*Au lecteur qui arrivera jusqu'a ce test, a toi de dire de quel film est issue cette réplique. Tu ne gagneras rien, si ce n'est la satisfaction d'avoir trouver la réponse. (Tu peux aussi gagner un abonnement Gameblog Premium, mais faut payer 79 €)

 

Troisième plein de kérosène pour Ace Combat.
 
Les deux premiers Ace, sortis à une époque où la 3D était bien baveuse, prouvaient que Namco savait y faire en terme de combat aérien. On remet donc le couvert, avec cette fois-ci un petit bond dans le temps.
Fini les F-15 du Golfe, Ace Combat 3 nous place dans un monde futuriste et pas vraiment ressemblant au notre: Les pays/villes n'existent pas, pas plus que les organisations internationales et militaires qui y sont présentées.
On sait une chose: on incarne un pilote (homme? femme? fumée noire?) qui appartient à une sorte de OTAN/ONU. Ce pauvre trouffion anonyme enchainera les missions (une bonne vingtaine) pour percer le secret de l'Electrosphère au son d'une musique... new age (pour rester poli).

On reviendra sur le scénario, car il y a beaucoup à dire...
 
"Warning! Mssl alert!"
 
Le jeu propose trois niveaux de difficulté. Après un briefing avec carte 3D, petit logos de couleurs et autres bruitages modernes, on prend place à bord de notre merveilleux Eurofighter 2000 (le 1er avion dispo), véritable bouse volante aussi rapide que l'avion de Berlioz et maniable comme un convoi exceptionnel de l'A380.
Une fois en l'air, deux vues sont proposées: une cockpit et une extérieure. Les deux sont parfaitement jouables, donc au pilote de choisir si il préfère admirer la carlingue de son jet en plein combat. La vue peut se modifier avec le stick droit, et permet de regarder dans les 6 directions, très pratique pour observer les alentours. Petit ajout sympathique, la poursuite d'une cible se fait par la pression longue de triangle. La caméra glissera automatiquement vers le ciblé suivant, c'est à dire l'adversaire le plus proche, option vitale en dogfight.
L'avion se dirige simplement, les R1/L1 pour accélérer/décélérer. L2/R2 pour la dérive gauche/droite. Haut/Bas fait piquer le nez, Gauche/Droite fait basculer l'avion. Rond pour les missiles, Croix pour la mitrailleuse, Carré pour le radar, Triangle pour sélectionner la cible. Précisons en outre que le jeu est compatible NegCon, la manette de Namco qui avait une sorte de torsion centrale.
Première chose à faire en l'air, brancher le radar. En appuyant sur Carré vous verrez une carte de la zone sur la laquelle figure les adversaires communs (en blanc) les cibles (en rouge), les neutres (en jaune) et les alliés (en bleu). Finir la mission implique de descendre toutes les cibles rouges. Une fois cela fait, et suivant la rapidité avec laquelle vous avez mener le combat, vous pourrez avoir un mission secondaire qui s'ajoute à votre mission en cours. Dans ce cas de figure, votre état-major met à jour vos données et donne de nouveaux objectifs. Après avoir détruit cette nouvelle menace, (jamais plus de une mission secondaire) vous avez accès au replay de la mission. Celui-ci, accompagné d'une musique stratosphérique, vous permet de revivre l'intégralité de la mission de fort mauvaise manière puisqu'il est inregardable (la caméra fait n'importe quoi). A la fin de tout ça, un débriefing retrace votre parcours aérien et vous attribue une note de A à D. Bon courage pour avoir que des A.
 
Le système de tir est simple et efficace, on sélectionne sa cible manuellement avec Triangle, où on laisse faire la machine qui sélectionne l'adversaire le plus proche. A partir d'une certaine distance, la télémétrie se met en place et indique combien de mètres vous séparent de votre proie. Quand vous arrivez à 1500 m, le radar missile prend le relais et verrouille la cible. Une pression sur Rond (voire 2-3 de plus) lance le/les missile et celui-ci s'autodirige vers la cible. Si vous êtes bon, on passe à la cible suivante.
 
Une jouabilité excellente, un système de combat simple mais qui implique une certaine précision dans le placement de son avion font de Ace Combat 3 un très bon jeu de combat aérien. Mais ce n'est pas le seul atout du soft.

Un verrouillage parfait.

 

"Warning! Pull up!"
 
La grande force de Ace Combat est, et cela n'engage que moi, son univers. Plus précisément son design. La finesse graphique du jeu (pour l'époque bien sûr), permet de reproduire fidèlement les avions militaires les plus communs. Ainsi, celui qui porte un intérêt à ces machines retrouvera les F-18 et autres Sukhoï qui équipe de nos jours les armées du monde.
Cependant, le jeu se déroulant dans un monde futuriste, l'avionique à elle aussi évolué. Ainsi, une partie non négligeable du hangar sera encombré par des appareils qui n'existe pas encore ou qui sont des prototypes (pour l'époque la encore). Namco a fait les choses bien, et a demandé à une vraie entreprise de design industriel de fournir des dessins d'avions de guerre du futur.
Amateur de mechas, j'ai été abasourdi à l'époque par la richesse des design et surtout par leur cohérence avec le monde d'aujourd'hui. Ainsi, l'un des meilleurs avions du jeu, le XFA-36A Game, propose un profil en avance sur son temps et montre à l'observateur averti que celui-ci est propulsé par des moteurs à poussé vectorielle. Ce mode propulsion innovant (et bien réel) témoigne du grand soin avec lequel Namco a tenu à nous dépendre un monde cohérent dans lequel évolue des technologies qui seront très probablement l'avenir de l'aviation.

Le XFA-36A Game, sans dérive de queue comme le X-35, bien réel, lui.

Hormis les avions réalistes, comme le F-22 Raptor, le Su-47 avec ses ailes en delta inversé, on trouve des visions de designers qui garde néanmoins un gout de réalité. Ainsi, les trois modèles de Delphinius, avion fictif du jeu, sont de véritable perles de design avec un profil s'inspirant, comme le nom l'indique, des animaux marins.
Au-delà de cet aspect purement plastique, le jeu propose de piloter des avions inexistant dans d'autres jeux. Ainsi, deux missions en très haute atmosphère vous obligerons à monter à bord d'un Blackbird. De plus, une autre mission vous transportera dans l'espace, où vous aurez à abattre des satellites à bord d'une navette spatiale armée pour l'occasion. La réussite de cette mission vous obligera d'ailleurs à procéder à une rentrée dans l'atmosphère, en présentant le bon angle pour le bouclier thermique de votre navette. Là encore une preuve de la démarche réaliste et documentée de Ace Combat 3.
Les geeks fans de complots et de zone 51 se rendront compte aussi de la présence à la fin du jeu du Aurora, avion espion des Etats-Unis, qui auraient été concu sur cette base militaire du Nevada. (Je vous laisse juge de la pertinence de cette information :D) Le Aurora est un avion mystérieux qui a ici sa place en tant que boss de fin. On ne peut que saluer la finesse avec laquelle Namco insère dans le jeu cet élément de "pop-culture". (même si je n'aime pas spécialement ce terme d'ailleurs).
Je pense l'avoir démontrer, la richesse de l'univers fait de Ace Combat 3 un excellent jeu. Avantage qui s'ajoute aux mécaniques de jeu efficaces décrites plus haut. Cependant, le jeu a une tare gigantesque qui ruine le travail documenté et pertinent de Namco.
 Le R-103 Delphinius 3, un bien bel appareil
 Le R-103 Delphinius 3, un bien bel engin.

 

"Caution! Stall!"
 
Chose assez impressionnante pour un jeu de combat aérien, Ace Combat 3 tenait sur deux CD. Oui, comme un RPG de l'époque ou un Metal Gear Solid.
En effet, l'univers graphique étant très riche, le héros et les personnages l'étaient tout autant. Tiens mais au fait... N'ais-je pas dit au début du test que votre pilote était anonyme?
Ah oui, j'ai oublié en détail...
En passant en version Pal, le jeu a perdu un CD...
Chose hallucinante, ahurissante même, Ace Combat 3 proposait un scénario étoffé, avec des cut-scènes en animé pour les moments importants. Votre personnage était suivit dans ces états d'âmes, les belligérants avaient une identité propres et des motivations développés.
Tout ceci est passé purement et simplement à la trappe.
De même, au cours de certaines missions, vous aviez des choix à faire en suivant un allié et suivre leur trahison, soit les combattre. Ces choix avaient bien entendu une incidence sur la fin du jeu.
La encore, tout fut liquidé.
Au cours de ces mêmes missions, le HUD de l'avion était agrémenté de vignettes représentants le visage de vos coéquipiers quand ceux-ci communiquaient par radio. Communications radios qui elles aussi ont disparus.
 
Ainsi, Ace Combat 3 n'a plus aucun scénario en version Pal. On enchaine les missions sans comprendre qui sont les belligérants, quel est notre rôle... Il n'y a plus aucun choix scénaristique à faire, il existe une seule et unique fin. Cette dernière n'est pas d'ailleurs pas expliquée. On abat des avions sans savoir pourquoi.
Pire, on assiste vers la fin du jeu à la destruction d'une ville par un raz-de-marée. Cet événement qui a droit a des images de synthèse (et donc important) est incompréhensible! Sans scénario, on ne comprends pas pourquoi cette ville est détruite, et par qui?
Après le combat final, quatre lignes de textes sur le HUD tentent pitoyablement de justifier votre dernier combat...
Ce jeu est un gâchis mémorable.
La mémoire collective des joueurs avait FF 7 comme mètre étalon de la mauvaise adaptation. Ace Combat 3 va au-delà, en amputant purement et simplement tout le scénario du jeu.
L'histoire ne dit pas qui est responsable de cette décision cruelle. En tout cas, vous pouvez être certain que je lui dit merde.

Ah oui, au fait, pour la petite histoire, on ne parle de « replay » dans Ace Combat, on parle de « rejouer ».
 
Je garde néanmoins de Ace 3 d'excellents souvenirs: la mission One Way Ticket, avec son attaque de train oblige à la précision. Le stress dans Tunnel Vision met a rude épreuve votre talent de pilotage. Les bordés de missiles, les attaques au raz du sol et de l'eau sont autant de moments grisants que je garde en haute estime. Plus que tout autre, Ace Combat 3 mérite un remake pour les joueurs européens. Une version PSN reprenant le scénario ne serait pas de refus, et pourquoi, une version PS3 avec la HD et tout.
On peut toujours rêver...

Le UI-4054 Aurora.