Gone Home. Un jeu d'exploration narration que j'avais découvert une ou deux semaines avant sa sortie. Et on me l'a présenté comme un espèce de Dear Esther, un jeu que j'avais trouvé intéressant, mais j'avais plus eu l'impression de jouer a une alpha qu'a un jeu fini. J'étais donc assez sceptique pour ce Gone Home, d'autant que le prix me rebutais un peu. Mais petit a petit, au vu des excellentes notes et retours des joueurs, je me suis laissé tenté. Et j'ai bien fait. Très bien fait.

Gone Home est un jeu d'exploration narration, comme je le disais. Un terme repris de l'ami Fachewachewa, et qui désigne les jeux a la Dear Esther, ou Stanley Parable, c'est a dire des jeux aux interactions assez limitées, mais qui vont utiliser le level design pour conter leur histoire, et avoir, le plus souvent, un narrateur qui va distiller son récit a fur et a mesur de l'aventure. Dans Dear Esther, c'était automatique, et vous n'aviez quasi aucune réelle interaction avec le décor. Ici, les phases narratives seront des enregistrements vocaux, mais qui seront mis plus en situations, déclenchés par la découverte de tel ou tel objet, par exemple. Alors, quel est le pitch de ce Gone Home? Vous controler Kaitlin Greenbriar, qui rentre chez elle après un voyage d'un an en Europe. Enfin, chez elle, pas vraiment, puisque ses parents, et sa soeur, on déménagés entre temps, et votre personnage ne connait donc pas la maison dans laquelle il entre. Comme introduction, un mot de votre soeur Sam, qui dit en substance "N'essaye pas de me trouver, quoi que tu trouves, ne dit rien aux parents, et ne t'inquiètes pas, on se reverra bien un jour". Premier réflexe, donc, explorer au maximum la maison, extrêmement sombre et qui semble terriblement vide.

Graphiquement, Gone home est un jeu assez beau. Techniquement, ce n'est pas non plus extraordinaire, mais la magie du titre réside dans la volonté de réalisme qu'il propose. Nous sommes en 1995, et tout, absolument tout est fait pour qu'on le croit. Les habits sont d'imitation de l'époque, les posters sont des posters de groupes de rocks de ces années la, les billets de concerts sont aux bonnes dates, totalement cohérents, les couvertures de magazines, les produits ménagers, les polices d'écritures, tout est diaboliquement cohérent, au point  que The Fullbright Company transporte parfaitement le joueur dans l'univers, et qu'ainsi, il se consacre de mieux en mieux a l'histoire. L'atmosphère des pièces est très travaillée, et on sent qu'il y a eu de la vie dans celles ci. C'est assez difficile a décrire, mais cette impression de "réalisme" est assez brillante. Gone Home est aussi un jeu qui manipule très bien les codes du survival horror. Il pleut, l'orage gronde a l'extérieur. La maison et ses recoins, sont lugubres, désespérément vides. Le premier réflexe est d'allumer les lumières. Ce fut mon cas, du moins. A chaque entrée dans une nouvelle salle, on se demande sur quoi on va tomber. Une ambiance malsaine s'installe, ou tout du moins un peu angoissante. Ensuite, il y a l'histoire. Important dans un jeu d'exploration narration, bien sur. Une histoire assez brillante, et magnifiquement racontée. Là ou Dear Esther était très floue, et assez dirigiste, Gone Home est beaucoup plus clair, est surtout plus intéressant. L'intrigue traite de thèmes rarement utilisés dans le jeu vidéo, avec une maitrise et une absence de niaiserie qui fait plaisir. The Fullbright Company a réussi a créer des personnages par le vide, uniquement par le fait de montrer leur espace de vie, leurs écrits, leurs habitudes, et ce qu'il en reste. Au point qu'on prend gout a cette découverte, et que l'on lit chaque bout de papier ou lettre qui traine pour enrichir le background. Et puis, il y a cette identification a ces personnages, du moins a certains de leur sentiments. Et un excellent doublage, qui porte une histoire de grande qualité. Une histoire qui sait enfin traiter des choses que nous pourrions vivre, et qui n'en est alors que plus touchante.

Gone Home est un jeu maitrisé a tous les niveaux. Que ce soit pour son ambiance, son level design parfaitement dosée, ou son histoire assez originale, osant traiter de thèmes forts. Gone Home, c'est trois heures de jeux qui marquent. Et une excellente démonstration du fait que les jeux d'exploration narrations peuvent être géniaux. Alors, jouez a Gone Home.