Voilà, après un intermède shōjo, passons à quelque chose de plus viril, de plus masculin, sans rose partout : du pur shōnen ! Je vous parlerai aujourd'hui de Soul Eater, le projet des dix ans de Bones. Cette fois-ci pas d'ambiguïté, on est vraiment dans un pur shōnen de combat, attendez-vous donc à y retrouver pas mal des clichés du genre. Allez c'est parti, visite guidée du shōnen (re)vu par Bones.

Soul Eater est comme je vous le disais le projet des dix ans de Bones. Partant de là, on pouvait s'attendre à un animé de qualité (et c'est le cas). Le nom du réalisateur, Takuya Igarashi, vous paraitra sans doute familier, puisque j'ai parlé de lui lors du dernier Fureur Manga, ce monsieur ayant également réalisé Ouran High School Host Club. Le studio Bones ayant été fondé en 1998, vous devinerez sans peine que l'animé a commencé à être diffusé en 2008.


L'équipe au grand complet

Je disais donc dans mon introduction que Soul Eater est un pur shōnen, mais tout dépend de la définition que vous mettez sur ce mot. Prenez les classiques connus de tous : Saint Seya, Dragon Ball Z, Naruto et Bleach (tout le monde doit en connaître au moins un, hein ?), Le point commun de ces animés, outre l'amour immodéré pour la baston qu'ils convoient, c'est leur incroyable longueur (et encore je n'ai pas inclus One Peace, qui bat tous les records) : entre les fillers, les résumés, les flash backs intempestifs et les scènes utilisées 15 fois par combat, on s'en tire avec des centaines d'épisodes, ce qui il faut le dire fait assez peur.
Alors de premier abord, vous pourriez vous dire que "oui, ça va encore durer trois plombes, regardons plutôt cette série en 13 épisodes là". Mais non. Bones a encore frappé et a su créer une série animée (je rappelle que le manga est toujours en cours) rythmée et énergique, et en seulement 51 épisodes (4 saisons donc).


Death City

Bon on reste dans le domaine du shōnen tout de même, et je vous avouerai que les nouveautés dans ce domaine se font plutôt rares de nos jours. D'ailleurs vous pourrez sans doute retrouver la plupart des éléments de base de Soul Eater dans une de vos séries préférées. Je vous donne le synopsis, à vous de trouver de quel animé provient chaque caractéristique.

ATTENTION, CERTAINS TERMES POURRAIENT VOUS FAIRE PENSER A BLEACH. MIS A PART CES TERMES, AUCUN LIEN N'A PU ETRE DEMONTRE ENTRE CES DEUX ANIMES, MERCI DE CONTINUER VOTRE LECTURE.

L'histoire (en tout cas son début) prend place à Death City, et se concentre plus particulièrement sur la Death Weapon Meister Academy, dirigée par Shinigami (dieu de la mort en japonais, et là c'est son nom, pas son titre). Nous suivons donc des étudiants qui étudient et s'entrainent pour collecter les âmes des humains corrompus par leurs vices, ceci afin qu'ils ne se changent pas en démons. Chaque weapon meister a un partenaire, qui est également son arme. Leur but à court terme est d'absorber 99 âmes d'humain et une de sorcière afin de devenir des Death Scythe (Faux de la mort en gros), seules armes capables d'êtres maniées par Shinigami. Les sorcières étant les ennemis jurés de l'académie, des êtres puissants et maléfiques qui souhaitent apporter le chaos dans le monde.
Les membres de l'académie vont du simple humain à l'arme vivante, mais comptez aussi sur des loups garou, un savant fou avec un boulon dans la tête (qu'il adore tourner) ou même un zombie !
Bref du classique, mais on a d'autres personnages plutôt intéressants. Excalibur par exemple, arme la plus puissante du monde, mais que personne n'utilise car personne ne peut... la supporter ! D'ailleurs il vous fera souffrir vous aussi lors de ses apparitions, je vous aurai prévenus !


Maka et Soul, ce dernier étant sous sa forme de faux

Les personnages principaux ne sont pas tous super réussis. Si Maka et Soul sont moyens, Blac Star, le ninja officiel de l'animé, fait plutôt office de Naruto-like dans sa manière d'agir. D'autres personnages ainsi que quelques bonnes idées viennent rattraper le tout, comme les troubles obsessionnels compulsifs de Death the Kid, la rivalité entre Black Star et Soul, ou encore la bizarre tension sexuelle entre le Dr Stein et Medusa. Tout un tas de petites interactions ajoutent ainsi aux personnages, venant se rappeler à notre bon esprit pendant les combats ou les moments un peu "creux", pour ajouter un peu de piment aux choses avec quelques remarques bien senties ou égayer des pauses au sein d'un épisode. Elles permettent également de voir ces personnages comme de vraies personnes, et non pas comme des héros juste là pour coller des baffes aux ET/ninja/pirates/monstres qui se présentent en face.


Excalibur, arme la plus saoulante du monde

L'animé débute avec quelques épisodes présentant les principaux personnages, enfin ceux qu'on va suivre la plupart du temps. On fait ensuite en sorte de les envoyer sur des missions qui vont leur poser problème, et au fur et à mesure que l'animé avance, ceux-ci ont des responsabilités de plus en plus grandes avec leurs missions, ce qui aide bien sûr à garder une certaine tension et permet d'apporter une crédibilité aux échappatoires des ennemis (ben ouais ils se battent pas contre l'élite, mais contre des gamins).


Le professeur Stein (Franken de son prénom), mad scientist officiel de Soul Eater

D'ailleurs parlons de cette tension et du rythme de l'animé. Comme beaucoup de shōnen, les rebondissements sont assez prévisibles, en particulier ici dans la seconde moitié de l'animé, et le fait que le monde doivent être sauvé par une bande d'étudiants ne semble choquer personne. Bon certes ça arrive souvent dans les mangas, mais en général ils ont un pouvoir spécial que personne n'a ou une autre connerie du genre. Ici, on a des types bien plus badass et puissants, mais on envoie les newbies. Ce qui sauve les meubles, c'est le rythme de l'animé. En effet le scénario ne permet aucun temps mort pour que vous vous posiez des questions à ce sujet : les problèmes s'accumulent plus vite qu'ils ne sont résolus, ne laissant aucun répit à ces pauvres étudiants ni à nous, pauvres spectateurs. On monte ainsi crescendo dans l'action, chaque chose s'insérant parfaitement dans l'ensemble et paraissant sensé dans cet univers à part. Le hic c'est que le dernier épisode n'est pas l'explosion finale qu'on attendait, le rythme étant "cassé". Pas de gros combat badass mais beaucoup de blabla, une conclusion au combat sur laquelle je m'interroge encore après l'avoir revue, et une happy end au goût amer. Mais si vous comparez un instant cet épisode à tout ce qui a précédé, au final ce goût amer s'éclipse, le reste de l'animé marquant en effet bien plus l'esprit que ce simple épisode final.


Medusa, le grand méchant de la 1ère partie de l'animé

L'un des plus gros points forts de Soul Eater est tout simplement le style de ses graphismes. En effet l'animé possède un style que je qualifierai de "dérangeant", et que je pourrai comparer au style des films de Mr Tim Burton. La palette de couleur des backgrounds est sombre, les angles sont étranges et souvent contraires à la logique... Rajoutez à ces décors sinistres et étranges des petits détails un peu partout, et vous aurez une bonne idée de l'ambiance qui se dégage de ces graphismes : le soleil et la lune ont un visage de psychopathe, la "salle" dans l'esprit de Soul dont la perspective est subtilement concave... Chaque décor paraît vivant, organique, et s'intègre parfaitement à l'ensemble pour créer un monde étrange, dérangeant et cohérent.
Bien évidemment, ces qualités étaient déjà présentes dans le manga, donc ce n'est pas vraiment une surprise de les y retrouver. Là où Bones a fait fort, c'est dans sa maîtrise à animer tout cela en gardant le même "feeling". L'animation lors des combats est tout simplement énorme, arrivant à être fluide tout en gardant un rythme effréné et des visuels magnifiques. Là encore les détails apportent énormément, que ce soit la souplesses des Vector Arrow de Medusa (qui à la base sont de simples lignes fléchées), les pouvoirs de Maka ou les différentes formes du Black Blood de Crona,
Les trois personnages principaux "humains" ont un style résolument gothique : Maka en jupe plissée, long manteau noir et cravate, Death the kid en costume noir à "noeud papillon" tête de mort et enfin Black Star et ses vêtements à fermeture éclair, chaussures coquées et gants renforcés. Les "armes" ne sont pas en reste, et chaque personnage donne ce sentiment d'être unique en ayant son propre style et pas un style commun à tous.


Death the Kid, Patty et Liz (dingue comme ils peuvent avoir l'air sérieux sur ce wallpaper)

L'ambiance gothique et bizarre apportée par les graphismes n'est pas desservie par la musique, bien au contraire. Les openings, Resonance et Papermoon, sont solides et donnent de suite le rythme et le ton de l'animé. Si Resonance de T.M. Revolution (le projet solo du chanteur de Abingdon Boys School, qui a également réalisé l'opening de Gundam Seed entre autres) est plutôt frénétique et correspond beaucoup à certains côtés de l'animé, Papermoon de Tommy Heavenly6 est plus posé et montre la facette plus étrange de Soul Eater.
De leur côté, les quatre endings sont au dessus de beaucoup de leurs confrères, et vont vous donner envie de rester jusqu'au bout. Mon préféré restera STRENGTH, de Abingdon Boys School (eh ouais on se refait pas), qui colle parfaitement à l'ambiance de la série, et dont les parties piano et guitares, plutôt mélancoliques, collent parfaitement au côté plus sombre de la fin de l'animé.
Le reste de la bande son est également réussie, constituée principalement de thèmes plutôt rock (mis à part certains char-themes) à base de guitare électrique, qui est le principal "donneur de ton", contrairement à d'autres oeuvres où le piano tient ce rôle. Le tout est plutôt efficace et contribue à garder un rythme rapide et nerveux.

Le premier opening, Resonance par T.M. revolution

Le 2nd opening, Papermoon par Tommy Heavenly6

Le 4e ending, STRENGTH par Abingdon boys school


Black Star aussi peut avoir l'air sérieux (pendant les combats en fait)

Au final, avec un dernier épisode plus axé baston, j'aurai considéré Soul Eater comme excellent. Avec du recul, ce dernier épisode est d'un certain point de vue logique, mais la cassure de rythme le dessert plus qu'autre chose. Soul Eater n'en reste pas moins un très bon animé, Bones nous prouvant encore une fois sa maîtrise de l'animation et son sens de la mise en scène. Je vous le recommande donc chaudement, vous ne devriez pas être déçus !