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L'encre du passé est une bande dessinée crée par Mael (connu pour des excellentes BD comme « Notre mère la guerre) et scénarisée par Antoine Bauza.

Nous sommes catapultés en plein Japon de l'ère Edo, pour observer Mohitsu, un calligraphe de errant de l'époque. L'homme vit bien, il arrive a vendre ses travaux, mais est en proie, comme tout artiste, au doute. Le doute de ne plus pouvoir faire ce que l'on voudrait, et, en l'occurrence, car on parle de calligraphie japonaise, l'incapacité à réaliser les traits de la manière la plus parfaite possible, la calligraphie étant un art de la ligne absolu. Nous suivrons donc cet artiste cherchant a retrouver son trait, sa spontanéité, son talent tout simplement. Au détour de son voyage, il s'arrêtera dans une teinturerie, et découvrira une jeune fille du nom d'Atsuko. Celle ci peint a ses heures libres, et Mohitsu va déceler chez elle un talent certain, et ainsi l'emmener avec lui sur les chemin du pays du soleil levant. La deuxième partie se déroulera quelques années plus tard, Mohitsu étant sénile, et Atsuko, une peintre accomplie qui doute elle aussi, mais je m'arrête la pour la description de l'histoire, je vous laisserai découvrir la suite par vous même.

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Graphiquement et artistiquement, le travail de Mael est absolument magnifique. Entièrement réalisé a l'aquarelle (j'ai beaucoup de mal avec la colorisation numérique, je trouve que l'on y perd souvent le coté authentique du dessin). Le trait est parfois tremblant, mais toujours instinctif. Cet aspect non retouché donne alors une spontanéité et une dynamique très appréciable aux figures, et le travail de la couleur de Mael est assez remarquable. Les tons sont gris, ocres, verts, pales mais retranscrivent finalement par la lumière l'état d'esprit de Mohitsu, un homme a la recherche de soi même dont les sentiments naviguent entre joie et déceptions. Les rares changements de gamme colorimétrique interviennent uniquement lors de de scènes très sentimentales. La couleur est jetée, parfois en grands gestes et grande tache que la ligne vient ciseler, et l'aquarelle transmet les variations lumineuses a merveille. Le style est instinctif, brut. L'errance et la recherche de soi traduites par des cases sans paroles ou de grands plans d'ensemble ou Mohitsu est en proie a une grand solitude. Tout cela est habilement complété par les superbes calligraphies de Pascal Krieger.

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L'encre du passé aurait pu être une grande bande dessinée. Malheureusement, si la partie graphique est admirable (on soulignera la magnifique couverture), la partie scénaristique est bien en deçà. L'histoire n'est pas désagréable a suivre. Mais elle est par contre beaucoup trop prévisible et caricaturale. Les personnages ne sont pas assez creusés pour qu'on arrive a les sortir de leurs archétypes (excepté Mohitsu, dont on devine les pensées grâce au pinceau de Mael). Le récit suit un peu une voie toute tracée, et c'est réellement dommage car, du coup, on y perd le coté marquant de l'oeuvre.

Une BD agréable donc. Mais a savourer pour sa patte graphique, absolument sublime, et non pour son histoire, décevante. trop classique du moins.