Ce dernier épisode de la fameuse saga de Nintendo a déchaîné les passions avec son open-world aussi bien ficelé qu’un rôti d’Hinox. Épisode mémorable s’il en est, des notes maximales lui ont été attribué pour ce chef d’œuvre par la presse qui s’est mise d’accord sur la qualité du titre. Pour ma part, j’ai moi aussi été absorbé par l’univers d’Hyrule (surtout au début du jeu) mais de moins en moins sur la fin après 105 heures de jeu et le boss final terrassé. Après un peu de recul, ici au Saloon, je vous invite à découvrir ce que je pense de ce Zelda.

 

Link se réveille, après un repos de plusieurs années, comme le joueur qui attendait son retour. Un peu engourdi (car ses dernières aventures remontent à un petit moment quand même) Link, comme le joueur, retrouve ses marques sauf qu’il est maintenant possible de sauter et de succomber rapidement lors d’un premier combat. On a beau couper l’herbe pour espérer retrouver des cœurs afin de regagner un peu de vie mais, en vain. Notre héros est également très étonné d’obtenir les principaux pouvoirs quasiment dès le début de son aventure. Autre surprise également, il se demande bien où sont passés les fameux donjons ? Après quelques petites heures, Link se demande alors : «  Suis-je encore en Hyrule ? Ce monde a tellement changé ! ».

 

Le Link nouveau est arrivé 

Nintendo l’avait annoncé, le Zelda nouveau allait pour le coup être vraiment nouveau quitte à s’affranchir des codes de la série. Terminés les phases de quête pour accéder à un donjon qui lui, contient une arme spécifique permettant de battre le boss du-dis donjon. On ne trouve plus des cœurs et des rubis en cassant des jarres, en coupant de l’herbe, sous les pierres etc. Maintenant, il faut se préparer des bons petits plats pour regagner de l’énergie et commercer un maximum avec les marchants ambulants pour faire de la thunasse. Thune qui va rapidement devenir plus importante encore, conjointement aux éléments de monstres, pour votre stuff. Les quarts de coeur ne sont plus à glaner ici et là, mais à échanger contre des emblèmes de triomphe que vous aurez obtenu en venant à bout de multiples sanctuaires qui parsèment Hyrule. Link peut aussi désormais revêtir plusieurs tenues et équipement que vous pourrez améliorer grâce aux grandes fées contre des éléments de monstres. Exit aussi le scénario car ici il est très mince et la quête principale se résume à : « Tuer Ganon ».

Bref, autant de changement, de remaniement pour une série emblématique, ce qui est assez inédit chez Nintendo surtout dans l'adoption dans cet épisode d'un monde totalement ouvert et non plus de zones semi-ouvertes découpée en région comme avant.

 

Un monde ouvert organique 

Ce qui est le plus frappant concernant cette gigantesque map de ce Zelda, c’est non seulement son immensité qui donne le vertige mais aussi la manière dont celle-ci est conçue. Cette map est une leçon de level design car elle a été pensée pour le gameplay et ne fait pas de la figuration comme dans d’autres open world. Ce qui me vient tout de suite à l’esprit quand j’évoque ce monde ouvert, c’est le mot organique, qui lui sied à merveille. Ici, tout est logique et élémentaire mon cher Watson. Une flèche de feu peut déclencher un incendie, incendie qui apporte alors un vent chaud s’élevant dans les airs permettant à Link d’utiliser sa paravoile pour s’élever lui aussi… Couper un arbre à la hache peut entraîner sa chute et écraser des ennemis comme les moblins par exemple. Si le tronc tombe à l’eau, celui-ci flotte alors, dérivant au gré des courants, ce qui a par la même occasion fait fuir les poissons que Link aura pour le coup un peu plus de mal à attraper…

C’est tout ce processus qui fait qu’au premier abord on se dit que c’est là pour faire joli puis on découvre petit à petit toute la richesse de cet environnement presque palpable. Les quatre éléments sont présents et jouent tous un rôle qui ô génie, influent sur le gameplay. Ce tour de force est fabuleux et rend ce monde criant de vérité et unique. Tout a été pensé et mitonné aux petits oignons. Nintendo a clairement apporté sa pierre à l’édifice des très prolifiques mondes ouverts très en vogue depuis un moment déjà en donnant un gros coup d’Excalibur dans le matériau.

 

Un grand monde ouvert, trop grand en fait

Ce Breath of the wild est gigantesque, c’est un fait. Alors, est-ce une qualité ? Je dirais oui et non. Oui parce que ce monde ouvert est justement de qualité et non parce qu’au final je retrouve la même impression que dans tous ceux que j’ai parcouru (excepté Skyrim et The Witcher 3 je trouve) qui est symptomatique de ce choix de game design, une impression de vide. Une impression que je retrouve ici encore plus renforcée à cause de la taille conséquente du terrain de jeu de ce Zelda. J’ai cette désagréable sensation d’écumer une sorte de MMO mais en offline !

Je suis même surpris qu’un mode multijoueur n’ait pas été implémenté dans ce Zelda comme auraient pu faire penser les premières vidéos lors de l’annonce de cet opus. Un mode à la Four Swords en local splitté ou même en réseau local sur la Switch aurait fait le plus grand bien à ce titre puisque quitte à s’affranchir des mécaniques zeldaïennes éculées, autant le faire carrément !

Ce n’est qu’une impression, peut-être que cela ne vous fera pas çà à vous, amis joueurs et amies joueuses.

 

Un beau jeu aux couleurs un tantinet délavées

On est pas prêt de retrouver notre Link aux graphismes réalistes à la façon d’Ocarina of time ou encore à l’image de l’excellent Twilight Princess. Nintendo persiste et signe en proposant une version colorée et hybride de cell shading qui je l’avoue, est pas mal finalement. Il y a par contre quelque chose de bizarre, comme si certaines teintes étaient saturées à mort ou bien comme si d’autres avaient subi plusieurs lavages au Vanish et les tâches s’évanouichent. Quoi qu’il en soit, la direction artistique est malgré tout de haute volée.

Les environnements traversés sont le plus souvent désertiques mais lors d’explorations en forêt, c’est tout autre. On a vraiment l’impression que celle-ci « vit » avec tous ces petits animaux qui vadrouillent de partout et les jolis effets de lumière qui traversent les branchages et les hautes herbes.

Techniquement, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce Zelda qui reste évidemment magnifique et offre des panoramas somptueux.

 

Du fun partout et tout le temps

Le jeu à contrario des autres épisodes de la saga, vous laisse la totale liberté de vos choix et décisions notamment lors des combats où plusieurs solutions s’offrent à vous comme la possibilité d’y aller gaiement, une lourde hache à deux mains afin de trucider brutalement des moblins qui étaient simplement à danser autour du feu. Ou bien alors, lancer par exemple une flèche enflammée sur ces barils de poudre situés non loin du campement ennemi et créer une mortelle réaction en chaîne… Ou se la jouer à la Solid Snake en frappant dans l’ombre car il est maintenant possible de faire des « silent kill » et de one-shoter un ennemi en étant en mode discret. Ces approches différentes font tout le sel de ce Breath of the wild qui se montre généreux, fun et jouissif.

Sans oublier que la présence des chevaux ne sont pas là pour décorer et vous pouvez bien sûr monter ces équidés et même tirer à l’arc ou brandir votre épée tout en galopant, les cheveux au vent.

 

Mais où est passée la musique ?

Tout pourrait être rose dans ce Breath of the wild mais le truc qui m’a le plus dérangé est la musique, le sound design plus globalement que je trouve très moyen. En effet, on ne retrouve purement et simplement aucune mélodie connue de la série ! A la place, on a juste le droit à quelques accords discrets de piano par moment, quand le jeu a décidé. C’est vraiment pitoyable venant d’une saga aussi réputée que celle de the Legend of Zelda. C’est une série qui a une histoire, graphiquement parlant mais aussi et surtout musicalement parlant avec des mélodies symboliques à la manière de Super Mario que tout le monde a forcément entendu.

Nintendo a une richesse complètement démente avec la bibliothèque musicale de la saga Zelda et nous sert à la place déjà, aucun thème connu, et de la cochonnerie musicale que je trouve merdique et qui n’a rien d’épique. C’est vraiment très moyen à part quelques mélodies réussies comme celle du village d’Elimith, celle animant certains combats avec les Lynels ou bien encore la musique mystérieuse des bois perdus. Cette dernière musique qui représente une alternative intéressante mais moins entraînante que l’original se fait d’ailleurs également entendre lors d’exploration des grands labyrinthes qui parsèment Hyrule. Ce qui est complètement con puisque cette mélodie particulière des bois perdus a des notes qui font clairement penser à un environnement forestier surtout avec des tintements ressemblants à ceux des Korogus, habitants sylvains et enfants de l’arbre Mojo. Or, ces labyrinthes se trouvent le plus souvent sur des plaines arides vierges de toute végétation… Je vous laisse chercher l’erreur !

J’ai été donc globalement déçu par la bande-son et surtout par l’absence totale des thèmes musicaux connus, que l’on aurait pu aisément retrouver dans cet épisode dans une nouvelle version par exemple. Il aurait été logique d’avoir des ambiances sonores ou des compositions différentes et reconnaissables pour chaque région du jeu mais ici, non. Les musiques tonitruantes des boss ne sont plus, seulement des morceaux assez classiques accompagnent les combats, c’est bof bof. Avant, juste à l’écoute d’un morceau, on savait quel monstre on affrontait, là c’est très mou du genou et ça manque cruellement d’impact. On joue Link, le prodige Hylien tout de même ! Un peu d’accords héroïques auraient fait du bien à nos esgourdes.

 

Conclusion 

Ce Breath of the Wild est un très bon jeu mais un bon Zelda à mes yeux. J’ai vécu beaucoup plus de moments marquants dans les autres opus, surtout dans Skyward Sword puisque ma main s’en souvient encore (l’agitation de wiimote était de rigueur dans cet épisode). En fait, mon avis est assez paradoxal car je n’ai jamais eu autant de plaisir à jouer à un Zelda qu’avec cet opus mais en même temps, je le trouve moins bon que les autres. Je pense que cela est dû à cette formule de monde ouvert sans oublier le massacre musical qui accompagne cette épopée. Même si cet épisode ne déroge pas à la règle, il aurait été sympa à la manière du récent et superbe Mario Odyssey qu’il y ait une sorte de suite une fois le jeu terminé, histoire de voir ce qu’aurait donné Hyrule débarrassé du démon Ganon. Tant pis pour cette fois encore.

Un mot aussi sur les Korogus à dénicher pour ceux qui en veulent toujours plus, sachez qu’ils sont nombreux : 900 précisément et on se demande si il n’y a pas eu d’abus de saké chez Nintendo sur ce coup-là ! Pour finir, notez qu’il n’y a toujours pas de notice dans la boîte avec de belles illustrations comme avant, y’a d’ailleurs même pas la carte d’Hyrule ce qui est un comble pour un jeu de cette envergure ! Je persiste et signe comme un connard sur les boîtes de jeu vides comme vous pouvez le lire mais aussi sur ces saloperies de DLC qui polluent maintenant notre belle série. Libre à vous de dépenser vos sioux pour acheter du dématérialisé ou encore du « season chiasse ».

Pour conclure, ce Zelda manque la note maximale surtout à cause de sa bande-son et de son absence de multijoueur car avec une map aussi grande, c’était vraiment l’occasion d’incorporer cette option. A la place, on a encore cette impression de vide inhérente aux mondes ouverts qui entache quelque peu l’expérience, expérience vidéoludique qui reste malgré tout exceptionnelle sur WiiU et Switch. The Legend of Zelda Breath of the wild demeure un très grand jeu qui aura surtout donné une leçon cinglante à d’autres titres semblables se déroulant en open world, avec de surcroît une technique moindre par rapport à d’autres supports comme le PC et les consoles concurrentes de chez Sony et Microchiotte.

Retenez surtout que le monde d’Hyrule vous tend les bras, alors enfilez votre tenue de Prodige et lancez-vous !

Verdict : 18/20

 

Adrinukem B-]