Une fois n'est pas coutume, je vais empiéter un peu sur les plates-bandes de Volken en vous parlant cette fois d'un film d'animation japonaise.

Quand on y pense, les films basés sur des jeux vidéos, il y en a et il y en aura encore, des daubes du style Super Mario Bros le film aux ratages comme Final fantasy - the Spirit Within. Comme vous pouvez voir, les très bons films de jeux vidéo ne courent pas les rues, ce qui accentue la valeur du film dont je vais vous parler aujourd'hui...

Ce film, c'est Summer Wars, de Mamoru Hosoda.


Le monde de Oz

Ce type avait déjà commis la Traversée du Temps, film que j'avais trouvé exceptionnellement décevant. Du coup, c'était avec circonspection que j'allais voir Summer Wars l'été dernier et que j'en suis sorti... enthousiasmé.

Ce film n'est pas basé sur un jeu vidéo particulier mais tout à l'intérieur y transpire le jeu vidéo. A vrai dire, je préfère ne pas mâcher mes mots et dire carrément que nous avons là un nouveau monument en hommage à notre pop-culture. Le DVD étant sorti il y a une semaine, je me le suis offert et le revisionnage n'a rien enlevé à mon amour pour ce film, bien au contraire.

De quoi parle Summer Wars ?

Nous sommes dans un futur proche où Oz, un logiciel à la fois réseau social et jeu en ligne (quelque part entre Facebook, la Wii et World of Warcraft, si vous voyez ce que je veux dire) imprègne complètement le quotidien : on se connecte à Oz pour communiquer, jouer mais aussi faire ses achats et autres démarches administratives.

Nous découvrons alors le jeune héros, Kenji Koiso, un ado génie des mathématiques travaillant au support de Oz, qui se voit piégé et utilisé à son insu dans une tentative de hacking de Oz... qui réussit.


La vilaine IA !

Le chaos semé dans Oz se répercute rapidement dans le monde réel alors qu'une intelligence artificielle (IA) malfaisante commence à perturber tous les systèmes d'information. Kenji doit alors prouver son innocence et lutter contre l'intelligence artificielle, tout en assistant à la réunion de famille de sa dulcinée à la campagne (dans la plus pure tradition de la comédie adolescente).

Cette réunion de famille est un gros événement : de nombreuses générations de la famille Jinnouchi, de la matriarche aux petits-enfants, sont présents et toute la famille s'enorgueillit d'un héritage historique important remontant aux guerres féodales du japon. Or, tous dans cette famille, des plus âgés aux plus jeunes, sont connectés et présent sur Oz par le biais d'un avatar.

De mémoire de Pyram, je crois que c'est le premier film où le gaming est présenté comme une activité naturelle, qui va de soi, et complètement intégrée à la société. Le jeu vidéo y est une expérience sociale, qui rapproche les gens, et on est très TRES loin ici du cliché habituel du joueur asocial réfugié au fond d'une cave (à la Lain) qui effraient les gens avec leurs skills de ouf.

Pour aller plus loin, je crois que je n'ai jamais vu de film aussi imprégné par le gaming, ponctué qu'il est par d'innombrables références à la pop-culture du jeu vidéo. Les enfants de la famille, de 7 à 10 ans sont collés à leur DS en quasi-permanence. Les adolescents sont enchaînés à leur ordinateur portable. Le héros et son meilleur ami sont des modérateurs de Oz. Sa petite amie et ses tantes communiquent entre elles via Oz sur leur téléphone portable. Les adultes trentenaires de ce film ont joué à des jeux vidéo toute leur vie et continuent à trouver du temps pour jouer un peu, et cet effort de leur part est intégré dans le combat de tous pour sauver le monde de l'IA.


Toute la famille est unie par la culture du gaming

Le graphisme du monde réel est celui d'un animé japonais classique, tandis que les graphismes à l'intérieur de l'univers d'Oz sont similaire à du flash. Dans l'univers virtuel, tous les personnages se déplacent et s'expriment au travers d'un avatar : de l'écureuil du héros à la fille-chat de l'héroïne en passant par un lapin de combat, le grand oncle en poulpe ninja, et même un train ailé - c'est dire !

Parmi les nombreuses références à la gaming-culture, je pourrais citer les séquences de jeu de combat à la Streetfighter, la transformation façon Magical Girl à la Sailor Moon de l'héroïne lors du combat final, l'utilisation de l'hanafuda (jeu de carte japonais traditionnel) dans le cadre d'une opposition entre tradition et modernité, et j'en passe. Vous pouvez regarder ce film et trouver sans cesse de nouveaux clins d'oeil.

A présent, vous avez sans doute deviné pourquoi j'aime autant ce film.

Pour une fois, dans cet univers, tout le monde joue au jeu vidéo, et celui qui y joue n'est pas un freak, au contraire, il est dans la normalité. La famille qu'on nous montre dans Summer Wars joue aux jeux vidéo, que cela soit casuellement ou de façon hardcore, en ligne ou en réseau, pour garder le contact, et finalement rester ensemble - bref, le jeu vidéo y est montré comme un vecteur de lien social. Les jeux ne sont pas présentés comme des facteurs d'isolation, malsains et/ou dangereux, ils sont au contraire ce qui unit la famille, en rassemble les membres pour lutter contre une menace qui les dépasse.

Summer Wars est la preuve que les clichés dont nous autres gamers sommes victimes peuvent être mis à bas. Il prouve que le gaming dans la fiction n'est plus destiné à être relégué auprès de personnages solitaires et bizarre. Les mondes virtuels vont au de-là du basique "Ohlala, si tu meurs dans le jeu, tu meurs aussi dans la vraie vie !". Ce film nous présente des personnages de gamers casuels attachants ainsi que des hardcores sous un éclairage positif. Ces derniers ont beau être des nerds manquant de confiance en eux, ce sont des êtres sympathiques, non dénués de compétences sociales minimales.

Si vous êtes un gamer, vous aimerez ce film. Drôle, passionnant, émouvant, il est remarquable alors n'hésitez pas.


Les avatars de tous les membres de la famille (notez le train ailé ! Trop cool !)