Les chances étaient minces. Certes, le pitch était assez sympatoche, mais le direct to DVD et le héros de Heroes au casting me laissaient suggérer à un pseudo-navet juste utile à un trajet de train. J'ai quand même pris une petite claque.

Le point de départ, c'est une explosion nucléaire inexpliquée sur New York. Les habitants d'un immeuble arrivent à se réfugier in extrémis dans le sous-sol là où un gardien un brin parano a fait des réserves pour affronter une catastrophe atomique. Ce qui se passe à l'extérieur on n'en sait rien justement jusqu'à l'intrusion d'une équipe d'hommes en combinaison anti-radiations. Au fur et à mesure que le temps va passer, que la désespérance va s'installer, les huit protagonistes de l'intrigue vont essayer de recréer une micro-société avec ses règles mais aussi ses travers. Au fur et à mesure que la situation s'éternise, les enjeux se dessinent: armes, pouvoir, sexe, nourriture...

 

De manière plutôt crédible, le film nous montre les glissements progressifs d'une microsociété évoluant en vase clos. C'est présenté de façon assez rationnelle et c'est peut-être la principale force de ce film choc.


Film choc pas spécialement dans les images puisque les scènes sanglantes se comptent sur les doigts d'une main, mais plutôt dans le miroir qu'il nous renvoie de nous même. Même si certains caractères sont accentués, ces bas instincts sont bien les nôtres. Le film est plutôt déprimant, renforcé par une bande son de haute volée.

Le réalisateur ne passe pas par le superflu habituel, à savoir présentation du passé des personnages, caricatures, et autres ficelles servant sois-disant à créer un lien émotif entre le spectateur et les protagonistes. On ne connaît pas ces gens et on se branle de leur passé et même de leur futur. On reste juste subjugés par la façon dont ces personnages plus ou moins normaux sombrent.

Proche de Cube ou The Hole sur le principe, The Divide va à mon sens encore plus loin grâce à une authenticité que ce soit dans les dialogues, l'image "crasseuse", le maquillage, la mise en scène impeccable et la tension permanente. Il n'y a aucun temps mort et Xavier Gens nous balade parfaitement lors de deux moments clés en nous faisant naviguer sur le véritable propos du film.

Choquant par moments, le film ne fait aucune concession, n'édulcore rien. L'homme est un animal, ainsi pourrait-on le résumer. Merci aux acteurs qui sont impliqués et dévoilent un excellent jeu avec mentions particulières à Lauren German (déjà vue dans le très bon Dark County) qui est extraordinaire et l'impressionnant Michael Eklund qui subit une transformation proprement hallucinante (au propre comme au figuré). Même Milo Ventimiglia (de Heroes) est crédible dans son rôle à contre emploi.

Cocorico, le réalisateur est Français, de même que le compositeur et Ivan Gonzales (qui tient d'ailleurs un rôle de Frenchie) ce qui prouve que, avec Florian Siri ou Alexandre Aja, des compatriotes sont capables de mettre un peu de vie dans ce cinéma Français léthargique, sortant de nos comédies Eric&RamzyDujardinSemounElmalehiesques que personne ne nous envie ou nos films "d'auteur" psycho-philo-chienlit relatant les déboires sentimentaux de bobos Parisiens dans les beaux quartiers. Merci aux studios étrangers (et US en l'occurrence) de permettre à ces talents de tourner des films différents sans quoi ce magnifique Divide n'aurait jamais vu le jour en France. Jamais.