelle l'homme est victime de forces au de-là de son contrôle (telles que Dieu, le destin, mais aussi la naissance, les gènes ou les conditions économiques).

Oui, j'oubliais de le mentionner mais Rand est très très radicale pour nos esprits européens. Attention, ça va se corser. :p

Sur l'éthique
Selon l'objectivisme, la raison est seule meilleure juge des valeurs humaines et le seul guide de l'homme doit être l'action. Le standard éthique est alors :

"Pour vivre, un homme doit tenir trois choses pour valeurs suprêmes et souveraines de la vie: la Raison, le Sens et l'Estime de soi."

"L'homme est qualifié d'être rationnel, mais la rationalité est un choix - et l'alternative que lui offre sa nature, c'est : être rationnel, ou animal suicidaire. L'homme doit être homme - par choix; il doit avoir sa vie comme valeur - par choix ; il doit apprendre à en être responsable - par choix ; il doit découvrir les valeurs qui sont nécessaires à cela et pratiquer ces vertus - par choix.
Un code de valeurs accepté par choix est un code moral."

Pour résumer, l'homme (et chaque homme) est sa propre fin en soi, et non un moyen pour les autres : il doit vivre pour lui-même, en ne se sacrifiant pas pour les autres ni en sacrifiant les autres pour lui-même. Il doit oeuvrer pour son propre intérêt personnel rationnel, avec l'atteinte de son propre bonheur comme plus haut objectif moral de son existence.

Pour aller jusqu'au bout, l'objectivisme rejette finalement toute forme d'altruisme - c'est à dire le principe selon lequel la moralité consiste à exister pour les autres ou la société. Je vous avais dit que ça allait se corser, ben là vous y êtes.

Sur la politique
Le principe social de base de l'éthique objectiviste repose sur le fait que nul homme n'a le droit de s'emparer des richesses des autres par la force physique - en gros, aucun homme ou groupe d'homme n'a le droit d'user de la force physique contre d'autres hommes. Ils y ont droit cependant pour leur propre défense (ouf, doit se dire la NRA) et seulement contre ceux qui ont entamé son usage.

De là, les hommes doivent interagir par le biais de l'échange, comme des commerçants, donnant de la valeur contre de la valeur, par le biais d'un consentement libre en faveur de leur bénéfice mutuel. Dans ce cadre, le seul système politique excluant la violence physique des relations humaines est... le laisser-faire capitaliste.

Le capitalisme, selon Rand, est un système fondé sur la reconnaissance des droits individuels, y compris le droit de propriété, et au sein duquel la seule fonction du gouvernement est de protéger les droits individuels. Ainsi, l'objectivisme rejette toute forme de collectivisme, telles que le fascisme ou le socialisme étatique. Il va plus loin et rejette aussi la notion actuelle "d'économie mixte" où le gouvernement doit réguler l'économie et redistribuer les richesses (en gros, la conception de l'état Providence très prégnante dans la culture européenne).

Sur l'esthétique
Selon l'objectivisme, l'art est une "re-création sélective" de la réalité conformément aux jugements-valeurs de l'artiste. Le dessein de l'art est alors de concrétiser la vision de l'existence de l'artiste. Ayn Rand décrit d'ailleurs sa propre démarche artistique comme un "Réalisme Romantique" : "Je suis une Romantique dans le sens où je présente les hommes tels qu'ils devraient être. Je suis Réaliste dans le sens où je les place ici et maintenant et sur cette terre."

Du coup, l'objectif des romans de Rand n'est pas didactique (elle ne refait pas Voltaire) mais tout simplement artistique : la projection de l'homme idéal randien.

A mon tour de parler

Bon, première chose, félicitation à tous ceux qui ont réussi à tenir jusque là. Seconde chose : soyons bien clairs, si je vous parle ici de l'objectivisme, cela ne signifie pas que j'en partage les vues - ne prenez pas ce texte pour un quelconque texte de propagande.

Bon, la chose la plus évidente à dire quand on réfléchit un petit peu à l'objectivisme, c'est que c'est une idéologie qui n'a absolument rien de pratique. L'idée de se focaliser sur un intérêt personnel rationnel est sympathique, mais elle ignore complètement un concept fondamental : Autrui. Ou plutôt, le fait que peu de gens sont capables de s'occuper seulement d'eux-mêmes en attendant des autres qu'ils s'occupent du reste.

Bon, ok, il y a l'idée de l'échange pour un profit mutuel et tout ça tout ça mais franchement, un tel cadre rend impossibles des choses aussi fondamentales que la police, les pompiers ou les soins médicaux. Vous pouvez certes les privatiser mais personne ne sera content de voir des pompiers passer devant une maison en feu sans rien faire juste parce que ses habitants n'ont pas payer pour leur protection...

Le second autre problème avec l'objectivisme est qu'il n'a aucune vision de long terme. En fait, il ne s'intéresse qu'à ce qui peut être créé aujourd'hui. Réfléchissez : si de brillants inventeurs se mettaient à inventer des machines qui ne profiteraient qu'à eux-mêmes, on pourrait supposer qu'elles pourraient finir par profiter à tout le monde dans les prochains mois. Le souci, c'est que ce genre raisonnement débouche sur le développement de produits et de matériaux qui peuvent avoir des conséquences négatives sur la santé et les ressources environnementales et durables.

Bref, je peux comprendre l'attraction (superficielle d'ailleurs) de l'objectivisme mais je ne peux ignorer tous les désavantages de vivre dans un monde plein d'individualistes ne faisant que ce qu'ils considèrent être le mieux pour eux. L'objectivisme ne marcherait pas, tout simplement parce que non seulement il ignore autrui, mais il peut être désagréable avec. Que se passe-t-il lorsque mon intérêt personnel empiète sur votre intérêt personnel rationnel ? Dans un roman comme "Atlas Shrugged", les grands hommes reconnaissent le travail des autres grands hommes de façon naturelle, comme si c'était évident. Ils se voient les uns les autres comme des grands esprits. Le problème, c'est que ça ne marche pas comme ça dans la réalité. Beaucoup de grands penseurs et autres inventeurs se sont querellés et ont même tenté de se détruire professionnellement et même personnellement (souvenez-vous de la haine entre Edison et Tesla !).

Il paraît évident aujourd'hui qu'un équilibre est nécessaire entre les droits collectifs et individuels - le problème de l'objectivisme, c'est qu'il se focalise beaucoup trop sur les droits individuels pour être une idéologie applicable. Au final, il correspond plus à une idéologie élitiste qu'à autre chose.

Ah mais au fait, de quoi est-ce que je voulais vous parler depuis le début ?

Ah oui, Bioshock !


Bioshock et l'objectivisme randien


Rapture a été présentée par Ken Levine comme une société dystopienne objectiviste.

Pour ceux qui l'ignore, une dystopie - ou contre-utopie - est un récit de fiction peignant une société imaginaire, organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose le pire qui soit.

Du coup, est-ce que Bioshock nous présente bien une telle société dystopienne objectiviste ?

La réponse simple serait : oui. En tout cas, c'est ce que disent les développeurs. Pour le moins, il s'agit effectivement d'une dystopie suscitée par l'effondrement d'une société fondée sur les idéaux objectivistes.

Une plus longue réponse serait : non, je ne pense pas. Bioshock nous montre une société qui s'effondre, mais si elle s'effondre, c'est parce que justement elle n'était pas assez objectiviste. Pour préciser ma pensée, je ne dis pas que Rapture ne serait pas dans l'état où elle finit si les préceptes de l'objectivisme avaient été strictement respectés. Elle se serait aussi effondrée de toute façon, si vous voulez mon avis. Cependant, il y a beaucoup d'indices dans le jeu indiquant que cette société n'avait pas adhéré à l'objectivisme tel qu'il est décrit par Ayn Rand, du coup faire porter à ce dernier toute la responsabilité de ce qui se passe pendant le jeu est erroné.

Je vais y venir.

Andrew Ryan commence comme un idéal de héros randien : un visionnaire, créatif, inventif, plein de ressources, complètement indifférent à ce que les autres pensent de ses actions et tout aussi inflexible dans ce qu'il fait. Cependant, il est prompt à user (et abuser) de l'usage de la force (torture et peine capitale sont le lot de Rapture) pour tous ceux qu'il considère comme des "criminels" et des "parasites" - ce qui contredit clairement le rejet objectiviste de toute violence physique. S'il avait été plus objectiviste, il se serait certainement contenté d'expulser ces gens de sa cité et de les renvoyer à la surface. Hélas, il ne le fait pas parce qu'en plus de tout cela, c'est un paranoïaque qui a peur que la CIA et le KGB découvrent son petit monde, pire, il doit être terrorisé à l'idée que quelqu'un descende dans sa ville pour détruire le petit monde dont il s'est érigé en dieu.

Encore mieux, Ryan retire aux habitants de Rapture leur capacité à agir de façon rationnelle en les contrôlant littéralement par le biais des phéromones qu'il libère dans l'atmosphère...

Du coup, Andrew Ryan n'est finalement rien de plus qu'un maniaque dans des habits d'objectiviste - il peut croire et parler de ses idéaux (c'est à dire la force du marché capitaliste, les affiches de propagande partout dans Rapiture, etc.) mais quand vient le moment de réellement les mettre en oeuvre, il se rabat immédiatement sur la force. Rapture est son monde à lui, et il refuse de partager. Pour le coup, la citation du phare aurait dû être "Ni dieux, ni rois, juste moi"...

Autre argument d'intérêt, la ville de Rapture contient de fait un certain nombre de systèmes non-objectivistes : il y a une force de police, un hospice et un orphelinat. Une société purement objectiviste n'aurait pas besoin d'une force de police, et un hospice et un orphelinat sont des structures beaucoup trop altruistes pour une telle société. Certes, on découvre par la suite que ces structures sont en réalité dirigées par Fontaine, un criminel, qui s'en sert de couverture pour de sombres secrets (la création des Big Daddies et des Little Sisters) mais cela ne change rien au fait qu'elles n'ont rien à faire dans une vraie société objectiviste. Au mieux donc, Rapture est un système mixte, objectiviste en partie seulement - ce que Rand, grande Romantique, aurait brutalement rejeté, pas vrai ?

Encore un autre détail indiquant que Rapture n'est pas un lieu d'objectivisme : les fantômes. L'objectivisme est trop rationnel ("A est A" !) pour accepter l'existence de créatures surnaturelles : leur présence dans la ville indiquerait donc non seulement que l'objectivisme est absent, mais qu'en plus il a tort ! Enfin bon, certes, les fantômes ne sont peut-être que les expressions d'une "mémoire génétique" mais même cela reste bien trop farfelu pour le rationalisme objectiviste...

Enfin, argument final sur le manque d'objectivisme dans Rapture, c'est l'apparition de deux religions différentes. Des symboles chrétiens apparaissent à certains endroits de la ville, alors que les citoyens les plus riches ont sombré dans un culte de débauche autrement plus sanglant. Et comme nous l'avons vu plus haut, l'objectivisme rejette toute religion.

Et voilà (enfin) ma conclusion : est-ce que Bioshock contient des éléments objectiviste ? Tout à fait. Mais je pense qu'il est difficile d'affirmer que c'est l'objectivisme qui a mal tourné à Rapture. L'effondrement de cette société est plus dû à une conjonction entre orgueil, peur et avidité - la même combinaison de chose qui vient à bout de beaucoup de sociétés. Au final, Bioshock ne s'est pas montré assez Romantique, en oubliant de parler de ce que les choses devraient être, héhéhé.