Le fils prodigue est de retour

Il n'y a pas de fumée sans feu, dit-on souvent. Depuis la démonstration de PES 2011 à Tokyo, et plus récemment à l'E3, les impressions de la presse ont toujours été positives. Les progrès de la concurrence ont clairement changé nos exigences en matière de jeux de football, mais l'équipe de PES Productions semble plutôt bien tirer son épingle du jeu jusqu'à présent. Même si les fans hardcore étaient restés fidèles, avec la ferme conviction que PES retrouverait un jour le droit chemin d'une manière ou d'une autre, nombreux sont ceux qui avaient renoncé et, pourtant, les previews positives nous ont à tous donné l'espoir de voir le roi effectivement de retour. Comment autant de personnes différentes pourraient toutes se tromper ? C'est avec ce sentiment d'anticipation et de confiance que j'ai pris pour la première fois la manette en main pour jouer à PES 2011.

 

Et je pense que confiance est le mot qui convient pour décrire l'ambiance générale autour de PES 2011, de l'équipe de développement à Jon Murphy, si apprécié des fans. Ces dernières années, de leur propre aveu, l'excès de confiance et la paresse ont considérablement nuit à la progression de la série. La frontière entre confiance et arrogance est mince, et certains diront que cette frontière a été franchie un peu trop souvent depuis PES6. Une chose est certaine en revanche, c'est que le jour où PES retrouve sa splendeur d'autrefois, les gars de chez Konami sont nécessairement les premiers à le savoir. Lorsque Suffwan et moi avons démarré le jeu, on a rapidement compris d'où venait cette confiance retrouvée. De l'écran d'accueil jusqu'au changement révolutionnaire évident une fois le match démarré, PES 2011transpire de qualité. Avant même que le coup d'envoi ne soit donné, nous étions tous les deux conquis par les menus et la présentation d'avant-match.

Tout d'abord, le menu principal n'est pas sans rappeler celui de WE 8/PES 4, cela m'a immédiatement frappé. Les modes de jeux sont maintenant présentés dans une barre horizontale située en bas de l'écran que l'ont fait défiler tandis que l'illustration principale change au gré de vos choix. Très propre, réussi graphiquement et fidèle à la tradition de PES d'offrir des menus permettant une navigation rapide et sans effort.

Après avoir choisi nos équipes parmi une sélection limitée (Suff prit l'Inter et moi le Real), nous avons été accueillis par ce qui est peut-être le meilleur écran de choix de la formation qu'il y ait jamais eu dans un jeu de football ! Vous l'avez désormais tous vu, c'est l'écran montrant le terrain avec tous vos joueurs dispersés dessus. Changer les joueurs, leur position et leur rôle est extrêmement facile et incroyablement intuitif, et c'est quelque chose que vous ne pourrez apprécier à sa juste valeur que lorsque vous l'essayerez par vous-même. Cette accessibilité est en réponse directe à la profondeur, parfois déroutante des menus de l'an passé, ou une bonne partie du travail effectué par Konami sur l'IA et les cartes des joueurs s'est retrouvé perdu pour de nombreux joueurs. Pas cette année cependant, puisque parcourir tant d'options complexes n'a jamais été si facile. Une fois l'équipe choisie, la stratégie mise en place, nous étions prêts pour le match.

A-t-on encore besoin de le dire ? PES 2011 est superbe graphiquement. La même séquence d'avant-match que l'année dernière, mais qui paraît plus belle avec ce nouveau "skin". PES 2010 était réussi graphiquement et ce n'est pas l'une des premières choses auxquelles on pense quand on veut améliorer le jeu. Alors que la différence est claire lorsqu'on l'a face à soi, la décrire est un peu plus difficile. La lumière et le look "plastique" ont été remplacé par un filtre plus réaliste, avec des couleurs et des textures plus réelles et moins "jeu vidéo". Même la pelouse semble en profiter. Voir la même intro avec ce nouveau look lui donne une seconde vie, nous faisant oublier son aspect familier. On peut également dire la même chose une fois la présentation du match terminée, et que la caméra descend vers les joueurs qui s'étirent et s'échauffent, prêts à l'action.

On nous a souvent dit que PES 2011 était un tout nouveau jeu, et effectivement les choses ont changé de façon spectaculaire. La bonne nouvelle est qu'il faut bien peu de temps pour s'en rendre compte. C'est un bombardement d'améliorations et de changements à couper le souffle dès le départ, justifiant rapidement ce qui nous a été dit depuis de bons mois. De la nouvelle caméra diffusion TV, aux animations améliorées, en passant par le nouveau système de passes, il n'y a rien qui fasse penser aux PES de cette génération - sans parler de PES 2010. Une fois le coup d'envoi donné, nous ne trouvions plus nos mots dans un premier temps, étant donné qu'il nous fallait un moment pour réaliser ce que nous étions en train de voir, et également parce que nous faisions de notre mieux pour venir à bout de ce nouveau système de passes. La nouvelle barre de puissance et ce contrôle plus manuel des passes a apporté un changement important dans PES et, pour la première fois en Dieu sait combien de temps, nous force à jouer complètement différemment. Simplement appuyer sur X (nous avons joué sur PS3) en orientant la passe ne représente que la moitié du travail désormais, étant donné qu'il faut désormais s'appliquer à jauger la puissance voulue. Présent dans FIFA depuis un moment, mais pas totalement similaire, ça force le joueur à tout simplement faire plus attention à l'endroit et à la personne à qui il souhaite faire la passe. Tandis que les passes courtes requièrent un peu d'habileté et d'application, toutes les passes un peu plus lointaines demandent plus d'effort dans la visée, particulièrement avec les joueurs peu talentueux.

On a tout de suite ressenti ce besoin d'être plus attentif dans notre jeu, en perdant la balle à vouloir l'envoyer instinctivement trop rapidement vers l'avant. Bien que le contrôle directionnel est assez précis avec la majorité des joueurs, il n'y a pas d'aide ou d'assistance de l'IA pour guider le ballon vers votre joueur. Appuyer trop longtemps ou pas assez vous met évidemment en difficulté, et vous oblige à être plus concentré que jamais lorsque vous faites une passe à un coéquipier. PES restant PES, cependant, même un tel élément essentiel dans le jeu n'est pas déterminé uniquement par le contrôle manuel. De la même façon que les gars de chez EA ont copié des éléments de PES et ont cherché à les améliorer, Konami a fait la même chose mais en ajoutant une touche personnelle. Cet ajout clé est l'individualité des joueurs.

Avant de pouvoir tester moi-même le jeu, ce système de passes libres m'inquiétait : alors qu'il  pouvait apporter une nouvelle façon de jouer à PES, c'est le facteur d'individualité des joueurs qui m'a gardé attaché à la série. Je suis heureux de dire que cette philosophie ne s'est pas égarée dans cette nouvelle aventure. Jouer la balle avec Alonso est plus bénéfique par exemple qu'avec Marcelo, la précision et la puissance étant plus laxiste qu'en faisant la même passe avec ce dernier. Suff et moi-même avons tous deux eu ce sentiment que le ballon atteignait plus précisément sa cible avec les meilleurs passeurs, et étaient toujours plus facile à contrôler. La même chose peut être dite pour le jeu dans l'espace : les meilleurs passeurs du jeu ont vraiment une influence sur le style de jeu et en contrôle son rythme. Une fois habitué à ce nouveau système de passes, on a essayé de se laisser imprégner des nouvelles animation du jeu.

Soyons clair, les animations dans PES 2011 sont sur une autre planète comparé à PES 2010. Il est inutile de vouloir comparer à l'an dernier à partir d'une image ou d'un segment du gameplay tiré du trailer, il faut le voir en mouvement de ses propres yeux. Et pour Suff et moi, ça a été l'un des éléments principaux qu'on a gardé de cette première prise en main. Même avant le coup de sifflet pour le coup d'envoi, il était clair que nous allions nous régaler, avec les joueurs effectuant leur habituel échauffement. Tout est très naturel et crédible, particulièrement lorsque on y ajoute  l'effet donné par la nouvelle caméra. Une fois que le jeu a commencé, nous devions ressembler à des petits enfants à leur premier feu d'artifice, la bouche ouverte et disant "wow" toutes les minutes.

Courir, dribbler, tacler, passer, faire une tête, tomber, etc., etc. et j'en passe, la moindre animation a soit été améliorée, soit été refaite. En plus de cela, les animations supplémentaires nous donnent PES le plus fluide qu'il n'ait jamais existé. Les joueurs bougent et font pivoter leur corps dans chaque déplacement, fini les mouvements anormaux avec des joueurs prenant certaines postures irréalistes. De nouvelles animations de passes et de tirs font également leur apparition, avec des joueurs qui prennent réellement en compte l'emplacement du ballon, et s'ils ont le temps ou non de le placer sur leur bon pied. Si la balle est trop excentrée à gauche alors qu'ils sont droitiers, il y a plus de chances qu'ils essayent de la poussent la balle vers l'avant avec l'extérieur du pied droit. Plus de temps ? Ils vont plutôt essayer d'utiliser l'intérieur du pied pour une passe plus précise. 

La même amélioration est visible dans les dribbles. Les animations supplémentaires apportent vraiment du réalisme aux mouvements du joueur avec le ballon, avec un gros travail sur les liaisons d'animations. Le dribble à 360° a été beaucoup discuté et contesté dans PES 2010 par un certain nombre de personnes, mais, cette année, il sera bien plus difficile de le contester. Les joueurs se déplacent avec précision et vivacité, sans jamais paraître irréaliste. Comme on peut.s'y attendre avec PES, les bons dribbleurs connus tels que Ronaldo/Messi/Robben sont naturellement meilleurs en possession du ballon, utilisant plus de touches de balles pour se déplacer sur le terrain, toujours en vous donnant le sentiment que l'on peut changer de direction si besoin est.

Tant que l'on parle des dribbles, ça vaut probablement la peine que je signale rapidement les nouveaux gestes techniques que PES 2011 accueille. En toute honnêteté, ce n'est pas quelque chose sur lequel nous nous sommes attardés, ayant passé la plupart de notre temps à nous concentrer sur le jeu en lui-même et à nous habituer aux passes et au jeu physique. D'après ce que nous avons vu, nous avons été agréablement surpris par sa mise en oeuvre. Je n'ai jamais été intéressé par les gestes techniques personnellement, et ce n'est pas quelque chose que j'utilise quand je joue au jeu, mais en pressant L1 et en une direction sur le stick analogique droit, vous pouvez réaliser une variété de gestes techniques. Ce qui m'a le plus plu est le fait qu'aucun geste technique n'était un moyen imparable de passer un adversaire, et les plus complexes d'entre eux, comme le "rainbow kick", nécessitent que le joueur effectue quelques gestes techniques avant de les réaliser, ce qui signifie qu'ils sont plus faciles à anticiper et exigent plus de temps pour être réaliser. Mon préféré cependant est le "heel flick inside" (talonnade vers l'intérieur), rendu célèbre grâce à Ronaldo et Drogba, et qui a été vu pour la dernière fois dan PES 2008. C'est un bon moyen de contourner un adversaire et mettre la balle sur son bon pied, et il parait également étrangement réaliste. Une des inquiétudes qui ressortait du trailer concernait les gestes techniques qui n'étaient pas bien liés ensembles et restaient bloqués au pied du joueur, mais cette inquiétude est oubliée une fois qu'on les a vus en action.

Le dernier grand bond en avant dans les animations du jeu vient du jeu physique. Comme il a été déjà dit, il y a maintenant 3 façons de défendre dans PES. Appuyer sur X pour suivre un joueur, appuyer sur X et déplacer le stick vers votre propre but pour laisser un peu d'espace et ne pas être battu, et finalement appuyer sur X et diriger le stick vers le joueur pour essayer de récupérer le ballon d'une façon plus agressive. Ils fonctionnent tous bien, et paraissent vraiment réalistes lorsqu'on les voit en action. Tandis que les deux premiers ont des répercussions plaisantes dans le gameplay, la façon de récupérer agressivement le ballon est la plus plaisante à voir. Voir les joueurs lutter pour un ballon dans PES est quelque chose que nous avons tous voulu, et le voir fonctionner dans le jeu aussi bien que nous l'espérions est un rêve devenu réalité. La bonne nouvelle est que le jeu physique n'est pas là que pour le spectacle : comme pour la barre de puissance des passes, Konami est resté fidèle à la philosophie PES. Des joueurs grands et forts répondront plus facilement présent dans la lutte que les petits joueurs faibles, évidemment, mais tout dépend des statistiques et du positionnement du joueur. Dans les derniers matches avec l'Italie pour moi et Suff avec les Pays-Bas, Van Bommel a foncé à toute allure sur Pirlo. Un petit coup de stick analogique à l'opposé l'a fait me percuter dans le dos, faisant tomber Pirlo, et m'offrant un coup franc. Contrairement à FIFA, le fait de simplement appuyer sur X ne suffit pas pour faire un pressing sur l'adversaire : ils est décisif de réaliser ces gestes agressifs dans le bon timing. Particulièrement avec les temps de réponses améliorés et les arbitres corrigés.

Une des autres inquiétudes que j'avais vis-à-vis de l'ajout de toutes ces animations était de savoir si le temps de réponse avait été affûtés depuis le problème évident posé l'an dernier. Heureusement, les animations supplémentaires ont en fait aidé le temps de réponse, donnant aux joueurs plus de variétés de passes, et de déplacements instantanés. On peut dire la même chose pour l'arrêt avec R2, les joueurs ayant la capacité d'arrêter la balle bien plus rapidement si elle est proche de leurs pieds. Ça permet aux joueurs avec une meilleure technique d'être plus importants dans le jeu. Comme mentionné précédemment, heureusement que les arbitres sont bien, bien meilleurs. Tout au long de notre test, ils n'ont pas fait une seule mauvaise décision, avec chaque faute évidente correctement sanctionnée. De même, nous avons tous deux concédé de nombreuses fautes en nous montrant trop agressifs dans nos tentatives pour reprendre la balle. La règle de l'avantage a également été aperçue quelques fois, mais nous n'avons vu personne recevoir un carton après que le jeu ait été arrêté pour une faute précédemment commise.

Nos inquiétudes à ce stade du développement sont minimes, principalement parce que chaque problème que nous avons signalés était connus et travaillés. Les gardiens, qui se comportent plus comme ils devraient, boxent encore trop le ballon et font parfois des boulettes. Les penalty semblent être les mêmes que dans PES 2010, on peut seulement espérer et prier pour que cela change bientôt. Quelques autres petites remarques concernent les joueurs qui mettent un peu trop de temps à contrôler les ballons aériens et les tirs qui sont parfois trop longs à partir.

Dans l'ensemble cependant, même à ce stade précoce, c'est tout simplement difficile de ne pas être impressionné par les pas de géants que Konami a fait cette année. Après des années de revendications, ils ont créé un nouveau jeu, leurs promesses de changements sont vraies. C'est le temps pour les fans de se réjouir, notre fidélité étant finalement récompensée. C'est aussi le moment pour ceux qui ont quitté le navire de revenir et voir pourquoi tout ce remue-ménage. Dans l'ensemble, il est temps de se préparer à ne plus utiliser PES5/6 comme étant la référence de la série. Avec encore du temps pour améliorer un jeu déjà solide, il y a toutes les chances pour que cette année, on célèbre le retour du fils prodigue.

Info traduite de WENB par Diablosc et Smiley.B de WEarePES.com