Entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide et l'avènement des fils d'Arius, il y eu une période de l'histoire fort peu connue dans laquelle vécu Conan, destiné à poser la couronne d'Aquilonia ornée de pierres précieuses sur un front troublé. C'est moi son chroniqueur qui seul peut raconter son épopée. Laissez moi vous narrer ces jours de grande aventure !

Qui ne se souvient pas de cette intro, précédent les premières images de Conan le Barbare. Je peux le confesser aujourd'hui, je n'ai jamais lu du Howard, ni même un des comics. Tout ce que je connaissais jusqu'à peu de Conan était les deux films avec Arnold Schwarzenegger et le dessin animé qui en découla. En effet jusqu'à peu, car j'ai joué au MMORPG Age of Conan qui mit à mal les adaptations cinématographiques, tant le bakcground de l'âge hyborien avait été survolé. Des contradictions qui me poussèrent naturellement à me renseigner pour déceler le vrai du faux. Non pas que je ne peux apprécier un film ou un jeu s'il ne respecte pas son oeuvre originale, mais je pense qu'il est toujours plus intéressant de connaitre la source avant de gouter au fruit qui s'en nourrit. 

C'est donc après cette sublime phrase ultra philosophique que je suis rentré dans cette salle de cinéma aux larges fauteuils, à la sono impeccable... Non je n'ai pas changé de ciné, j'ai juste découvert une nouvelle salle dans laquelle je n'avais jusqu'alors jamais pénétré. Qu'allais-je y trouver? J'ai évidemment vu la bande annonce avant, et je dois dire que je n'ai pas retrouvé le souffle épique d'un Conan fourrure de loups au dos, courrant vers son destin sur une musique culte de Basil Poledouris. Au mieux avais-je trouvé à ce Conan un petit air de Choc des Titans testostéroné. Comparaison assez marrante puisque Conan le Barbare et le Choc des Titans sont tous deux sortis à l'époque en 1981. Bref...

 "Entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide, et l'avènement des fils d'Aryass.." NON ! J'y crois pas ! La même intro, et avec la correction sur Aryass ! Génial ! Je sais c'est con mais ça te file un de ces frissons un truc pareil ! Waw ! S'en suit la vision d'un bébé dans le ventre de sa mère, quiétude interrompue par l'arrivée d'une lame qui pénètre le ventre maternel... WAW ! A l'extérieur, nous sommes plongés en pleine bataille, une femme enceinte, une cimmérienne engrossée jusqu'aux yeux, l'armure sur le dos et prete à en découdre, vient d'être mortellement embrochée au ventre. Son époux, le puissant guerrier Corin (Ron Perlman) vient à son secours. Elle se meurt, et n'a qu'une dernière volonté : Voir son enfant avant d'aller rejoindre Crom. Ainsi fut créée la première césarienne de l'histoire ! Corin, dague à la main, ouvre le ventre de sa chère et tendre au milieu d'une bataille sanglante, et sort des entrailles de sa femme un bébé frigorifié, hurlant et tremblant. Il se nommera Conan, et il vient de naitre sur un champ de bataille. 

 Quelle intro mes amis ! Quelle Intro ! Brutale, viscérale (c'est le cas de le dire..), nous sommes à mille lieues de ce qu'on pouvait voir dans la bande annonce. Tout ceci ferait presque passer la chevauchée de John Milius pour un balet de tapettes aseptisé. J'exagère évidemment, mais c'est en tout cas un signal fort envoyé dès le début : Ce Conan sera sanglant et froid. 

S'en suit donc l'enfance de Conan, interprété par Leo Howard avec une force assez dingue. Il y joue un jeune Conan trop fougueux, trop impatient, un p'tit con quoi. Mais alors qu'il est opposé à quelques guerriers pictes, on assiste à un défouloir assez bestial ! Voir ce gamin massacrer le crâne d'un homme contre une pierre au son d'une boite cranienne qui éclate; voir son regard de tueur lorsqu'il ramène à son père les têtes tranchées de ses ennemis... WooooW là on rigole pas les gars ! C'est couillu, c'est gore, et ça te pose un Conan "New Gen" beaucoup plus hardcore que ce qu'on a pu voir au cinéma dans les années 80. 

Sans tout révéler, je dois m'incliner face à ce début de film. Toute l'enfance de Conan est traitée avec une froideur qui me laisse admiratif. Je veux dire, on est en 2011, on sait comment ça se passe avec les Blockbusters d'été, et comme je le disais je m'attendais à un "Choc des Titans" Bis. Mais là, putain; c'est sans pitié, c'est sanglant, le traitement brute de pomme te fait même oublier une réal' un peu trop formatée et une musique bien en dessous de ce qu'avait proposé Poledouris. La bonne surprise, si je puis dire, vient également d'une photographie très naturelle, sans artifice, ce qui devient assez rare dans les grosses sorties qui usent et abusent d'une image bien trop propre qu'on sature de lens flare et autre effet de dégradation. On assiste donc à la naissance de Conan le Barbare, ce jeune garçon farouche qui va devenir un Homme en quête de Vengence.

La deuxième partie du film, qui marque l'arrivée à l'écran de Jason Momoa dans les cicatrices de Conan, m'a fait diablement penser à Age of Conan justement. On y découvre un Conan arrogant, chevauchant de quête en quête à la recherche des Ennemis qui ont ravagé son village d'enfance. Accompagné d'Arthus, un  grand black à la carrure monstrueuse, Conan va libérer un groupe d'esclaves parmis lesquels se trouvent des femmes de petite vertue, seins nus et pretes à grimper cette montagne de muscle... On les retrouve dans une taverne à festoyer, entre gorgées d'hydromel, bras de fer et coups de poing amicaux. L'ambiance de la franchise est là, et pour un joueur du MMo, on s'y croirait presque; ça fait vraiment plaisir. Il est à mon sens très important de préciser que dans ce Conan, Conan est encore très jeune, il n'a pas le passif d'un esclave qui a passé toute sa jeunesse et une partie de sa vie d'adulte à servir un autre, à combattre et à tuer. Non. Dans ce film Conan  est un jeune cimmérien qui veut venger son clan, il manque encore de maturité et de force. 

En acceptant le fait qu'on va suivre un Conan qui n'est pas encore LE Conan, on peut mieux apprécier son caractère impulsif, son visage encore un brin juvénile, et ses faiblesses. Car oui, Conan est loin d'être invincible, et c'est pourquoi je peux totalement comprendre qu'on puisse être déçu de ne pas retrouver ce déluge de puissance et de muscle. Mais en compensation on assiste à des scènes bien gores, montrant un Conan sans pitié, parfois sadique, qui ne reculera devant rien pour venger son père. Malheureusement, cette histoire de vendetta est légèrement plombée par une "metahistoire" un peu trop série-B à mon goût, où Conan va devoir sauver Hyboria contre la menace des Necromanciens... Je veux dire, on nous montre depuis le début un Conan qui est encore jeune, qui n'est pas encore fini, et qui va selon toute vraissemblance s'accomplir et devenir la légende que l'on connait après avoir venger les siens.. Alors pourquoi nous rajouter en plus cette intrigue où Conan doit sauver le monde? N'était ce pas un peu trop ? Je le pense. 

Après un début rondement bien mené, c'est donc une deuxième partie légèrement décevante à laquelle j'ai assisté en buvant mon Nesthé et mes bonbons au cola. Il y a de bonnes choses, des mate painting assez classes mais qui tranchent justement avec le traitement sobre des environnements naturels. Les combats à l'épée sont un peu trop confus pour être excitants, il y a un peu de magie, un peu de fantastique... Il y a un peu de tout dans cette deuxième partie, ce qui fait qu'on assiste pas à grand chose au final. Mon opinion là dessus est que les studios ont cherché à proposer un film à la "Choc des Titans", et quand on sait ce que devait être au départ le film de Leterrier, je pense que Marcus Nispel a tenté le plus possible de faire un Conan brutal, sanglant et froid, mais que les Studios ont préféré une approche un peu plus mainstream. C'est vraiment dommage, car la première partie est à mon sens une réussite, et certains passages dans la deuxième partie me murmurent que ça aurait pu en être de même. Le film n'en est pas pour autant mauvais, attention, il reste un très bon divertissement, et certaines séquences sont assez agréables à voir dans un blockbuster d'été, je pense par exemple à la relation légèrement incestueuse entre Khalar Sing (Stephen Lang) et sa fille Malique (Rose Mcgowan) qui aurait pu être totalement glauque si elle avait été poussée plus avant. 

 

Jason Momoa n'a pas détrôné Arnold Schwarzenegger dans le rôle du puissant Conan, pas encore. Ce jeune Conan n'a pas encore la stature de la Legende Cimmérienne, et c'est parfaitement volontaire. Une suite pourra proposer un Momoa plus dans le ton de ce qu'il a fourni dans Game of Thrones, j'en suis persuadé. Ce Conan subit les directives hollywoodiennes des blockbusters estivaux ce qui en fait un divertissement sympa à mater entre potes, même s'il reste malgré tout plus fidèle à Howard que les films des 80's. Reste néanmoins un début de film vraiment bon et mature, qui promettait beaucoup si on avait donné à Nispel la même liberté que sur un Pathfinder par exemple. J'ai adoré le traitement gore de ce jeune Conan, du gore qui te fait dire "ahhh enfoirééé!" dans la salle tout en te tordant dans ton fauteuil. Sans le talent de Basil Poledouris à rendre épique un gros mec musclé qui courre face au soleil, on ressort de la salle en se disant que c'était cool, mais qu'il manquait quelques petites choses par ci par là pour rendre ça "Terrible". Conan a encore du chemin à faire pour arriver à Tarantia en tant que Roi d'Aquilonia, Mais ceci, est une autre histoire...