La soirée était bien avancée. Le petit groupe s’était retrouvé au pied de l’auberge. Enfin une partie du groupe, car Prince n’avait toujours pas donné signe de vie. Ses deux équipiers avaient décidés de ne pas le rechercher et de le laisser « se demerder ce sale jaune ».

- Qu’est-ce qu’on fout ici ?

Dan n’était pas très content de se retrouver perdu au milieu d’une ville fantôme, à trois heures du matin alors qu’il n’avait qu’une seule envie : dormir. Après plusieurs jours passés à marcher en forêt comme des cons, et je n’ai toujours pas le droit de me reposer, râla mentalement le jeune swaggymen, les traits tirés par la fatigue. Je pensais dormir tranquillou dans un plumard moisi ! Mais non ! L’autre gros normand joufflu là nous à trouver une mission à la con ! En pleine nuit en plus.
Ce dernier ne se privait pas pour répéter son mécontentement.

- On surveille les environs, répondit Magic, lassé.

- Surveiller quoi ? A part la bande de Kokiri qui jouent de l’ocarina là !  Ya pas grand-chose à checker dans le coin.

- On surveille quand même, répéta le pseudo chef.

- Mais pourquoi tu as écouté ce nazi en plus ?!

- Mais ça ne va pas !

- Bah quoi ? Ronchonna Dan, les mains dans les poches.

- Bah il n’est pas nazi voyons ! Ils ont accent germanique, c’est tout... Ne va pas dire de telle chose, on va encore avoir des problèmes avec la censure !

- Ca vaaaaa ! Tu me l’as fait pas à moi ! Un germanique dans le monde des jeu vidéo ? Bah désolé, mais c’est un nazi hein.

Magic admit que son camarade avait marqué un point.

«  Tout ça pour rien en plus...

- Ça va, ça va, je sais, coupa Magic, désabusé.

La soirée avait été assez compliquée pour Magic.

D’une part, il s’était retrouvé perdu dans la ville à la recherche de ses compagnons. Prince n’avait pas été retrouvé. Le jeune et loufoque équipier avait disparu quelques minutes seulement après leur arrivée dans la petite ville. Mais Magic avait au moins réussi à mettre la sur Dan. Ce dernier s’était retrouvé à faire un concours de swag avec les vendeurs de frusques locaux. Magic l’avait retrouvé a temps et récupéré avant que son camarade n’entame un défilé de mode d’un goût que l’on peut considérer comme douteux.

Sauvé de sa berserkerie vestimentaire, Dan fut informé du programme de la soirée par son pseudo leader. Evidemment il s'empressa de râler. En même temps, il n’avait aucune envie de se farcir une patrouille de nuit dans une "ville paumée avec que des clampins pas foutus de porter des slims oranges et des chaussures montantes". Mais lorsque Magic précisa l’absence totale de récompense, en omettant de préciser qu’il avait complètement oublié de négocier, le jeune adepte du swag ne put contenir un flot d’injures sans limite.

Je me demande bien ce que fout Prince quand même, pensa Magic, les bras croisés, regardant vaguement devant lui en espérant que la soirée soit calme et ennuyante. Quand même ! J’aurais pu négocier une quelconque récompense... C’est stupide de rester éveillé toute la nuit pour rien. Surtout que vu la gueule de la ville, on risque de vite s’ennuyer. Tout le monde est barricadé chez soi. Personne dans les rues. A croire que les gens ont peur de sortir une fois la nuit tombée...

Encore maintenant, Magic regrettait d’avoir écouté la demande de ce garde. Et encore plus d’y avoir répondu favorablement. Jamais il n’avait passé une soirée aussi moisie. Même sa dérouille face à la dite grand-mère, dans une des nombreuses péripéties de leur début de voyage, lui paraissait plus amusante que sa soirée actuelle.

Et ce n'était pas les ronchonneries de son jeune équipier qui allait améliorer la chose.

- Bon on avance ? On ne va pas rester devant l’auberge comme des cons, annonça Magic, désabusé par sa soirée.

Soudain une explosion illumina la nuit étoilée. La terre trembla comme jamais. Les gardes accoururent dans tous les sens en beuglant des phrases dans une langue aussi désagréable à l’écoute qu’elle paraissait agressive. Le germanique était un dialecte assez rare dans le monde de la Communauté. Ces personnes ayant par le passé eu des envies expansionnistes un peu démesurées, elles s'étaient retrouvées recluses dans quelques petites villes disséminées un peu partour dans le monde. Une odeur de bois calciné parvenait aux nez de nos deux héros qui comprirent aussitôt que la soirée n'allait pas être aussi calme et ennuyane que prévue.

- C’est quoi ce bordel ?! s’écria Magic, regardant dans toutes les directions dans l’espoir de comprendre ce qu’il se passait.

Des gardes arrivèrent en courant. Essoufflé et effrayé, ils n’arrivaient pas à aligner deux mots de suites. « Le Général Godwin ! » crièrent-ils à l’unisson, terrorisé.

- C’est qui la iss ? demanda Dan, en mode uesh uesh car il trouvait que cela renforçait son swag et sa street crédibilité, deux compétences cachées qu'il avait découvert par hasard dans son menu.

Soudain à l’horizon, alors que les flammes dévoraient le paysage tel le scrolling impitoyable de Trial Fusion, des silhouettes apparurent comme par enchantement. Un mauvais enchantement, malheureusement. Elles étaient toutes plus démoniaque les unes que les autres. Certaines semblaient même avoir été privées d’une partie de leur anatomie. Des bras, des jambes, des morceaux de tête leur manquaient. Le plus effrayant était de constater que malgré ces manques, elles se mouvaient sans le moindre probème et paraissaient toutes fichtrement vivantes.

- Des zombies ?!

- Des nazis !

- Mais arrête avec ça, pesta Magic.

- Non mais je suis sérieux !

Alors qu’ils commençaient à pénétrer dans l’enceinte de la petite bourgade annexée, Magic tenta d’y voir plus clair. Mais il peinait. En même temps, le pauvre était né avec un malus de+ 4 en vision et de +6 pendant les nuits d’été, ce qui était le cas, aujourd’hui. Après avoir plissé les yeux comme un vrai chinois, il parvint à discerner les contours d’un uniforme lugubre : tout de noir, classique, des bottes hautes, un brassard rouge comme l’enfer avec une croix synonyme de très mauvaise chose. Sans parler du petit « SS » sur leur col qui ne voulait pas dire « Super Sayan » comme le pensait Dan, dont les références historiques et culturelles s'arrêtaient à la composition ds télétubbies. 

- P’tin ! Des vrais nazis !

- C’est qui le grand con au milieu ! 

- Le boss, j’imagine ! supposa Magic, essayaant de discerner les ennemis des sapins.

- Pourquoi on se met pas en mode combat de boss, avec une musique trop bad-ass made in Uematsu ?

- J’en sais rien moi !

Les hordes de zombis nazis déferlèrent sur la petite ville. Croquant, suçant, déchiquetant, arrhant (oui car les zombis nazi ne faisaient pas « Euuuuhh » comme ceux de Resident Evil mais bien « Arrrrhh ») tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage. La violence du carnage estomaqua nos deux héros : Magic venait déjà de se faire dessus, sa propre bière lui coulant le long des jambes, tandis que Dan commençait à se demander si le swag était compatible avec la condition de mort vivant socialiste et autoritaire.

Soudain une voix spectrale se fit entendre au milieu de cette nuit chaotique. Puis petit à petit une image éthérée d’un homme étrange leur apparut : il ressemblait comme deux gouttes d’eau à Sir Michael Bay, Divinité de l’Esbroufe et de la Dynamite, Champion Légendaire et Divin du Nanard qui fait Boom.

Les deux hommes se regardèrent sans comprendre.

« Foncez dans les tas ! Faites-moi péter tout ça ».

Puis dans leur main apparut le divin fusil à pompe. Le shotgun de la libération. Le Liberator. Un fusil de légende bien connu des gros geeks qui pullulent sur la carte : le genre de personnes à parler comme en sms et à insulter tout ce qui se rapporte à leur passe-temps préférés, l’humiliation de pauvre noob sur des jeux guerriers. Magic avait un peu pratiqué ce genre de rites sauvages dans son enfance mouvementée et déjà alcoolisée, et c’est pourquoi il reconnut aussitôt la dite arme.

- Oh mon dieu ! Une arme légendaire ! s’écria Magic, qui s’y connaissait en chose inutile et démodée.

- C’est quoi c’te truc ?

« La voix du Nanard qui fait Boom est avec vous ! »

La voix disparue. L’image spectrale aussi.

Des hordes de zombies socialistes se rapprochèrent de leur position. Les cris des habitants en panique résonnaient dans la nuit. Le cadre était parfait. Il ne manquait plus qu’un énorme drapeau américain flottant dans le ciel avec la mention « engagez-vous dans l’armée » et le Sir Michael Bay aurait été honoré de la plus belle des manières.

Sans comprendre pourquoi, ni comment, les deux compagnons s’élancèrent bravement en direction de leurs sinistres ennemis. Alors que les premières mâchoires pourries s’approchèrent d’eux, ils décidèrent d’user de leur divin fusil pour se frayer un chemin. A chaque fois qu’ils pressaient la détente, un coup de canon retentissait et réveillait les environs. La puissance des Liberator était légendaire.

Des morceaux de chairs volaient dans tous les sens. Des membres se désolidarisaient de leurs corps, tel un ennemi démembrés dans Soldier Of Fortune. Des têtes volaient. La scène était d’une violence inouïe. Un véritable carnage. Mais les deux combattants bénis des saintes grâces explosives de Dieu Michael Bay n’avaient pas la moindre tâche de sang.

- On continue, lança Magic, totalement pris dans le divin instant.

- Je te suis, poto, répliqua Dan, dans le plus pire style des Nanards qui font Boom.

Mais alors qu’ils comptaient perpétuer leur chaîne de morts, ils durent éviter une soudaine explosion non-loin d’eux. Puis une masse apparue sur ce même emplacement. Comme ses troupes, le commandant n’était plus qu’un zombie à l’allure passablement altéré. Il n’avait plus grand-chose à voir avec le « grand » homme qu’il avait pu être par le passé. Cependant, il conservait certains traits de son ancienne vie : grand, costaud, avec des muscles travaillés après des heures et des heures d’entrainements, certaines parties de son corps semblaient possédés des muscles inexistants chez les autres. Mais le plus étonnant restait cette coiffure improbable, mélange de skin head avec un raton laveur mort sur le dessus du crâne, ainsi que cette croix, symbole des nazis, tatouée sur le cou.

- C’est qui ce kéké ?! lança Dan, prêt à tirer.

- Je suis le Général Godwin !

- Godwin ? répéta Magic, perdu devant ce nom. En dirait un nom de lessive allemande.

Le général n’apprécia pas la remarque fort désagréable, il faut bien l’admettre, sur son patronyme et décida de faire feu sur Magic. A bout portant, et surtout hors du monde des combats aléatoires, Magic ne put tenter la moindre esquive et se retrouva au sol. Les mains sur le ventre, il se tâta frénétiquement le ventre dans l’espoir de s’assurer qu’il n’avait pas été touché. Cependant, il sentit son sang alcooliqué à la BenderBro le quitter bien trop rapidement pour que cela soit une bonne chose. Merde ! Il m’a eu, pensa-t-il en ressentant sa barre de HP chuter bien plus vite qu’il ne l’aurait voulu.

- Poto ! Venge... moi...

N’ayant que faire de son leader, Dan attrapa son arme et tira sur le commandant Godwin. Mais ce dernier s’était déjà caché derrière un des nombreux sapins décorant l'extérieure de la petite ville.

- Merde ! Je n’aime pas les FPS ! Pesta le jeune swagman en courant à la recherche d’une planque.

La situation était critique. Il avait une adresse proche de zéro. En même temps, peu d’adepte du swag avait jamais touché une arme de leur vie. Question de principe. Après tout, les adeptes de la Swaggytude ne se battaient qu’à coup de vêtements, de chapeau, de casquettes, et de défilés de mode. Là, Dan se retrouvait face à une horde de zombis, heureusement pour lui dispersés dans la ville, et leur chef qui avait une expérience de ce genre de duel. En même temps, ce connard est revenu d'entre les morts pour continuer à foutre sa merde partout, ronchonna Dan, très grossier sus l'influence de la peur. Il a dû amasser un P’tin de paquet d’XP depuis son retour à la vie.

Dan réfléchissait à une manière de s’en sortir. Mais il n’avait pas la possibilité de se mettre en mode « combat aléatoire » et donc ne pouvait affronter tous ces adversaires sans risquer d’y laisser sa peau. Merde ! Comment faire ? se demanda-t-il en regardant dans tous les sens, histoire d’éviter une attaque en traître de la part d’un zombi particulièrement nazi.

Il entendait le général Godwin se lancer dans un monologue sur la pseudo-domination de la nazitude par rapport à tout ce qui existe sur terre. Puis il enchaina sur le besoin d’un pouvoir autoritaire, fort, raide, dure, inébranlable pour dominer les masses et les guider vers la grandeur. Heureusement pour le jeune héros, sa cervelle de minette fana de One Direction le protégeait contre ces attaques philosophiques. Il n’y a pas à dire, il est capable d’en dire des conneries, pensa Dan, en se souvenant maintenant d’avoir déjà entendu parler d’un obscur « point Godwin ». Le point Godwin, ca me rappelle un truc bordel...Tu dois confondre avec une pub de shampooing ou un truc du genre.

Las de ses réflexions incessantes, Dan se décida à la jouer à la Justin’s style. Mon père ! Mon maitre ! Je vais là faire comme vous ! pria-t-il, sentant toute la peur et l’excitation former un cocktail d’adrénaline détonant. PAR LE SACRO-SAINT ALBUM BELIEVE ! Je croirais en la swaggytude et vaincrait mes hideux adversaires par la violence et la pureté de de mes émotions !! OH BABY BABYYY OOOOHHH !!

 

- BELIEVE ! hurla-t-il en quittant sa cachette.

Au moment même où il fit un pas en dehors de sa cachette de fortune, une boite en carton avec marqué dessus « No Place To Hideo », il fut littéralement ravagé par l’attaque du Général. Plus expérimenté, moins con diront certains, le général n’hésita pas une seconde et prépara son attaque spéciale, sa fatality, sa limit break, sa weapon of doom : NAZI CROSS OF HELL. Des centaines de balles en forme de croix diaboliques s’échappèrent du canon de son arme et se lancèrent sur le pauvre héros comprenant trop tard que sa vie venait d’être gaspillée inutilement. Ce dernier fut plaqué au sol, le corps troué de part en part par la violence des croix démoniaques. L’audace n’avait pas payé. Une fois de plus. Les impacts de croix laissèrent des marques indélébiles sur le corps du jeune et innocent Dan.

Puis il retomba sur le sol, sans vie, ou du moins très proche de la mort. Non ! Le swag ! Non ! Le sswwaaag m’abandonne ! Je sens mon amour Justin le Grand quitter mon corps, regretta Dan, souffrant le martyr étant donné la boue et le sang couvrant. Merde ! Mon hoodie rose bonbon est niqué... mon slim bleu électrique avec le design papillon sur les fesses aussi... ô SWAG ! Ne m’abandonne ... pas...

La conscience abandonna le jeune homme.

La compagnie était à terre.

Alors que le Général Godwin, vainqueur de nos héros, regardait avec une excitation cadavérique particulièrement dérangeante. Le fait de tuer des êtres vivants était devenu plus qu’une passion pour cet ancien général de l’armée nazi... Désormais, il ne mort-vivait plus que pour ça. Après tout, chaque victime qu’il faisait sur le champ de bataille devenait après sa transition vivant-mort un membre de sa gigantesque armée socialiste zombifiée.

Mais heureusement pour nous, aussi bien Dan que Magic, hors course avant même le début de l’affrontement, n’étaient pas mort. Il était K.O. Pas question de perdre deux héros en une seule soirée, le destin avait encor des années de galère et de missions pécraves pour eux.

Alors que tout espoir semblait perdu, ce moment d’intense drame dans les bons nanards d’action qui font boom où le héros n’est plus apte au combat, des coups de feu déchirèrent le silence de mort qui régnait dans la région. Les zombis, occupés à se remplir la panse de pauvres victimes, se levèrent tous d’un coup. Malgré leur absence d’intellect et leur compréhension du monde inférieur à celle de Prince, ils tentèrent tant bien que mal de comprendre d’où provenant ce vacarme assourdissant les gênant dans leur diner.

Aussitôt, sans crier garder, des hommes investirent la petite ville assiégée. Les zombis, prit de panique et limités par leur absence d’intellect, n’eurent le temps de comprendre la soudaineté de l’attaque qu’ils furent violement terrassés. En même temps, les zombis avaient la fâcheuse tendance de mettre dix minutes à comprendre la nature du bruit, et encore dix minutes à y répondre. Cela laissait largement le temps à des hommes sérieux et préparés, tout le contraire de nos zéros, d’en venir à bout.

 

Et ce soir ne dérogea pas à la règle. Les zombis tentèrent tant bien que mal de répondre à l’attaque mais leur lenteur causa leur perte.

Les nouveaux arrivants les tuèrent un à un. Le tout avec une précision impressionnante. Chaque soldat savait parfaitement quoi faire, comment le faire et surtout à quel moment. Pas comme Magic qui prenait une balle pendant un dialogue scripté avec le boss. Ou bien Dan qui avait décidé de maquiller la lâcheté de son suicide dans une attaque n’ayant pas la moindre chance d’aboutir.

Nos deux héros avaient de quoi apprendre. Malheureusement, ils étaient tous deux au tapis. Magic était beaucoup trop proche de la mort pour n’avoir ne serait-ce que le moindre intérêt pour le talent guerrier de ses sauveurs.

- Non ! Encore eux ! Grogna le général plus mort que vivant, dans un rictus de rage qui déformait encore plus son visage cadavérique. RETRAITE !

Voyant ses fidèle soldats tomber un à un, le général décida de sonner la retraite. Ainsi, il tira dans les airs avec son énorme fusil et fit apparaître une vive lumière émeraude qui illumina la région de toute sa splendeur. Les zombis mirent beaucoup de moins de temps à comprendre le signal de la retraite qu’à comprendre qu’ils étaient attaqués. L’instinct de survie du nazi était parfaitement aiguisé. Des années qu’ils parvenaient à échapper à la Grande Faucheuse dans le monde des morts, et aux exorciseurs dans le monde des vivants.

Ces mecs-là savaient se barrer à temps.

Alors que les sauveurs vérifiaient l’étendue des dégâts, leur chef vint inspecter les deux loques encore présentes sur le champ de bataille. D’un lent geste de sa botte, il tâta le corps des deux hommes et comprit aussitôt qu’ils n’étaient pas encore complètement partis dans l’autre monde. L’un d’eux ne bougeait plus et avait légèrement pris une teinte d’alcool dépassé. L’odeur confirmait cette dernière impression.

- Des queues de Phoenix ici !

Un jeune soldat arriva en courant avec une large bourse dans la main puis il la tendit aussitôt à son supérieur. Ce dernier farfouilla quelques instants dans la bourse avant d’en tirer deux plumes irradiant d’un millier de couleur différentes. Puis il les lança délicatement dans les airs. Celles-ci virevoltèrent gracieusement avant d’entrer en contact avec les deux presque-morts.

A leur contact, les corps furent complètement engloutit par une aura de lumière chaude avant d’être nettoyé de toutes les blessures et tirer des griffes de la Mort et de toutes ses copines.

Magic se leva lentement, se massa le ventre comme s’il cherchait à retrouver la balle qui l’avait transpercé quelques minutes auparavant. Mais que s’est-il passé ? se demanda Magic, véritablement et avec un désagréable gout de liqueur de banane périmée dans la bouche. Hmhmhmhmh. Ca me rappelle des mauvaises soirées ou je revenais à moi sans savoir ce qu’il m’était arrivé. De son côté, Dan reprit conscience et faillit défaillir lorsqu’il vit dans quel état était sa tenue swaggy du soir. Deux soldats durent l’attraper par les bras et l’aider à marcher tant il paraissait abattu par son swag ruiné.

- Qui êtes-vous ? Questionna Magic, curieux de connaitre l’identité des nouveaux venus.

L’homme en question se tourna vers les deux survivants. De toute sa hauteur, il observa les deux héros luttant contre les effets secondaires de leur presque mort et se demanda si ces derniers avaient un cerveau. N’importe qui à leur place aurait fuis la ville et laisser ses habitants à leur triste sort. Alors qu’eux non. Ils avaient décidés de prendre les armes et de tenter, malgré leur talent incertain, d’enrayer la menace zombis nazi.

- Je suis Thomas III de Leagane, se présenta le leader, visiblement fier de son nom. Nous sommes la compagnie NightBot.

- NightBot ? répéta Dan, arrivé à leur hauteur. Je ne sais pas pourquoi je n’aime pas trop ce nom.

 - J’avoue que moi aussi, admit Magic. Et vous faites quoi ici ? Je veux dire, ce n’est pas vraiment le coin pour aller aux champignons, hein.

La blague n’eut pas le succès escomptée. En même temps, depuis le début de l’aventure, peu de blague réalisée par Magic avait un succès. Celle des deux grands-mères pirates avait même conduit le tenancier d’une random taverne à lui faire payer sa choppe deux fois plus chère. Malheureusement il ne comprenait pas que son humour était trop « sophistiqué » pour la masse.

- Vous n’y êtes pas, notre mission est de timeout ou de bannir les forces des ténèbres de nos contrées, énonça-t-il, fière, le torse bombé. Sachez que nous avons été avertis de l’apparition du Général Godwin et de ses sbires ! Nous avons fait aussi vite que possible pour intervenir et sauver la ville.

- Ah bah bravo ! Vous vous êtes pas foulé, râla Dan, chafouin depuis sa presque mort. Vous avez une p’tin de demi-heure de retard !

Le chef des NightBot regarda le jeune adepte du swag avec de grands yeux interrogatifs avant de sévir. Il ne pouvait laisser un si jeune garçon lui manquer de respect ainsi. Aussitôt, il claqua des doigts et Dan n’eut plus la moindre voix et ne pouvait donc plus parler.

Il avait beau se débattre comme un beau diable, il n’y avait pas la moindre bribe de son qui émanait de sa bouche.

- Incroyable votre pouvoir, admit Magic.

- C’est le Timeout. Très utile pour corriger ou simplement avoir la paix, dit-il avec un certain amusement.

- J’aimerais bien avoir le même pouvoir.

- Il faut être Grand Modérateur, malheureusement, prévit Leagane, toujours les bras croisés. Que faites-vous ici ?

Magic essaya de faire le tri dans son esprit. Mais c’était tellement le bordel, qu’il avait du mal à se souvenir de pourquoi et de comment lui et Dan avaient pu se retrouver dans une telle situation.

- Eh bien, moi et mes compagnons, on est venu ici pour se reposer mais les gardes du coin nous ont demandés de leur filer un coup de main pour les tours de garde. On a accepté d’aider, évidemment. Mais on ne s’attendait pas à tomber sur une telle opposition : des morts-vivants...

- Nazi, précisa Dan, soudainement libéré de son enchantement de mutisme. Oh !  Je peux parler !

- En effet, il s’agit de l’un des derniers fléaux de notre communauté, précisa le chef de la compagnie NightBot. Les zombis nazis sont très compliqués à éradiquer étant donné que personne n’a encore réussi à défaire ce fichu général ! Sans lui, les zombis ne seraient qu’une simple formalité. Mais il en recrée toujours plus et surtout, il arrive toujours à s’enfuir avant que quelqu’un ne vienne à bout de lui.

- C’est donc pour ça que la plupart des zombies ont disparus, comprit Magic, les bras croisés, imitant le sérieux et la classe de Leagane, sans y arriver cependant.

- Oui, mais ils vont revenir dans quelques temps...

- C’est bien mais nous on s’en fout complètement, hein, coupa Dan, toujours aussi désagréable. On voulait juste nous reposer nous, hein ! Et pas se faire menacer par des zombies socialistes et autoritaires ! Ou à leur chef, à moitié fou, et d’une puissance dépassant l’entendement hein ! Donc on va se trouver une chambre et on va dormir !!

Leagane regarda Magic pour savoir s’il devait à nouveau timeout son équipier, mais ce dernier répondit négativement de la tête. En même temps, elle a raison la fraise tagada, nous on s’est pointé ici dans l’espoir de se reposer après plusieurs de marches et voilà qu’on se fait roxer comme des noobs par des zombis nazi, se dit Magic en écoutant le coup de gueule de son jeune équipier. Ce combat était bien trop violent pour nous ! On est des tanches dans les duels en FPS, et surtout on n’avait pas le niveau pour leur faire face.

- Il a raison, on est venu ici pour se reposer. Et on a faillis clamser comme des nazes, admit Magic, sonné.

- Je comprends, dit Leagane, concerné. Reposez-vous, vous avez été les seuls à vous lever contre cette attaque, vous avez été vaillant, vous êtes de vrais héros !

- Ouais, on va se reposer hein, répondit Dan finalement, fatigué par la soirée et n’ayant que faire d’être du pseudo-statut de héros.

Nos deux héros, lessivés par leur presque-mort, défoncés par un général zombie, avaient le moral dans les chaussettes et n’avaient qu’une seule envie : dormir et oublier cette soirée cauchemardesque. En même temps, c’était l’une des leçons de la vie d’aventuriers, il arrivait de tomber sur des ennemis bien plus puissants que prévu et de se prendre une sévère branlée. Et ce soir, ils venaient tous les deux de prendre une véritable dérouillée et n’avaient plus qu’une chose à faire : la digérer et avancer.

 

Leur dure vie d’aventurier commençait ce soir.