Mais non, mais non, je vous rassure, je ne vais pas arrêter mes billets d'ALT+TAB - vous pouvez donc ranger vos mouchoirs.

En fait, après vous avoir parlé des intros de jeux la semaine dernière, il m'a paru naturel d'aborder à présent le thème des fins de jeux - et curieusement, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus à dire dessus que sur les débuts de jeux.

Voyons cela ensemble, voulez-vous ?

Tout d'abord, contrairement aux introductions, il n'y a en fait aucune contrainte formelle établie sur ce en quoi doit consister une fin de jeu. Cela peut être des choses aussi variées qu'un message de félicitation, un générique interminable avec les noms de tous les créateurs du jeu, une cinématique sublime aussi longue qu'un film, un mini-jeu surprise, voire rien du tout.

La raison est a priori simple : à gameplay différents, fins différentes.

Ainsi, les jeux d'arcade à l'ancienne se contentaient du mythique "Game Over" car l'intention alors était finalement de perdre le moins de temps possible lorsqu'un joueur arrivait "au bout" afin de pouvoir enchaîner rapidement sur la partie suivante (car le temps, c'est de l'argent). Pire, ces premiers jeux ne faisaient de fait aucune différence entre une fin positive ou négative - que vous gagniez ou perdiez, c'était toujours "Game Over" - donnant à l'expression son statut iconique.

A vrai dire, il faudrait même être un peu plus précis en signalant que l'expression Game Over ne vient pas à l'origine des jeux vidéo mais des machines d'arcade qui les précédaient, à savoir... les flippers. Et oui, trop fou.

On remarquera alors que l'intérêt des jeux à cette époque préhistorique était d'obtenir le plus haut high-score avant la défaite finale - comme si en cette ère lointaine, le voyage était finalement plus important que sa destination...

Puis, un jour, les développeurs eurent l'idée géniale d'ajouter un scénario à leurs jeux, injectant soudain une structure dans ce qui n'était jusque là qu'une boucle infinie : en effet, qui dit scénario dit un début, un milieu et une fin. Et depuis lors, ils n'ont pas manqué d'idée sur la façon dont leurs titres devaient se conclure...

Depuis lors, la fin d'un jeu désigne généralement une séquence graphique et musicale présentée au joueur comme une ultime récompense pour avoir réussi à terminer le jeu. De là, comme je l'ai signalé plus haut, les fins de jeux peuvent varier énormément, d'un simple message de félicitation à une cinématique concluant toute la trame scénaristique - de la même façon qu'un film, en fait.

On remarquera alors que la complexité des jeux influent souvent celle de leurs fins. Il y a donc un lien direct entre le type de jeu et la fin qu'il vous proposera, même si les dernières années ont un peu brouillé les frontières.

Ainsi, un jeu doté d'un scénario dense et de personnages fouillés (les jeux d'aventure et les RPGs sont les premiers qui viennent à l'esprit) tendra à proposer une fin relativement longue et complexe, résolvant tous les noeuds du scénario, alors qu'à l'inverse, les jeux d'action (FPS et autres jeux d'arcade) tendent à proposer des fins beaucoup plus courtes - qui se ramènent parfois à un simple "Bravo, tu as gagné !"

Ce n'est pas toujours vrai, bien entendu. Je me souviens d'action-RPGs comme les Diablos dont la fin était relativement courte et, comment dire, directe. A l'inverse, des jeux d'action frénétique peuvent avoir une fin longue et complexe.

Aussi étrange que cela puisse paraître, les fins de jeu sont d'une qualité souvent inférieure à celle du jeu en lui-même. C'est toujours aussi vrai pour les jeux dont le gameplay privilégie plus l'action que le scénario. Pire, il est devenu habituel d'avoir des jeux dont l'intro est fantastique, avec de longues et belles cinématiques, qui se terminent avec une séquence beaucoup plus courte et presque... décevante.

A priori, je dirais que la principale raison à cela est que les délais de développement d'un jeu étant généralement (très très) serrés, la fin du jeu est souvent le premier poste à voir ses ressources réduites au profit d'autres aspects du jeu - d'autant qu'on peut légitimement considérer qu'une partie non-négligeable des gens qui y joueront ne le finiront pas (surtout s'il est difficile). Les FPS sont ainsi devenus célèbres pour proposer une fin emblématique généralement d'une minute ou deux montrant le QG du grand méchant explosant débouchant immédiatement sur les crédits du jeu (bah oui, c'est à peine s'ils ont pu respecter les délais de livraison).

Et donc, contrairement à la conclusion d'un film, la fin d'un jeu vidéo n'est présentée uniquement si le joueur termine la séquence finale, qui consiste généralement en un combat ultime contre le grand méchant - combat pour lequel il aura souvent fallu jouer pendant quelques jours avant de l'atteindre.

De fait, c'est aussi une séquence qu'il est relativement difficile de revoir après la première fois car même si le jeu vous propose de sauvegarder juste avant le combat final, le joueur devra de toute façon se réentraîner pour réapprendre le maniement du jeu si cela fait longtemps qu'il n'y a plus touché... Certains titres, plus généreux, vous propose de revoir à volonté les cinématiques proposées une fois le jeu fini mais ce n'est pas une généralité.

De fait, la fin d'un jeu est donc surtout un événement rare, et je ne sais pas pour vous, mais lorsqu'elle commence, je me plonge systématiquement dans un état de concentration le plus total pour ne pas en perdre une miette, savourant ardemment le goût de ma victoire (surtout si j'ai bien sué pour arriver jusque là). Il m'arrive d'ailleurs souvent de remettre à plus tard le moment où je finirai un jeu afin d'être dans les meilleures conditions possibles pour en profiter...

Bon, à présent que nous avons bien cerné ce qu'était une fin de jeu, je vais essayer d'établir une typologie des fins assortie d'exemples plus ou moins célèbres. Voici ce que j'ai pu faire ressortir :
- une fin courte, abrupte, décevante
- un film interminable
- un mini-jeu
- une fin coup de théâtre OMFG
- un cliffhanger
- les fins multiples ou alternatives

N'hésitez pas à me compléter si j'ai oublié un type de fin notable !

La fin décevante

Il s'agit donc des fins archaïque du style "Game Over", "Thanks for playing" et autres "Gratz, you won !".

Un exemple très célèbre de ce genre de fin reste Eye of the Beholder. Je ne sais pas si vous y avez joué mais après avoir souffert sur je ne sais combien de niveaux de donjons interminables, après avoir peiné et souffert horriblement au travers de tous les pièges du jeu, lorsqu'enfin vous arriviez à tuer le Beholder final, vous êtiez alors récompensé d'une... petite fenêtre bleue expliquant que le Beholder était mort et que les aventuriers retournèrent à la surface où ils furent fêtés en héros. Et voilà, c'était tout. Pas d'image, pas de cinématique quelconque, absolument rien.

C'était à fracasser l'écran avec votre clavier...

Hélas, on croirait ce type de fin limité à la préhistoire du jeu vidéo mais il n'en est rien ! Je pourrai citer la fin de Halo 2 (une cinématique du niveau d'une transition de niveau) ou celle de Medal of Honor - Allied Assault, qui débouchait directement sur les crédits du jeu... Et je suis sûr que j'en oublie.

La fin énorme et interminable

Bon, là, la référence restera encore et toujours la série des Final Fantasy, et plus globalement les jeux de Square-Enix, qui restent un modèle en matière de fins interminables. Chacun de ces titres proposait en effet une fin faisant au minimum une dizaine de minutes, pour ne pas dire une demi-heure dans le cas de certains.

Bien souvent, ce type de fin marque profondément le joueur, qui se sent extrêmement bien récompensé de tout le temps et l'effort qu'il a pu mettre dans un jeu. Voici

La fin de Final Fantasy VI, qui dure 22 minutes :

Malgré tout, je serai vraiment injuste de ne pas mentionner ce qui est sans doute la fin la plus longue de l'histoire du jeu vidéo : Metal Gear Solid 4, avec une fin qui dure une heure !

Si vous avez joué à un jeu proposant une fin plus longue que cela, n'hésitez pas car moi, j'ai jamais vu mieux...

La fin mini-jeu

C'est très rare mais parfoisn, vous tombez sur une perle qui vous propose une fin originale qui au lieu de vous imposer la liste interminable des gens qui ont fait le jeu vous propose au contraire de vous relaxer en jouant à un mini jeu.

Les deux premiers exemples qui me viennent à l'esprit sont Smash Bros. Melee sur Gamecube avec un jeu de tir ainsi que Meteos :

La fin coup de théâtre OMFG

Historiquement, je crois que la fin OMFG la plus connue reste celle de Metroid, où on découvre que le héros que l'on contrôlait depuis le début était en réalité... une femme. Imaginez le choc à l'époque !

Dans le genre sympatique un peu moins OMFG, une autre référence reste celle de Portal, avec la chanson Still Alive où l'oridinateur que vous avez passé tout le jeu à tenter de détruire vous chante tranquillement qu'il est... still alive !

Le cliffhanger

Hélas, c'est un type de fin que je n'apprécie guère, celui des cliffhangers. C'est devenu une mode dernièrement de proposer des fins de jeu débouchant sur l'arrivée d'une suite, au lieu de boucler correctement l'histoire. Autant pour les franchises établies, cela peut se comprendre mais il y aussi des jeux à plus petits budgets qui se permettent de faire ça et là je dis, WTF ? Surtout que le risque de ne jamais avoir de suite devient alors beaucoup plus réel.

Pour le coup, laissez-moi vous montrer le tout premier jeu pour lequel j'ai eu droit à une fin de ce genre - Golvellius, sur Sega Master System (oui, je suis vieux à ce point-là) :

Et vous pouvez vous en douter, de suite, il n'y a jamais eu... Cela dit, la fin était suffisamment satisfaisante pour que je leur pardonne (mais quand même, j'ai espéré des années qu'ils fassent une suite, vous parlez d'un traumatisme !).

Les fins multiples

Et voilà, j'ai gardé le meilleur pour la fin (*bruit de cymbale*), avec les jeux à fin multiples.

A bien des égards, je pense que c'est le type de fin le plus pertinent et donc le plus abouti en matière de jeux vidéo. En effet, il s'agit d'un art interactif et qui dit interactivité, dit multiplicité des comportements et conséquences selon les joueurs : quoi de mieux qu'un jeu qui vous propose une fin adaptée à la façon dont *vous* avez joué ?

Et oui, c'est idéal.

De fait, on compte finalement un bon nombre de jeux dotés de fins multiples, de Fallout, Dragon Age et autres RPGs à GTA IV et Heavy Rain mais s'il fallait choisir, je ne vous en proposerais qu'un, l'ultime modèle d'excellence en la matière qu'est Chrono Trigger.

Et pour le coup, voici la vidéo de la fin la plus difficile à obtenir du jeu : la Devlopment Room - où les développeurs se sont mis en scène, y compris Akira Toriyama et Nobue Imatsu à la fin ! Trop fou !

Et voilà, n'hésitez pas à partager les fins des jeux qui vous ont le plus marqué par leur excellence ou leur médiocrité - je n'ai pas fini assez de jeux pour parler en véritable expert...