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Aaaah, les vacances d'été! Une période propice pour rattraper son retard sur les nombreuses sorties du printemps ou pour se refaire un bon vieux classique, afin de vérifier si l'adage "c'était mieux avant!"a toujours un sens...Pour ma part, étant donné le retour de flamme de la série via DBZ Super et la parution chez Glénat de Jaco the galactic patrolman, l'envie de me replonger dans l'oeuvre fondatrice d'Akira Toriyama (avec Dr Slump) presque 20 ans après en avoir lu le dernier tome m'est apparu comme une évidence. Seulement voilà, au fil des tomes, un doute s'est immiscé: après toutes ces années, DB mérite t'il toujours son aura?Si le titre sortait aujourd'hui, serait il le phénomène de société qu'il fut dans les années 90?Les jeunes d'aujourd'hui seraient ils aussi conquis que le furent les trentenaires actuels? En un mot: DB est-il has-been?

  • Un kaméhaméha graphique?
 

42 tomes, des millions de volumes vendus, une série TV et des films à foison, des dizaines d'adaptations en Jeu vidéo... Pas facile de s'attaquer à un tel monument du shonen manga sans se souvenir de tout ce que ce titre a pu apporter à la pop-culture, la manière dont ce titre a permis au manga de percer à l'international. Disons le tout net: sans DB, nous ne serions pas là à disserter sur les multiples sorties qui inondent les étals de nos libraires préférés, c'est une certitude! Non pas que d'autres titres de grande qualité et grand public soient sortis par la suite (One piece en premier lieu), mais DB a bénéficié d'une période propice où toute une génération d'ados attendait une nouvelle manière de voir la bande dessinée, un nouveau souffle. La BD franco-belge, malgré ses qualités, n'a pas senti le vent tourner et le manga, avec Gôku en figure de proue, s'est engouffré dans la brèche. Que ce soit le découpage, taillé au cordeau, le chara-design, distributeur officiel de charisme quelque soit l'importance du personnage, ou les cadrages impeccables, tout est fait pour rendre la lecture agréable et parfaitement lisible, malgré un nombre impressionnant de combats. Mais cette quasi-perfection technique très cadrée a les défauts de ses qualités: le public d'aujourd'hui a été habitué à ce que les codes narratifs soient triturés dans tous les sens, à coup de double-pages dévastatrices et de personnages sortant du cadre, ce qui rend la lecture de DB parfois trop "sage" et "conventionnelle". Question de style me direz-vous, mais il est indéniable que l'aspect révolutionnaire du titre s'est évanoui avec le temps...

 

 

  • Nekketsu jusqu'au bout
 

Dragon Ball est considéré, à juste titre, comme l'archétype du shonen nekketsu. Pour les deux du fond qui ne suivent pas, le nekketsu est une catégorie de shonen où le héros évolue souvent par la force de ses poings et croit dur comme fer au dépassement de soi. Un genre qui a ses codes et ses passages quasi-obligés tels que des tournois (plus ou moins déguisés selon les titres) ou la succession d'ennemis comme autant de paliers à atteindre pour atteindre la plénitude. Schéma simple voire simpliste selon le talent de l'auteur (Hiro Mashima, si tu m'entends...) mais qui demande à ce dernier une certaine dose d'imagination pour réussir à créer un univers suffisamment accrocheur et des situations diversifiées pour ne pas lasser rapidement le lecteur. Des aspects que Toriyama-sensei respecte...partiellement. Je m'explique: si l'univers de DB, inspiré d'une légende orientale, a tout pour plaire avec ce mélange de traditions et de modernité (les capsules de Bulma, la machine à voyager dans le temps de Trunks, entre autres), le bât blesse quand on commence à aborder la variété du titre passé le premier tiers de la saga: multiplication des tournois, retournements de situation abracadabrantesques pendant les combats, combattants à l'attitude régulièrement illogique et crispante... Des maux qui sont partiellement effacés par la qualité des personnages, le charisme indéniable des ennemis, et un humour qui, bien qu'il se raréfie au fil des tomes, fait mouche. Qui plus est, j'avais souvenir de liaisons entre les différents arcs pas aussi fluides qu'elles me sont apparues lors de la relecture. Un très bon point, quand on voit d'autres titres du même genre bien moins inspirés (bleach, pour n'en citer qu'un). En parlant d'arcs narratifs, la manière dont l'auteur réussit à sortir de sa routine concernant la gestion des ennemis pendant la période "Cyborgs/Cell" est salvatrice au bout d'une trentaine de tomes. En parlant de tomes: si 42 est déjà un chiffre respectable et n'empêche pas certaines baisses de régime, ces dernières sont assez courtes et ne brisent pas le rythme de lecture, ne laissant pas la désagréable impression d'inutilité de certains passages.

  • Où sont les feeeeemmmmes.... (air connu)?
 

Le shonen, s'il vise par nature les jeunes garçons dans un premier temps, a vu son lectorat se féminiser avec le temps et les mangakas se sont adaptés en apportant des personnages féminins aux rôles bien plus importants  (Nami et Nico Robin dans One pièce, Erza dans Fairy tail, Gally dans Gunnm....). Hors, même si Bulma est un personnage important, elle reste un simple soutien pour les personnages masculins. Ne parlons pas de Chichi, on ne peut plus crispante et caricaturale en matronne obnubilée par l'éducation de son fils, et pour le reste, de Lunch à Pan en passant par C-18 et Videl, si elles sont sympathiques, elles restent totalement  au second plan. Dommage, car le développement de certaines d'entre elles aurait été, à mon sens, bénéfique pour l'équilibre du titre. Car à force de s'appuyer sur des personnages masculins, hormis l'aspect "sévèrement burné" de la chose,  ces derniers ont du mal à se renouveler dans leurs attitudes: Gôku le candide, Végéta le bad boy, Piccolo le frustré, Yamcha le poids mort, Krilin la bonne poire... Même s'ils jouent leurs rôles à la perfection, on aurait aimé les voir évoluer plus sensiblement... Autre aspect un poil regrettable: alors que les unions sont multiples, c'est pas la tendresse qui étouffe nos héros...Mon côté fleur bleue sans doute, mais c'est pas avec des femmes qu'on laisse à la maison et des gamins qu'on surentraîne dès leur plus jeune âge qu'on attire les filles sans avoir à transformer son titre en shojo...En tout cas, il sera particulièrement intéressant de voir à quel point cet aspect évoluera dans Dragon Ball Super, censé être la suite directe des aventures de nos saïyens préférés...

 

 

Dragon Ball a vieilli, c'est un fait. Face aux grosses cylindrées du Jump actuelles, DB aurait du mal à faire le poids, la faute à des codes qui ont bien évolué depuis sa parution. Normal, me direz vous, il faut faire avec son temps. Mais une chose est sûre: s'il a perdu de sa vigueur, DB reste une lecture très agréable, qu'il faut prendre comme elle est: le vestige d'une époque révolue, où les héros gardaient cette naïveté qui nous manque tellement désormais. Charge à DB Super de montrer que les idoles ne meurent jamais...