Quand il s'installa dans ma vie et sur ma 360, Alan Wake sut tout de suite susciter mon attention. Comme dans ces
vieux films d'horreurs et de maison hantée, une force mystérieuse me poussait à
enclencher le bouton Start et à me plonger dans cet univers. Après cinq ans
d'une exhibition toujours plus insistante sur les décors, l'ambiance, les
graphismes, les effets climatiques en temps réel, rien ne venait satisfaire ma
soif de scénario et de profondeur. Ces mêmes cerveaux géniaux avaient inventé
Max Payne, m'avaient fait pratiquement pleurer devant le thème final du second
jeu, mais n'étaient pas capables de me donner envie de jouer à Alan Wake ?
Impossible.
Il y avait un truc. On nous cachait quelque chose ? Jusqu'à ce que
la sortie soit imminente. À grand renfort de marketing, le scénario était enfin
mis en avant et j'allais prendre ma claque. Une envie folle d'y jouer.
Précommandé à la Fnac, volé par le facteur, oublié sous le coup de l'énervement,
Alan Wake était déjà maudit. Enfin, j'ai mis la main dessus.

Alan Wake est un écrivain en manque d'inspiration
qui, après quelques folles nuits à New-York, trouve intéressant d'aller se
ressourcer dans un petit paradis de campagne éloignée. Bright Falls était son
nom et je n'allais pas l'oublier de si tôt. Le héros y perd sa femme, est
confronté à une force obscure et surfe entre réalité et folie.
Écrit comme une
série télévisée avec ces "Précedemment dans" et ses cliffangers finaux, Alan
Wake me met directement dans l'ambiance. Passionné, émerveillé par une mise en
scène d'exception, je m'attends à ce qui se fait de mieux et suis déjà impatient
de vomir ma haine des propos de David Cage et de son "les jeux vidéos sont des
jouets"
en lui montrant ce dont est capable Remedy. Indubitablement, il aura
fallu que les développeurs me fassent mentir, me coupent dans mon élan (malgré qu'il soit
question de la fête du cerf)
. Alan Wake se repose aussi sur un gameplay
spécifique bien trop mis en avant dans le jeu.

On porte une lampe torche, on illumine les
ennemis et une fois affaibli, on leur place deux trois balles dans les rotules (ou dans la tête pour plus d'efficacité). C'est simple, mais c'est aussi ce que
l'on fait les 3/4 du temps dans Alan Wake
. On se demande alors, lors des
premiers épisodes, si le gameplay sert le scénario ou si ce n'est pas plutôt et
fatalement le contraire. On enchaîne les tueries nocturnes et les frayeurs
boisées, en espérant que tout cela débouchera
(en vain) à quelque chose de plus
intelligent.
C'est amusant, cela se joue terriblement bien et l'atmosphère
pesante joue magnifiquement son rôle. Mais je voulais avant tout une belle
histoire servie, si les développeurs le veulent, par un gameplay rare, mais
intense. Comme dans Max Payne, finalement. À force de vouloir satisfaire tous
ceux qui pestent devant les durées de vie réduites des jeux cinématographiques,
les développeurs se forcent à placer plusieurs phases de gameplay un peu
longuette et voilà ce qu'il en résulte : un manque de mise en scène constante,
un rythme saccadé, des heures de jeu inutiles pour quelques minutes
passionnantes.

Mais c'est amusant. Trouver mille et une façons
d'esquiver et tuer ces ennemis ombrés est totalement stimulant et l'arsenal mis
à disposition est tout aussi intéressant.
On prend son pied, certes, mais
j'aurais préféré avoir quelques interactions de plus avec les nombreux
villageois du coin. En l'état on fait surtout la connaissance d'un tas de gens
qui seront soit des alliés, soit des ombres maléfiques. Pas de vie "à proprement
parlé"
, pas d'ambiance dans les bois, des phases nocturnes qui manquent d'un
contraste lumineux avec une vie, un village à visiter, de petites quêtes annexes
qui ne servent à rien mais qui mettent encore une fois davantage dans
l'ambiance. Bref, Alan Wake est trop linéaire et se perd dans sa fausse liberté
ou n'est dissimulée qu'une chasse au succès trophées (amusante, mais pas
franchement profonde)
.

Reste alors l'essentiel. Le scénario à la Stephen
King
, complètement inspiré d'un certain Duma Key qui s'il n'est pas le plus
pertinent des romans de l'auteur à succès n'en est pas moins attrayant. On y
retrouver le principe des créations artistiques ayant un lien avec le
paranormal, l'ile reculée, les événements paranormaux climatiques, les possédés
et bien d'autres choses encore. Ce qui manque à Alan Wake selon moi ? C'est
simple. Cela n'aurait pas dû se contenter d'être un lac d'idées sympathiques,
mais plutôt un océan de maitrise le placant au rang de chef-d'oeuvre.
Alan Wake est
un très bon jeu, une très belle expérience mais aurait pu être, à l'image de sa bande-son, tellement plus
encore...

Vu sur l'Adipose Blog !