Oh mon dieu le fou mais il ne va quand même pas nous parler de Glee?!! Et bah si pardi ! c'est complètement dingue, mais après Game of Thrones j'enchaine sur Glee, ça c'est la classe ! Glee vous savez sûrement ce que c'est même si vous ne l'avez jamais vu. High School Musical en série, en gros. Aussi funky qu'une sextape de Justin Bieber et Rebecca Black, Glee est un gros phénomène aux US grâce notamment à la présence de guests, les épisodes dédiés à une star internationale... Bref si Lost était une version fictionelle de Survivor, pour le coup Glee c'est du American Idol scénarisé. Mais derrière ce buzz, est-ce une bonne série? Ah bah là...

Will Schuester est le prof d'espagnol du lycée McKinsley, un boulot mal payé, une femme castratrice et horripilante, son premier amour connu au lycée où il était, à l'époque, le roi du bal, la star de la chorale. Avec un léger recul, Will réalise qu'il est toujours menotté à cette époque aujourd'hui révolue. Il vit toujours au lycée, il est marié à sa copine de lycée; il s'ennuie dans son travail et semble avoir besoin d'un petit coup de pied au cul. C'est en trainant le pied dans les couloirs vides où pullulent d'ordinaire des hordes d'adolescent boutonneux en ruth, qu'il tombe sur une affiche : le directeur de la ridicule chorale du lycée est viré, la place est laissée vacante. Will y voit l'opportunité de faire quelque chose qui le motive réellement, qui le sorte de son marasme. Il pose sa candidature au proviseur qui espérait fermer définitivement la discipline. Les conditions du Principal sont très claires : si Will n'arrive pas à qualifier sa chorale aux compétitions régionales, il n'y aura plus de budget, et l'aventure s'arrêtera là. 

Voilà donc le fil rouge de cette première saison, somme toute assez intelligent, puisqu'on a dès le début un but fixé. Avoir cette compétition en point de mire est une chose qui pourrait être exploitée et qui pourrait s'avérer porteur de suspense, de tension. Malheureusement dans Glee il n'en est rien, tout au plus apprend on que "nous sommes à 3 mois des régionales", et pis c'est tout. Il ne faut pas chercher de talent ou d'intérêt dans le scénario de Glee, ce n'est clairement pas le point fort de la série. Cependant, j'ai été souvent surpris par certaines tournures dans l'histoire, des réactions de personnages auxquelles je ne m'attendais pas du tout, de belles surprises parfois, des moments de rages horripilantes le reste du temps. Je ne comprends tout simplement pas comment est pensé Glee, et je pense que les scénaristes ont souvent douté eux aussi. 

Pour faire simple, on peut tomber parfois dans Glee sur des scènes futiles dignes de Grease, où les personnages vont se mettre à chanter pour le trip, comme dans une comédie musicale. Ces scènes là n'ont rien à voir avec les scènes de chorales, puisque là ce n'est que pure mise en scène de la pensée du chanteur ou de la chanteuse. Soit. A côté de ça vous avez des scènes horripilantes où Will est manipulé par sa femme et sa belle soeur, où les comportements sont tellement excessifs qu'ils n'en sont plus drôles du tout, où on a l'impression d'assister à un très mauvais Vaudeville; il y a d'autres scènes qui veulent se la jouer Breaking Bad, caméra à l'épaule, un gros plan à rallonge sensé laisser transparaitre la vulnérabilité du personnage... Bref vous l'aurez compris, ça vole dans tous les sens, ça ne se tient pas, tout simplement. Pour qu'une série se trouve une véritable identité, il faut qu'elle se tienne à une ligne éditoriale, une ambiance, un cachet qui lui est propre et qu'elle ne changera pas plusieurs fois PAR EPISODE

Lorsqu'une série n'a pas un grand scénario, elle doit se tenir grâce à ses personnages, qui eux doivent avoir le soutien de leurs acteurs. La bonne surprise dans Glee c'est qu'il n'y a que très peu de personnages qu'on aurait envie de tuer dès qu'ils ouvrent la bouche, un peu comme la mère Masnet dans Le Grand Journal, ou madame Morano quand... tout le temps en fait.  Nous avons malgré tout le droit à la femme de Will, qui est un rôle à jeter, rien à garder; mais dans l'ensemble ça reste assez tolérant. Evidemment tout ce lycée n'est qu'un gros cliché, mais en même temps nous sommes les clichés qu'on voit à la télé, donc d'un côté, ils sont le cliché d'un cliché qui est lui même inspiré de ce cliché... une autoréférence hallucinante. Vous avez l'équipe de Foot Us, les Cheerleaders, la grosse, l'homo, le juif, le gamin sans père, la fille enceinte... N'en jetez plus ya plus la place ! Ce petit lycée concentre tous les maux du monde, ce qui lui donne un bon gros côté WTF la plupart du temps, et qui est sans doute la raison pour laquelle on ne peut adhérer à des moments plus sérieux, du fait justement que tout cet univers ne l'est pas. A noter également le personnage exécrable, mais dans le bon sens, de Sue Sylvester, la coach des Cheerleaders, totalement abjecte avec tout le monde, qui cherche à saper le travail de Will avec une imagination, une répartie, et un vice assez kiffant. 

L. L comme Loosers. Ce signe qui est un symbole de la série, tout comme le smoothie à la groseille, représente la vision que tente de projeter la série. Peu importe si tu es considéré comme une sous merde, ne te renie pas, reste qui tu es car c'est ta plus grande force, et ne te prive pas de faire quelque chose qui te plait parce que tu pourrais être mal vu. Voilà un peu la promesse de la série, ma foi fort sympathique. Tu es grosse? Pas grave. Tu es gay? Pas grave. Tu aimes chanter et faire du foot ? Cool!  Mais derrière cette invitation à la pluralité, à l'ouverture d'esprit, se cache une dure réalité : ça ne marche pas ! 

Tout bonnement abérrant mais vrai, les Gleeks se payent revers sur revers tout du long de la série. Même la réussite n'a qu'un temps et les railleries reprennent le dessus bien rapidement. Quel est le message derrière ça? "Soit qui tu es mais ne t'attends pas à changer le regard du monde sur toi"?? Dur comme message...

A chaque épisode un thème, developpé par les diverses intrigues entre les personnages, et également par les chansons. Religion, Amour, Sexe (ça m'a d'ailleurs étonné), Trahison... tout y passe, et ça passe vraiment bien ! Les musiques sont toujours bien choisies, les petites intrigues sont mignonnes et s'apprécient pour ce qu'elles sont; et le tout est assez bien monté et mis en scène pour que ça se regarde tout seul, et qu'on en redemande. C'est la principale force de la série à mon sens, au delà des scènes musicales très clipesques, c'est avant tout la très bonne montée en puissance des épisodes qui met assez de bonne humeur pour vouloir mater l'épisode suivant. En revanche je trouve la totalité des finals vraiment pourris. Je ne saurais dire pourquoi, mais les fins d'épisodes sont d'une platitude affligeantes, et gacheraient presque le plaisir qu'on a à la fin d'un épisode. 

Evidemment on peut ne pas accrocher aux différents styles des chanteurs, même si moi je suis complètement fan de la voix de Mercedes la black ronde, ou du style bad boy de Noah. Il n'y en a pas pour tous les goûts, même si les styles de musique proposés couvrent un large éventail de genre, il faut reconnaitre que tout ne sied pas aux acteurs/chanteurs.

A croire finalement que Glee est un tremplin pour ces acteurs qui veulent percer dans le marché saturé de la chanson us, où ceux qui n'ont pas connu le succès s'offrent une bien meilleure visibilité grâce à la série. Glee est une vitrine de chanteurs, et c'est peut être son plus grand défaut, car au final on se dit que n'importe quel acteur est finalement un chanteur qui veut se montrer, et ça rend le tout un peu fade, synthétique, sans saveur. Reste que la série se regarde, pas  pour son scénar', ni les relations entre les personnages, mais comme un prélude aux diverses chansons. 

  

Glee est un phénomène car ça permet aux ados d'avoir à la fois la série et les cds de musique, de fantasmer sur des lycéens de 30 ans, de voir toutes les situations inimaginables arriver à un groupe d'étudiants en une année scolaire. Moi à "mon époque" j'avais Hartley Coeur à Vif; ça ne chantait pas, c'était moins foufou, pas forcément plus réaliste, c'était différent. Dans Glee ça parle de cul, de sortir avec tout le monde, de recherche de notoriété, c'est une autre époque. Mais à la question de savoir si Glee ne se résumerait pas aux chansons et à la mise en scène de ces séquences, qu'on pourrait donc visionner sur Youtube... Là j'ai envie de dire : c'est un peu le soucis. Mais bon, regardez la série pour Will, parce qu'en prendre autant dans la gueule c'est quand même brave...