Si le jeu vidéo en lui-même continue à évoluer, autant dans son design
que dans sa technique, il en va de même pour le marketing, la communication et
la distribution de celui-ci. On est même dans une période de complet
bouleversement avec une multiplication des nouveaux business model, les budgets
qui s'affolent coté communication, et bien sûr la dématérialisation. La presse
videoludique suit-elle cette évolution ?

Si la presse vidéoludique a pas
mal évolué ces dernières années, ce n'est pas tant que ça lié à l'évolution des
jeux dans leur design ou leur technique. Elle a suivi son chemin de son côté et
a surtout bénéficié, par exemple, des évolutions  techniques comme le développement d'internet.
Au final, la seule évolution technique directement liée à l'évolution des jeux
qui me vient à l'esprit et que l'on pourrait voir arriver serait la présence de
vidéo en 3D stéréoscopique histoire de nous permettre de voir réellement si la
3D « marche bien » ou pas. Avouons que pour le moment, ce n'est pas
vraiment ce qui nous préoccupe le plus, mais avec la 3DS qui arrive, qui
sait ?

Pour moi, comme expliqué en introduction
de ce ticket, c'est plutôt des facteurs gravitant autour des jeux eux-mêmes qui
vont forcer la presse à évoluer pour suivre le mouvement.

Parmi les facteurs clés, il y en
a un qui détermine pour moi tout le reste de la réflexion : La quantité croissante
de jeux qui débarquent désormais sur une année. C'est un fait, il y a de plus
en plus de jeux qui sortent chaque année et il ne faut pas chercher bien loin
les raison : Le nombre de consommateurs augmente (grâce à la maturation du
média, à l'élargissement opéré par la casualisation, etc.) et donc la capacité
du marché suit. 

On aurait pu se retrouver dans
une situation où seuls les blockbusters profiteraient de ce plus grand marché,
mais heureusement notre formidable média propose un nombre impressionnant
d'expériences différentes aptes à répondre au nombre tout aussi grand de types
de gamers différents.

C'est aussi surtout la
dématérialisation qui a permis cette multiplication en supprimant certains des
problèmes comme le stockage des jeux en rayon et leur visibilité par exemple.
Essayez un peu de mettre le catalogue Steam dans tous les magasins (déjà coté place ça va être tendu) et d'ensuite
permettre à un client de trouver facilement le jeu qu'il cherche, de gérer le
stock, la mise en avant des nombreuses sorties chaque semaine, ...

Le problème, c'est que les
équipes de journalistes, elles, n'ont pas forcément augmenté en taille dans la
même proportion que le marché. Pour prendre un exemple concret, il suffit de
regarder un peu du côté de Gameblog : On sait très bien qu'ils ne sont pas
bien nombreux et qu'au final leur temps libre y passe (et on les en remercie),
mais que ça ne suffit quand même plus pour couvrir chaque sortie de jeu.

Ce problème assez généralisé
devient un frein à l'évolution du marché alors que paradoxalement, on sent par
exemple Gameblog pousser les joueurs à aller vers ces jeux dont les
représentants que sont Braid, Limbo, Flower, Super Meat Boy et compagnie
arrivent désormais en bonne position dans le top 10 des journalistes.

Cela peut paraitre un peu dur de
dire que c'est « un frein », mais il faut bien savoir que par exemple
dans le cas d'un F2P (free-to-play), la couverture médiatique est souvent
encore moins importante que pour les jeux à bas prix et pourtant, ce sont eux qui
ont besoin de toucher le plus de gens pour espérer atteindre la rentabilité.

Pour ne rien arranger, ce sont
les F2P et les jeux à petit prix qui disposent évidemment souvent du budget de
communication le moins important et qui espèrent donc se vendre grâce au
« bouche à oreille » dont les sites comme Gameblog sont un vrai
moteur.

Le vrai paradoxe dans tout cela
en plus est que l'on estime que la presse videoludique a finalement très peu
d'influence sur les ventes de « gros jeux ». Normal, ces mêmes gros
jeux ont souvent un budget publicitaire capable de compenser sans problème de
mauvaises critiques. Au contraire, les jeux à bas prix visent du coup souvent
un public de core gamer ou de niche qui est justement le public qui suit la
presse !

Du coup, la presse couvre surtout
ces jeux pour laquelle elle ne jouerait pas un si grand rôle, mais elle couvre
beaucoup moins ceux pour lesquels elle joue un rôle bien plus important. Bon
bien sûr je force sûrement un peu le trait, surtout étant donné que je bosse
sur un jeu F2P et que je sais à quel point c'est compliqué, ne serait-ce que de
faire apparaitre son jeu correctement dans les bases de données des sites (avec
par exemple une date de sortie pas erronée, hum :D).

 

 

Alors quelles solutions à ce
problème ?

Une des premières réponses qui me
vient à l'esprit est la spécialisation des sites. Il faudrait peut-être plus de
sites dédiés aux jeux à bas prix, aux F2P, etc. Il doit en exister je suppose,
mais aucun ne semble vraiment percer, peut-être encore dû au fait que les
mentalités mettent le temps à évoluer et qu'on se dit encore qu'un jeu gratuit
ou à bas prix sont moins bons.

Mais même si ces sites étaient
plus présents, au final on a aussi nos habitudes, on choisit aussi nos sites
(ou magazines) parce qu'ils ont une façon bien à eux de parler du média, une
ligne éditoriale que l'on apprécie. Alors comment par exemple faire évoluer un
site comme Gameblog vers une couverture plus grande de tous ces jeux ?

Je pense que la rédaction a déjà
trouvé une solution très intéressante et efficace (et non ce n'est pas le
clonage) en mettant en avant les blogs, articles et bien sûr, les tests !
Même si le test d'un lecteur n'a pas le poids de celui d'un des rédacteurs,
c'est déjà un très bon début et la mise en avant de Gameblog de la section
communauté joue bien sûr un rôle important dans tout cela. Dans le même ordre
d'idée, je pense d'ailleurs au très bon www.senscritique.com(d'ailleurs on s'en sort pas trop mal avec Arena dessus https://www.senscritique.com/jeuxvideo/dofus-arena/39123674728198^^) qui est aussi une vraie solution intéressante.

A part cela, j'avoue ne pas pour
le moment voir de solution miracle. J'en arrive même à prendre le problème dans
l'autre sens et à me dire que mon prochain jeu, je ferais mieux de le
faire payant même si je suis convaincu que plus de gens en profiteraient et
qu'il serait plus intéressant en étant un F2P. En plus, quand on sait qu'un jeu
dématérialisé doit être payant si il veut profiter de plateforme de
distribution telle que Steam, ça donne vraiment pas envie de se décarcasser à
faire un F2P rentable. Dommage, car c'est encore une des meilleures solutions
contre le piratage à coté de tout cela.

 

Et vous, vous en pensez
quoi ? Vous avez des solutions ? Vous consommez beaucoup de jeux à
bas prix ou de F2P ? Considérez-vous un jeu comme un
« sous-jeux » s'il ne coûte pas au moins 50 euros ?