Je sens que cette rubrique va devenir régulière, vu comme je tente de rattraper mon retard cinématographique. Continuons donc à blablater pour ordonner les idées que nous avons eu en regardant ces films. 2 films, cette semaine. Et un quatrième en cours, Tokyo Godfathers, dont je parlerai plus tard. Et Only God Forgives, aussi.

Arrietty, le petit monde des chapardeurs

Il y a encore quelques Ghibli que je n'ai pas vu, et je m'empresse de le faire. Après Nausicaa (film absolument splendide, une vraie baffe), j'ai décidé de m'attaquer a Arrietty, film d'Hiromasa Yonebashi, sorti dans les salles obscures le 12 janvier 2011. Arrietty est une chapardeuse, un minuscule être a l'apparence humaine, vivant avec ses parents sous le plancher d'une maison de campagne. Ceux ci, pour survivre, dérobent de petites choses aux humains, toujours sans se faire voir, auquel cas ils sont obligé de déménager. L'histoire commence lorsque Sho, un jeune garçon, arrive dans la maison pour se reposer avant une grave opération du coeur, et qu'il voit Arrietty au détour d'une de ses escapades.

Non mais regardez ça bon dieu @__@

Alors, autant le dire tout de suite, Arrietty n'est pas au niveau des autres films de Ghibli, surtout ceux de Miyazaki. Il faut dire que la barre est tellement haute qu'elle est presque, aujourd'hui, inatteignable. On va commencer par les points négatifs. Tout d'abord, Arrietty est un film beaucoup plus intimiste que la plupart des Ghibli, et l'action se déroule dans un seul lieu, c'est a dire la maison. Ce qui est logique, somme toute, mais du coup on ressent beaucoup moins l'aspect "aventure initiatique" du film, et on voyage moins. Arrietty est un film qui prend plus son temps que les autres, et on pourra y trouver des avantages et des inconvénients. La plupart des personnages sont aussi assez pauvres dans leur écriture, et hormis Arrietty, jeune fille forte, intègre et pleine de valeurs idéales, on ne sent pas vraiment une personnalité profonde dans ceux ci ( au contraire des chefs d'oeuvres de Miyazaki, comme Porco Rosso, Mononoké, Chihiro, et tant d'autres, ou chaque personnage est charismatique). Sho, par exemple, est assez plat, sans relief, et son destin que l'on pense tragique n'a pas vraiment d'impact sur le récit. Si le père d'Arrietty est assez classieux, sa femme est tout bonnement insupportable, passant son temps à gémir pour un oui ou pour un non. Et je déteste les personnages hypers sentimentaux. Haru, aussi, est fade, en tenant le rôle du méchant sans relief. Mais même avec ces défauts non négligeables, Arrietty est un très bon film, que je trouve assez sous estimé, probablement car il souffre de la glorieuse réputation du studio. Si vous devez regarder ce film, c'est pour une chose. Il est diaboliquement beau. C'est absolument hallucinant. Ghibli a toujours pratiqué un style entièrement fait à la main, avec des décors absolument somptueux dans la précision et les couleurs, et on échappe pas à la règle. Ici, petit taille oblige, on plonge dans les herbes, les tréfonds d'une maison, on rencontre la rosée, les fleurs, les insectes. Et moi qui suis fan des films a la Microcosmos (ça, la, c'est génial), qui proposent un nouveau regard sur le monde à travers la miniaturisation, je suis tombé amoureux devant les décors. Le travail de Ghibli à toujours été fantastique, mais là, la précision et la composition des tableaux dépasse tout ce que j'ai vu dans les films du studio. C'est limite indescriptible, mais la nature est magnifié d'une telle manière qu'on ne peux s’empêcher de faire pause pour admirer la magnificence des champs de fleurs, la perfection des moindres brins d'herbe, les innombrables détails sur les pierres. Et les intérieurs aussi sont fantastiques... Le genre de film qui décolle la machoire pendant 1h30, et je n'ose imaginer les heures de travail derrière. De plus, la BO, composé par Cécile Corbel (une française, cocorico), apporte un véritable vent de fraîcheur avec ses mélodies à la harpe.  On s'éloigne du style d'Hisaishi, et c'est tant mieux.

 

Un beau, très beau voyage, donc. La poésie et la finesse habituelle est toujours la. Et si le propos et l'écriture ne rivalise pas avec les chefs d'oeuvres du studio, Arrietty nous emporte avec elle, dans ce monde splendidement peint. Quand je vois ça, je me dit que la 2D bien faite, c'est définitivement au dessus de tous les films d'animations en 3D standardisée qui sortent dans les cinémas.

Le Guerrier Silencieux (Valhalla Rising)

Pour être honnête, je ne connaissais pas Valhalla Rising avant cette semaine. Avant de le voir premier du top des claque esthétiques de sens critique. Je me suis dit que si il était à cette place, c'était quand même pas pour rien, alors, hop, on lance cette étrangeté juste aperçue au détour d'un trailer.

Et. Ah ouais. La vache. Ça a duré 1h30, c'était ultra lent, ultra silencieux, avec une ambiance ultra pesante, mais j'ai jamais décroché. Et j'en ressort avec une impression très bizarre. Parce que j'ai pas vraiment compris l'histoire, ni son déroulement, ni la fin très brusque et énigmatique. Le rythme, extrêmement contemplatif, et lent, avec des silences très longs m'a perturbé. Mais à coté de ça, j'ai trouvé Valhalla Rising totalement hypnotique, dégageant une puissance visuelle que j'avais rarement vu dans d'autres films "live" (Orange Mécanique m'a fait cette impression, dans un autre genre). Je sais pas ou le film est tourné (je dirais Ecosse, Irlande, ou Islande), mais entre les paysages grandioses et angoissants, le brouillard omniprésent et les compositions grandiloquentes des images, j'en ai pris plein les yeux. Les costumes, l'ambiance, la saleté de tout cet univers, l'angoisse provoqué par le brouillard infini, le soleil immense lors du chapitre sur la bateau, tout contribue à créer une atmosphère oscillant entre le mystique, le fascinant et le dérangeant. Je saurais même pas comment en parler, en fait, a part en montrant le film. Parcque, pfiou, c'est juste beau, en fait. Je vais recommencer mes phrases a virgules interminables, mais bon. J'ai eu l'impression, en regardant ce film, qu'on me donnais une leçon de composition d'image, avec un jeu fantastique sur l'espace, sur les contres jours, sur le découpage des positions des personnages dans un espace immense. On a toute ce calme, ce vide qui est contrebalancé par une violence crue, viscérale, ou One Eye explose la tête d'un mec a coup de pierres, on il ouvre le bide d'un autre en laissant tomber ses entrailles, ou au détour d'un groupe croisée dans les plaines on voit un groupe de femmes nues dans le froid, attachée, dont on devine le destin tragique. On a ces espèces de gros trips visuels, ces visions de l'avenir sanguinolentes, tout le travail autour du corps dans l'avant dernier chapitre, avec des ralentis bluffants.

J'ai été hypnotisé par ce film, réellement. Et c'était assez jouissif. Maintenant, si je veux dessiner un univers aux accents mystiques, je sais ou aller chercher.

Tarzan, ce n'est pas que de la nostalgie

Revoir un Disney des années après, c'est toujours un exercice. Un exercice pour savoir si on aime ce film uniquement par nostalgie, ou parcqu'il a de réelles qualités. Tarzan, je l'ai vu quand j'étais gosse, un bon nombre de fois, et il m'avais marqué par son histoire, ses personnages, et sa musique. M'étant renseigné un peu sur l'histoire originale depuis, je me suis demandé si l'idéalisation permanente que fait Disney des récits qu'il adapte n'allait pas gâcher mon plaisir. Et j'ai été agréablement surpris. J'avais oublié a quel point les personnages de ce film étaient attachants. Ce ne sont que des archétypes peu travaillés, et certains n'existent que pour leur fonction, comme dans tous les Disney. On pense à Clayton, qui n'est la que pour être insupportable pendant tout le film, et pour lequel on arrive jamais a voir de sympathie. C'est le but, d'ailleurs. Disney ne cherche pas a faire autre chose que du caricatural très bien réalisé, et ça marche. Dès les premières minutes on connait la fin du film, mais on s'en fout. Car tous les personnage sont dessinés et doublés avec une justesse rare, doublés avec une justesse rare. J'avais oublié la fougue de Tok, qui est le comic relief du film, mais qui a des mimiques et es intonations de voix géniales pendant 1h30. Tout comme Tantor, et ses répliques cultes. "Constipation émotionnelle", avouez que c'est classe comme expression. Et puis Tarzan, qui est le héros parfait, mais qui a juste la méga classe, parcque Disney a un trait qui est fantastique, et que tu ne peux pas ne pas l'aimer.

Et puis j'avais surtout oublié que visuellement, Tarzan est vraiment impressionnant. Que ce soit au niveau de la dynamique de ses scènes d'actions, super bien chorégraphiées. De part ses décors, avec le thème de la jungle qui a vraiment permis aux artistes de se lâcher, et de produire des panoramas fantaisistes et très colorés, avec toujours un grand sens du détail et une précision de fou dans la peinture. Mais aussi par son animation extrêmement fluide, qui utilise extrêmement bien la profondeur, et qui rend toutes les poursuites, les ballades sur les lianes et les combats ultra agréables a regarder. Et puis tout ça est porté par une bande son qui à été énormément décriée en France, à cause de l'accent de Phil Collins, qui chante en français. Moi ça m'a pas gêné, parcque j'avais adoré les musiques a l'époque. Mon visionnage récent je l'ai fait en anglais, et, y'a pas a dire, les musiques défoncent. Je trouve que la voix de Collins va super bien sur des thèmes comme ça, et "Son of Man" je la considère comme une des meilleures chansons de Disney, avec ses percussions totalement jouissives.

Pour moi Tarzan fait partie des excellents Disney, car même si il a cette idéalisation des univers et des personnages qui peut être agaçantes, et une structure très convenue, il arrive a captiver par son rythme, et surtout par le génie des traits de ses animateurs. Tarzan, ce n'est pas que de la nostalgie, c'est un excellent film.

Musique culte pour la peine.