Ce matin, en regardant la télé (chose que je fais très rarement, et la suite prouvera peut-être que j'ai raison), je suis tombé sur une pub pour un jeu vidéo qui m'a mis mal à l'aise.

C'est une pub qui passe en Amérique du Nord en ce moment, sur une chanson des Rolling Stones dont je ne connais pas le titre, mais qu'on entend dans plusieurs films de Martin Scorsese, notamment dans Casino.

Dans des décors de ville en ruines, dans une atmosphère de guérilla urbaine rappelant Beyrouth, on voit une fillette de 12 ans, grassouillette, avec des lunettes, le genre première de la classe. Elle sourit tout en portant une arme à feu et en tirant, et elle prend plaisir à tirer avec. Par la suite, on voit un Noir, souriant lui aussi, ayant l'air très sympathique, avec une mitraillette dans les mains. J'oublie des passages, mais à la fin, un cuisinier marche doucement au milieu des ruines en regardant devant lui, les mains écartées comme le Christ en croix, avec un pistolet dans chaque main.

Chaque personnage porte des vêtements de tous les jours (secrétaire, cuisinier, homme d'affaires, etc.), leur plaisir est tout à fait sain et innocent tandis que tout explose autour d'eux. La guerre est aseptisée. Sur le coup, je m'attend à une pub du genre celles contre le tabac, une pub de sensibilisation.

Puis le slogan apparaît :"Il y a un soldat en chacun de nous". La pub est pour le dernier Call of Duty, Black Ops. Et là c'est le malaise.

Je tiens à dire que je n'ai rien contre le jeu, et que je compte même me le procurer. C'est véritablement la pub qui me dérange, son slogan faussement innocent. Car en parallèle (et je n'ai pas pu ne pas faire ce parallèle), j'ai vu il y a quelques jours en librairie un livre sur les enfants soldats. Le livre ne m'intéresse pas plus que ça, mais la pochette m'avait interpellé ; un enfant Noir de dix ans, une AK-47 à l'épaule, tirant et hurlant à la fois.

Quand on me présente alors des enfants qui eux prennent plaisir innocent à flinguer à tout-va, quand on s'amuse à rendre floues les frontières entre la réalité et la virtualité comme pour dire "la guerre comme si vous y étiez !", ça a tendance à me faire plus réagir que les flash infos sur la famine dans le Tiers-Monde ou les guerres.

Il faut qu'il y ait un point de rupture quelque part ; on peut se dire que ça se passe loin de chez nous, qu'on ne peut pas y faire grand-chose, et c'est plutôt vrai, d'ailleurs cela ne nous empêche pas de faire notre part sur le monde qui nous entoure par le bénévolat par exemple, ou tout simplement par le savoir-vivre et le respect des autres. 

Mais quand le cynisme mercantile va jusqu'à nous lancer le message "Eux ils en meurent, mais vous vous allez vous divertir comme si vous y étiez, sans prendre aucun risque !", là j'ai vraiment du mal à encaisser.

Je réagis à chaud, peut-être aussi que je me trompe. À vous d'en juger :

https://www.youtube.com/watch?v=-rfwJGUUOhg