Bonjour,

 

Je prends mon clavier aujourd'hui pour vous faire partager un petit texte que j'ai écrit. Ce texte est né d'un petit week-end de réflexion sur un sujet imposé dans un forum d'écriture.

Les contraintes étant :

  • 500 mots maximum,
  • Votre personnage est un traître. Mais les conséquences de sa trahison ne sont pas celles qu'il pensait engendrer, 
  • Votre trahison a un impact sur votre plus grand rêve,
  • L'histoire se passe en Asie.

Les contraintes sont importantes à la compréhension du texte. Je suis conscient que ce n'est pas parfait, que mes idées sont un peu confues, mais j'en était content. 

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Une légère vapeur d'eau montait dans les airs jusqu'à atteindre la peau de mon visage, ce qui fit légèrement perlait mon front. Il arrivait sept heures que déjà, le soleil du printemps commençait à disparaître à l'horizon. L'herbe, si luxuriante la veille perdait de sa couleur, pour devenir noire comme si le manque de lumière lui était fatal. J'observais ce paysage d'une beauté étrange, les yeux fermés. L'odeur sucrée et irrésistible de la rhubarbe qui flottait dans l'air guidait tous mes sens et mes souvenirs. J'avais passé tant de temps, assis, face à ce soleil couchant, attendant. Attendant.

Je pris la tasse à deux doigts, sentant la chaleur au creux de ma main, et l'amena à mes lèvres. J'humidifiai celles-ci avec le liquide, encore bien trop chaud. C'était la seule fois depuis que j'étais arrivé dans cette campagne qui m'était devenue si chère, que boire un thé me fît si mal. Je ne pouvais l'apprécier, et l'odeur qui me faisait chavirer à l'accoutumée ne pût me convaincre. Paradoxalement, ce ne fut pas l'arôme du thé qui me vint en bouche. Ce fut un goût dans ma gorge. L'amertume envahit doucement ma bouche, et saisit enfin ma langue. Ce dégoût m'obséda pendant de longues minutes m'empêchant ainsi de profiter de ces dernières brises de paix. Je bus mon thé à contrecœur, espérant que son goût fasse s'éclipser mon malaise, en vain. Je me levai en rentrai enfin pour aller admirer Xia[1], celle pour qui j'étais resté. Elle traçait, inlassablement, avec ce pinceau qu'elle ne quittait jamais, les mêmes signes. Des gouttes coulaient le long de ses joues pour aller se mélanger à l'encre, fraîchement déposée par le pinceau. Je l'observais calmement, tandis qu'il régnait un silence lourd, imperturbable. Je traversai le bâtiment pour aller à son entrée. Je m'y postai en tailleur, sentant les vibrations du sol. Les tambours arrivaient. J'attendais, encore.

Les tambours, et ce qui s'en suivait amenaient avec eux les vents déchaînés du Nord. Ils perturbaient le calme ambiant et la douceur. On m'avait demandé de venir habiter ici, de me lier avec les dirigeants, puis après plusieurs années de me montrer favorable au pouvoir impérial, afin que celui-ci contrôle la ville. La dynastie régnante n'a pas voulu entendre mes arguments. Ils n'eurent pas le choix. Seulement, l'empereur ne m'avait pas fait parvenir ses projets en cas de refus de la part de l'autorité locale. Il ferait comprendre qu'il ne faut pas résister. Je fis cela pour une liberté fictive que l'on m'avait promise, à ma famille et moi, mais j'en rêvais.

Seulement, j'aimais cette province, et Xia, que je venais de rencontrer. J'avais trahi mes amis, l'herbe brûlait, la terre allait être gorgée du sang de tous les habitants de la province, moi y compris.

Le soleil se coucha, et j'allai rejoindre Xia. Nous mourrons ensemble. Elle écrivit une dernière fois ses signes favoris, « Xi Wang [2]», puis nous allâmes boire un dernier thé, au cœur de cette ville qui deviendra Xuecheng[3].

 



[1] Xia : Signifie « La lueur du couché de soleil »

[2] Xi Wang : « Espoir » en chinois.

[3] Xuecheng : De « Xue », sang en chinois, et « cheng », ville en chinois.