Episode 13: Kokuga Kai et Le Nouveau Nihonga

Les premières années du règne de l'empereur Hirohito sont souvent décrites avec le terme Kyôkô, qui signifie peur panique. En l'occurence, cette peur panique, c'est la peur d'une agression extérieure, mais également d'une implosion qui s'explique par une grande tension due à plusieurs évènements.

  • Assassinat du premier ministre en 1932
  • Tentative de coup d'état en 1936
  • Attentat meurtrier contre le premier ministre en 1930
  • Répression des mouvements prolétariens.
  • Fin de la politique des partis
  • Manoeuvres militaires contre la chine.

Bref, dans les années 30, c'est pas la joie au pays du soleil levant. Si les artistes ne vont pas s'interesser directement à ces problèmes politiques,  il vont réfléchir sur ce qui participera à la montée du militarisme, à savoir la fascination pour la machine, la définition national, l'ordre et le désordre.

Un des thèmes privilégié des artistes des années 30 va être la couleur locale. Quand je parle de couleur locale, je parle de la transcription des réalités nationales dans la peinture. Oui, dit comme ça, c'est très abstrait, mais mine de rien, les palettes de couleur des peintres sont finalement toujours le reflet d'un atrait esthétique modifié par l'époque, et les attraits coloriques français ne sont pas les mêmes que ceux des japonais.En 1920-30, on trouve une récurrence de certaines couleurs dans l'art japonais: le bleu clair, le jaune acide, le rose pâle, le vert et l'orange. Ces artistes vont en quelque sorte créer un nouveau nihonga, se détachant ainsi des plagieurs et des avants gardes.

Premier exemple, Yasui Sotaro. Il fut l'élève de Jean Paul Laurens et fut très sensible aux courants modernes et principalement à la peinture de Cézanne. Lignes nettes, couleurs tendres, expressions naives, Yasui renouvelle la définition du calme artistique japonais, avec des tableaux que je trouve très beaux, personnellement.

 

Voici des oeuvres d'autres artistes de cette mouvance. Désolé pour la qualité des images, on ne trouve rien sur internet.

 

Sakamoto Hanjiro

Umehara Ryuzaburo

Fujishima Takeji

Vient ensuite le tour du mouvement nommé Kokuga Kai (Société de la peinture nationale), en 1928, fondé par Umehara Ryuzaburo et Kawashima Riichiro. Le groupe va rechercher l'autenticité des formes nationales, afin de faire passer l'émotion esthétique au plus grand nombre (tout le contraire de Mavo). Dessin linéaire, contours clairs, couleur légère et composition sobre sont donc les marques de ce nouveau nihonga des années 20-30.

Kawashima Riichiro

Yamawaki Shintoku

Kono Michisei

Tsubaki Sadao

Malgré tout, le nihonga traditionnel persiste, et poursuit lui aussi ses évolutions. Les lignes noires se précisent et la couleur n'est plus que teinte. De nombreux artistes femmes vont également éclore à cette époque, comme Uemura Shoen, Ogura Yuki, Okamoto Yasuko et Kitazawa Eigetsu.

 

Kitazawa Eigetsu

Uemura Shoen