Bon donc ça c'est fait... T'as cliqué. Reste plus qu'à te garder jusqu'à la fin. Car oui, cette fois-ci on va parler 7ème art et film d'auteur. Le genre de truc qu'on t'oblige à mater quand t'es étudiant en cinéma et qui donne bien envie... de se pendre. La seule différence, c'est que pour faire passer tout ça sans que ça pique trop, on va appliquer la crème toute douce "jeu vidéo". Avec ça, tu vas voir, ça rentre tout seul. Enfin là je fais le mariole, mais je peux te dire que j'étais pas fier quand j'ai jeté un coup d'oeil aux trois données essentielles qui t'indiquent le Q.I requis pour comprendre un film. Trois choses : la date, le pays et la durée. 1979, URSS, 2h40. Ok, on verra plus tard... Deux ans ont passé et je suis enfin prêt psychologiquement.

 

C'est quoi à la base Stalker ?

Déjà, je voulais quand même commencer par mettre les choses au point en ce qui concerne le titre. On va dire que je n'ai pas vraiment menti, puisqu'il y a bien de la meuf (moche et soviétique, mais ça compte), que le film est intégralement en bullet time et que bien évidemment c'est métaphysique (Niv 21 je pense). Voilà, maintenant on va passer à l'introduction de l'objet cinématographique dans... son ensemble (détendez-vous bien hein). Donc comme je le disais plus haut, le film est sorti en 1979 et est adapté d'un roman qui s'appelle Pique-nique au bord du chemin (traduction russe) ou plus communément Stalker. Ce dernier est écrit en 1972. Ensuite ce qu'il faut retenir, c'est que le film, puis ensuite le jeu, sont des adaptations libres de l'histoire de base. On retrouve donc les éléments principaux : la Zone (ou les zones dans le bouquin), les stalkers (ceux qui vont dans la Zone) et cette fameuse relique qui est sensée exaucer tous les voeux.

L'ambiance est assez proche du jeu. Ça donne envie quoi.

 

Et de quoi que ça cause le film ?

Et bien, c'est un peu différent du livre ou du jeu vidéo (qui sont très proches), puisque le stalker n'est pas ici montré comme un chasseur d'artefacts qui se rend dans la Zone que pour gagner sa croûte, mais plus comme un guide. Le personnage principal a donc pour mission d'emmener un scientifique et un écrivain dans cet endroit étrange pour y trouver la Chambre. C'est le point commun entre les 3 oeuvres. Cet endroit où, a priori, ce que l'on souhaite se réalise. Mais avant d'en arriver là, il faudra surmonter les dangers de la Zone, d'origine extra-terrestre. Un élément vaguement évoqué puisque l'on parle dans le film d'une météorite qui aurait déclenché des anomalies et réduit cet endroit en vaste champs de ruines. Voilà en gros le synopsis. Difficile d'en dire plus sans vous gâcher le plaisir de l'intense masturbation intellectuelle qui vous attend. Parce que là, je vous le dis tout de suite, les dialogues (VOST russe) sont d'un abstrait qui va rappeler à certain leurs plus beaux cours de philosophie. Vous la sentez bien là, l'envie de courir virtuellement vous procurer ces 2h40 de bonheur ?

Aux portes de la Chambre, l'endroit où leur souhait va peut-être se réaliser

 

Moi je m'en fout, je suis là pour le jeu S.T.A.L.K.E.R donc raboule les points communs et les différences avec le film !

S.T.A.L.K.E.R (Shadow of Tchernobyl) c'est d'abord une vaste blague qui a mis 6 ans à sortir et qui nous parvient complètement buggée, en version boite pre-alpha. Pour vos dire, la somme des patchs et des mods (quasi-obligatoires pour ne pas se flinguer) devaient peser autant que le jeu. Et même avec ça, je me suis retrouvé au bout de 20h dans une boucle qui faisait planter le jeu. Du bonheur quoi. Pourtant, l'ambiance était vraiment prenante... Enfin bref, en ce qui concerne les points communs, il a bien sûr le machin qui exauce les voeux (un monolithe dans le jeu), mais surtout la Zone dans son ensemble. Un endroit dévasté réservé à ceux qui connaissent tous ses pièges. A part ça, pas grand-chose. Ah si ! Comme dans le jeu, le héros du film lance des boulons pour "vérifier" s'il n'y a pas d'anomalies et à un peu la même tronche que son compatriote polygoné.

Bah moi je trouve qu'il y a un air...

Car au final, comme le film avec le livre, le jeu prend quelques libertés. La plus notable est le fait que les développeurs ont situé la Zone aux alentours de Tchernobyl. C'est donc la catastrophe et les expériences menées par les scientifiques sur les radiations qui ont déclenché les anomalies et la présence de mutants (bah oui parce que y'a rien à buter sinon). De la même manière, la Zone du film est vierge de toute présence humaine, tandis que dans le jeu, plusieurs factions y ont élu domicile. Enfin, tout ce qui est lié au commerce d'artefact et au marché noir alimenté par les stalkers est totalement absent du film.

Le stalker et l'écrivain, qui font la gueule comme d'hab'

 

 Zone réservée à ceux qui ont vu le film et qui veulent trouver des réponses (ou à ceux qu'on juste envie de se spoiler un truc qu'ils ne verront jamais)

Avant de commencer à rentrer dans le lard, je voulais souligner le fait que malgré ce que l'on pourrait croire en voyant le film, la Zone n'a strictement rien à voir avec la catastrophe de Tchernobyl. Pour une raison toute simple : cela s'est passé en 1986 (le film date de 1979). Ce qui est assez troublant je trouve...

 

T'en a pensé quoi toi ?

Et bien franchement, passé la première partie (le film est en deux parties) qui dure une heure et qui est une vraie purge, on rentre petit à petit dans le délire pour se retrouver à cogiter comme un con jusqu'à la fin. Au début, c'est ULTRA lent, on comprend quedalle, c'est en sépia et blanc, on veut mourir et puis la deuxième partie commence. Dès que l'on arrive dans la Zone, le film passe en couleurs et le propos se fait de plus en plus clair. Les plans chelous s'enchaînent et la Zone se montre mystique sans même que l'on voit quoique ce soit. Tout se passe dans notre imagination (comme pour les protagonistes). Stalker est donc un film qui se mérite ; et même si cela va à l'encontre de tout bon sens, il en vaut la peine

Aux critiques qui reprochent au film de ne pas être assez rapide et dynamique, le réalisateur répond :

Le film doit être lent et monotone au début pour que le spectateur qui s'est trompé de salle ait le temps de s'en aller avant que l'intrigue ne commence.

Paye ton troll...
            

 

Et si j'ai rien compris, je fais comment ?

Ce n'est pas possible (à moins de dormir, je te l'accorde). Il y a plusieurs éléments que l'on perçoit forcément. On se demande obligatoirement si la Zone est réelement bizarre ou si ce sont ses visiteurs qui ont un grain ? N'est-ce que superstition ? Pourquoi un écrivain et un scientifique ? Pourquoi cette ambiance mystique renforcée par une bande-son du même acabit ? Si vous vous êtes posé ces questions, c'est que vous avez quasiment tout compris. Personnellement, j'étais parti sur la religion, car je voyais le stalker comme un guide, un gourou qui jette au visage de la science et de l'art la possibilité de Dieu. Ce dernier prétend faire tout ça pour aider les hommes, sans motivation pécuniaire, pour les aider. On aperçoit même la couronne d'épine de Jésus vers la fin et l'attitude du scientifique qui veut dynamiter Dieu (vraiment) m'a clairement mis la puce à l'oreille.

Trop classe, j'ai trouvé l'image en plus

Au final, Stalker est un film sur le sacré dans son ensemble. Un des premiers travelling du film (dans la chambre) forme d'ailleurs une croix religieuse. Deux lectures sont donc envisageables : soit le stalker est un escroc qui se sert de signes et de superstitions (les foulards blancs) pour guider ses brebis égarées, soit il y a bien de l'inexplicable dans ce monde et il en devient alors sa voix. Le spectateur se pose donc la question tout au long du film, jusqu'à la "réponse finale" qui normalement met tout le monde d'accord (bah je sais pas moi, une gamine qui fait bouger des verres avec sa pensée, c'est pas commun). Après, c'est vrai que le film est extrêmement riche (trop). On est inondé d'éléments : le chien (qui représente la fidélité), les icônes religieuses dans la rivière, la traversée du désert de l'écrivain à la fin... Faut s'accrocher quoi.

La dernière scène finira d'achever le mec qui est resté dans un état de mort cérébrale tout au long du film.

Surtout que ce n'est pas le seul axe de lecture (non, lâche cette corde). Chacun y voit quelque chose et pour preuve mon paternel (avec qui j'ai regardé le film) est, lui, parti sur une critique du régime communiste, l'URSS tout ça. Et bah ça marche aussi. On peut voir le stalker comme un guide politique qui à la fin du film s'effondre (comme le régime peu de temps après) devant tant de gachis. De la même manière, les coups de téléphone au milieu de nulle part rappellent presque un système d'écoute, de surveillance. Enfin bref, je crois qu'on va en rester là parce que j'en vois certain qui commence à se tailler les veines. Nan lâche ! C'est un couteau à beurre en plus...

 

Comment je fais pour le voir ? Ça a l'air de déchirer sa maman ! (bon là j'imagine hein)

  1.  Acheter le DVD (assez rare mais trouvable pour 15-20 euros)
  2. Attendre qu'il passe sur Arte à 2h45 du matin
  3. Le regarder sur YouTube en VOST anglais (activez les sous-titre Youtube)
  4. Vous voyez très bien ce que je veux dire...