Pey'J un hommage à Porco ?

Ce qui fait tilt tout de suite, c'est
bien sur le personnage de Pey'J, qui comme Porco est un cochon
anthropomorphe. Mais si c'est finalement ce qu'on remarque en
premier, ce n'est pas le plus percutant, Pey'J n'étant qu'un
personnage secondaire, là où Porco est le héros.

C'est en ajoutant les partenaires que
l'on retrouve des équipes similaires. Jade, la jeune fille pilote
d'aéroglisseur, accompagnée de son mécanicien à tête de cochon
et Porco, pilote d'hydravion à tête de cochon, accompagnée de
Fiona, jeune fille mécanicienne.

Au delà des ressemblances des
personnages, c'est surtout dans le monde qui les entoure que les
points communs sont troublant. L'action de Porco Rosso se passe
autour de la mer Adriatique. Du coup, à part le ciel, l'élément
le plus présent du film est l'eau. On ne voit jamais un bout de
terre sans voir une mer, un canal, ni même un pont suggérant que
l'eau est proche. Même quand Porco va en ville, il arrive en
bateau, son hydravion étant en miettes, et repart avec ce dernier
sur le canal. On ne croirait pas voir Milan, mais Venise.

Le monde d'Hillys est lui aussi à
forte dominante maritime. La ville est traversée par des canaux, qui
remplacent les routes, rappelant également Venise. Les héros vivent
sur une ile "privée" à laquelle on accède, comme l'ile
qui sert de repaire à Porco, par une grotte dans la falaise. Dans
les deux œuvres, de petits îlots forment des lieux bien précis,
comme le restaurant de Gina dans Porco, ou le garage pour
aéroglisseur dans BGE.

"Je préfère encore être un porc
décadent qu'un fasciste"

Si la géographie des deux mondes
présentes plusieurs points commun, l'aspect politique n'est pas
en reste. Dans les deux histoires, le monde tel qu'il nous est
d'abord montré est plutôt plaisant. Coloré et zen dans BGE, avec
la séance de yoga de Jade face au soleil, et faussement dramatique
dans Porco Rosso, avec de redoutables pirates de l'air, qui ne font
même pas peur à des fillettes de huit ans qu'ils essaient
désespérément de kidnapper.

Dans les deux cas, on passe beaucoup de
temps à contempler les paysages évoqués plus haut, mais sous cette
apparente légèreté se cache une histoire bien plus sombre.

Dans le monde d'Hillys, la paix
semble bien précaire et l'héroïne se rend compte petit à petit
qu'on cache bien des choses à la population. Derrière un jeu
d'action infiltration somme tout classique, on trouve des
thématiques bien plus sérieuses, comme le contrôle des foules par
la désinformation, ou les dangers du totalitarisme.

Idem chez Miyazaki, où derrière ce
petit monde gravitant autour d'une jolie et talentueuse chanteuse,
évoluant autour de paysages enchanteur se trouve une période
sombre, l'entre deux guerres. Restriction des libertés, monté du
fascisme en Italie, on est loin du conte de fées.

Nos deux héros vont progressivement
entrer dans l'illégalité, l'un, Porco, en refusant de servir un
pays dans lequel il ne se reconnaît plus, et l'autre, Jade, en
entrant en résistance, pour ouvrir les yeux de ses compatriotes, et
faire éclater la vérité.

Ancel inspiré par Miyazaki ?

Peut-on pour autant en conclure que
Michel Ancel a plagié le film de Miyazaki pour faire son jeu ?
Absolument pas. Les deux œuvres sont différentes sur suffisamment
de points pour être uniques.

Peut-être que c'est juste mon
admiration pour ces deux monuments qui m'a fait voir les quelques
points communs, en oubliant tout ce qui les différenciaient.

Impossible de dire si Ancel s'est
inspiré du film de Miyazaki, si Pey'J est juste un clin d'œil
au cochon rouge ou bien si deux auteurs de génie se sont retrouvés
à traiter des thèmes similaires, dans des univers qui se
ressemblent. Ancel est peut-être tout simplement un des nombreux
admirateurs de Miyazaki.

Car finalement, un des autres thèmes
prépondérant de BGE est la nature, voir l'écologie, thème
abordé dans presque tout ses films par Miyazaki ... à part Porco
Rosso.