Plate-Forme : Xbox 360 / PS3 / PC
Test effectué sur : Xbox 360 et voix anglaises.
Date de sortie PAL : 14 Octobre 2010.
Editeur : Electronic Arts
Développeur : Danger Close (solo) / Digital Illusions CE (multi)
Medal of Honor et Call of Duty, c'est une longue histoire. A la base, c'est tout une partie de la team "2015" qui a travaillé sur MoH : Debarquement Allié (PC, 2002) qui quitte EA pour Activision afin de former Infinity Ward et développer Call of Duty, 1er du nom, avec plus ou moins la même recette. FPS scripté sur le thème de la seconde guerre mondiale.
Fast forward, fin 2007. Medal of Honor Airborne sort. On parle toujours de la WW2, même si on vante les possibilités d'atterrir en parachute ou l'on veut sur la carte et des scripts en conséquence. Au même moment, Call of Duty 4 : Modern Warfare pointe le bout de son nez. C'est officiel, la même recette adaptée aux opérations spéciales de nos jours marche comme un charme et le pauve MoHA passe inaperçu en cette fin d'année chargée.
Depuis EA a tenu le silence sur sa licence, laissant plutôt le spotlight FPS sur sa série Battlefield avec les Bad Company 1 & 2. Mais que voilà, cette année ? Medal revient avec pour théatre la guerre actuelle en Afghanistan. On sent que quelqu'un a un peu les nerfs et veut sa vengeance. Alors, "Un justicier dans la ville 2" ou plutôt "Irreversible", cette revanche ? ?
Tonight on the news
Il était une fois l'invasion de l'Afghanistan par les forces américaines. Nous suivons les destins croisés d'un Navy Seal "Rabbit", d'un Ranger "Dante" et d'un membre de l'unité "Tier 1" des Delta Force : Deuce. Différents types d'opérations seront menées. Infiltration, opération coup de poing, Sniping... Jusqu'à ce que tout dégénère, que ce soit la merde et qu'il faille sauver des soldats en bien mauvaise posture.
En arrière plan, il y a aussi toute une histoire de conflit d'ordres entre un général tranquillement à l'abri dans son bureau aux USA qui ne comprend rien à rien et un colonel "sur le terrain" qui sait de quoi il parle. Bien sur l'incompétence du général contribuera à la dite merde.
Il parait que c'est plus ou moins inspiré de l'opération Anaconda. Pour le reste c'est assez basique. On sent quand même une certain travail d'écriture sur le fait que le destin des 3 soldats finissent par se recouper alors qu'ils travaillent à la base sur des objectifs relativement indépendants. Ce point là est réussi. Par contre, on a aucun attachement aux personnage, là ou dans Modern Warfare par exemple, on appréciait Gaz, MacTavish et Griggs, ici on se fiche royalement des persos que l'on incarne et des autres. On ne repère vaguement que note pote Dusty : c'est le barbu sur la couverture du jeu et du coup il a une barbe charisme +1 mais c'est tout. C'est aussi le problème de vouloir s'intégrer dans une guerre "réelle", on peut pas trop sortir de la réalité en terme de situations et on se doit d'éviter l'extravagance pour être crédible. Et du coup, l'ambiance en prend un coup. En parlant de crédibilité, il y avait mieux pour l'image du jeu que de copier à la virgule près des répliques du livre "Generation Kill" (ou de la série télé qui en est tirée).
Basé sur des barbus réels.
Jambon-beurre au piment ?
Et pour le gameplay ? Bah c'est assez basique hein. Iron Sight, tuer les méchants, se mettre à couvert. La vie se régénère. Et on recommence. On appréciera la possibilité de se pencher et la glissade tout de même. Ce sont des fonctions trop peu appréciées des FPS "grand public" modernes et les revoir est un petit bonheur même si au final leur utilité est très limitée.
On commence avec deux armes faites spécialement pour la mission. Si vous commencez avec une mitrailleuse lourde et un fusil à pompe, vous pouvez être sûr que vous allez avoir du travail de couverture et du combat rapproché. Et surtout, vous n'aurez pas besoin d'en changer. Les ennemis lâchent bien leurs armes quand ils meurent, mais vous n'avez jamais spécialement envie de les ramasser, surtout quand vos alliés transportent en permanence sur eux des caisses de munitions pour vos armes. C'est pratique ça quand même.
Quelques variations sur les missions sont quand mêmes les bienvenues : combat dans une "tempête" de sable, railshoot en hélicoptère ou défense d'une vieille maison tombant en ruine. Sinon, on est en terrain connu.
C'est un peu la faute au parti pris de mettre en scène le joueur dans des situations "crédibles" (à défaut d'être totalement réalistes) tout en simplifiant le gameplay pour le rendre jouable par tout le monde.
Pas vraiment de moment "épiques" ou plus mémorables que ça.
Par contre, des scripts trop visibles en veux-tu en voilà. Entre ceux qui ne marchent que quand on se rend à l'endroit X défini par les développeurs, ceux qui sont tellement décalés par rapport aux "vrais moments de jeux" que l'immersion est ruinée ou carrément ceux qui déconnent, ne se lancent pas et nous forcent à relancer une partie.
Autre point mi-figue, mi-raisin. Les cinématiques. Autant certaines servent généralement à lier deux missions entre elles sans passer par un écran de chargement quand elles se passent dans la salle de commande. Autant celles en "vue à la première personne" où l'on n'a aucune maitrise sur rien, ça pue un peu. Notamment sur le passage du "débarquement" en hélicoptère. On ne touche pas à la manette tandis que notre personnage cours entre les soldats blessés, et les tirs ennemis. C'est con, il y a 10ans, c'était la scène la plus forte de "débarquement allié" et on était en contrôle à tout moment.
Pour être franc, les sensations de tir sont là, les effets sur les ennemis aussi, la mission "Friends for Afar" est excellente, le rythme est soutenu et les développeurs savent nous livrer une histoire bien narrée, c'est juste que les petits défauts ou facilitées du jeu ruinent un peu le tout.
N'empêche, y'a eu tellement de marketing sur cette barbe que j'ai du mal à montrer autre chose dans mes screens.
La 7e compagnie
Changement radical pour le multi, cette fois développer par les petits gars de Dice, connu pour leur travail sur Battlefield.
Déja graphiquement on a droit au moteur Frostbite déja vu chez les précédents jeux de Dé (get it ?).
A mi chemin entre BFBC2 et Modern Warfare 2, on a le droit à quatre modes. Un Team Deathmatch, une version légère des drapeaux de Battlefield, le même traitement pour le mode Assault et Combat Mission, deux modes basés sur la capture d'objectifs avec une team de défenseurs et une autre d'attaquants. Pour participer à ces petites fêtes. 3 classes : Rifleman, Special Ops et Sniper. La première vous propose de tout défourailler, la seconde d'être un peu plus subtil avec un bazooka et la troisième de camper.
C'est simple facile à prendre en main et on s'amuse vite. Cependant, le manque de profondeur, d'emphase sur le teamplay, font qu'on se dit très vite : "p'tain, je me ferais bien un Battlefield moi". Surtout que si le button mapping reste le même entre le solo et le multi, certaines actions (comme la position "couchée") disponibles dans l'un ne le sont pas dans le second. Déstabilisant.
Avec le temps on maitrise : On tue vite, on meurt vite, on revient. On connait de mieux en mieux les maps. La recette a fait ses preuves. On fait des kill streak. On s'amuse quoi.
Et puis, on commence à repérer un truc pénible. Atrocement pénible, même. Il y a un lag réel entre l'impact des balles et votre déplacement. Je m'explique. Je m'apprête à prendre d'assaut un point de contrôle, je me décale du mur ou j'étais couvert. Je vois un ennemi mais il m'a clairement vu en premier. Plutôt que de tirer une rafale en espérant le tuer, je me décale instantanément en voyant son arme s'animer du coin de l'œil, préférant la jouer safe. Me voilà à couvert depuis une seconde que je sens les balles me perforer. Ne me parlez pas de décors que l'on peut perforer. L'excuse ne marche qu'une fois, ça m'est arrivé trop souvent.
Ce n'est pas non plus réservé à ma Xbox et ma connexion ou à mon légendaire esprit de mauvais joueur, l'incident ayant été observés chez des joueurs PC respectables.
Autre chose : C'était dans BFBC2 et j'aurai aimé que ce soit là, la petite séquence de 5 secondes nous montrant notre assassin, c'est bien, ça permet de savoir pourquoi on a été tué (et donc d'apprendre de nos erreurs) et surtout d'où (pour qu'on aille lui péter la gueule). Ca évitait la campe trop prononcée et forçait à prendre des risques. Comme quoi les petits détails font souvent la différence.
Tiens tant que j'y suis, EA, je vous crache à la raie. C'était bien de parler de "Talibans" comme ennemis des forces alliés. On s'encrait dans la réalité et ça renforçait l'ambiance. Non, vous avez fait vos tafioles et vous avez choisi d'appeler le camp : "Opposing force"... Super une autre version du whateveristan...
Bravo les mecs.
Bon, je râle pas mal, mais j'y ai passé des bons moments, le multi a des bases solides et on s'amuse facilement. C'est juste dommage que le tout soit plombé par des petits défauts et énervements profonds.
"Mon idéologie à moi ? L'opposing forcisme."
Ah, vous vous êtes pas trompés de moteur ?
On a beau être sur une modification de l'Unreal Engine 3, on se retrouve avec le minimum syndical. C'est pas moche, mais c'est pas vraiment très beau. Après, je comprend que des montagnes à pertes de vue, ça laisse assez peu de place à une fulgurance graphique. Ca permet plutôt de justifier le "c'est marron, c'est réaliste". Les animations ne sont pas forcément toujours convaincantes, d'ailleurs. Certains takedowns d'ennemis par vos potes manquent clairement de fluidité ou de contact.
Le voice acting est un peu du même niveau correct mais sans plus. Les musiques me sont passées au dessus de la tête tellement elles sont anecdotiques.
Brochievements
Division parfaite entre multi et solo (500 pts partout). Chaque mission a son succès pour le finir et pour remplir un objectif supplémentaire (détruire X maisons en hélicoptère, sniper chaque partie du corps de différents ennemis, etc) en plus de quelques autres "à tenter" comme faire 7 headshots de suite.
En multi on vous incitera surtout à toucher aux 4 modes de jeu et à consacrer du temps au jeu, mais assez peu d'emphase sur "THE SKILLZ". Cet aspect (mineur) du jeu est une réussite.
Bon quand même y'a des explosions, je suis content.
Medal of Honor réussit à se replacer comme un presque concurrent à Call of Duty. Leur produit est perfectible mais au moins il est là. Bases solides mais à chaque fois gâchées par un manque d'identité et des petits détails irritants. Il reste à espérer que les deux équipes de développeurs apprendront de leurs erreurs pour nous livrer un bien meilleur FPS que celui-ci.
En attendant le jeu s'adresse à ceux qui veulentt un FPS de guerre moderne en attendant "Black Ops" (Oui, je sais il sort aujourd'hui, j'avais écrit le test avant). Ceux qui peuvent patienter passeront leur chemin.[6]
