Cet article est tiré du blog parallaxe

Un regard en arrière


Le jeu vidéo a déjà subi une crise majeure dans son histoire. C'était en 1983 et cette récession a fait de nombreuses victimes. A l' époque, ce nouveau média était un véritable El Dorado pour les industriels. Les jeux étaient développés en quelques jours, leur valeur intrinsèque n'a cessé de chuter. Cette faible qualité a fini par dégoûter les consommateurs qui ont tourné le dos au jeu vidéo.

Atari en a fait les frais en toute première ligne. Les revenus du secteur qui culminaient à près de trois milliards se sont tout à coup effondrés à 100 millions. On a coutume de dire que ces jeux étaient tout juste bons à enterrer dans le désert. La légende veut d'ailleurs qu'un grand nombre de cartouches de ET l'Extraterrestre se soient retrouvées sous le sable. Le jeu était une illustration parfaite de la dérive commerciale du début des années 80 ; Une licence qui essaie de faire vendre une coquille vide.

Mais cette crise était plurifactorielle et la qualité des jeux n'était pas seule en cause. L'Atari 2600, console emblématique s'il en était, a vu la concurrence proposer des alternatives. Une dizaine d'autres machines sont arrivées sur la marché. C'était bien trop pour le consommateur qui ne savait plus ou donner de la tête. Les ordinateurs jusque là considérés comme des objets de travail s'orientent également vers le jeu proposant une alternative plus sérieuse à des appareils dédiés exclusivement aux jeux. De plus leurs prix sont devenus plus attractifs.

Ce n'est qu'avec l'arrivée de la NES, que le marché a commencé à se redresser. La NES et Nintendo qui, ayant retenu les leçons de l'échec d'Atari, a imposé des contrôles très strictes sur la qualité des titres sur sa console. Bien sûr il s'agissait aussi de se servir au passage sur la fabrication et les licences des développeurs et des éditeurs. Le sceau de qualité de Nintendo n'a pas éliminé les mauvais jeux, mais il en a tout de même limité le nombre.

Une histoire qui se répète

Où en sommes nous aujourd'hui ? Les consoles sont toutes en fin de cycle et nous nous apprêtons à en débuter un nouveau avec l'arrivée le mois prochain de la Wii U. Nul doute que Sony et Microsoft ne resteront pas inactifs en 2013 et annonceront probablement leurs nouvelles machines. Je verrai d'ailleurs bien l'un des deux faire une annonce même avant la fin de l'année, histoire de calmer les acheteurs compulsifs de la Wii U. Après tout, Sony avait bien fait le coup à SEGA pour la sortie de la Dreamcast qui avait été littéralement assassinée par la Playstation 2.

Mais de nouveaux acteurs sont arrivés sur le marché. Avec Androïd et iOS, les tablettes et autres smartphones occupent une place non négligeable dans l'univers du jeu vidéo. Sans compter l'arrivée très attendue de Microsoft avec sa propre tablette et son système d'exploitation maison. Le trio s'appuie fortement sur les nouvelles habitudes de consommation : les petits jeux et applications occasionnelles (le casual gaming), et le jeu en ligne permanent. Comme les ordinateurs dans les années 80, les tablettes et smartphones tout d'abord mis en avant pour leurs fonctions utiles et "professionnelles" deviennent de plus en plus des plateformes de jeu.

L'offre se multiplie et la qualité des jeux « casual » a maintenant démontré la plupart du temps sa médiocrité ou en tout cas son manque de pérennité. Les utilisateurs se lassent devant le manque de variété des logiciels proposés. Les principes sont très souvent similaires et seul l'enrobage change.

Le secteur est à la croisée des chemins. D'un côté des sociétés comme Gree se développent très fortement et se mondialisent, de l'autre Zynga très axé sur le jeu social mais sur Facebook, n'en fini pas de descendre aux enfers.

Baisse de qualité, augmentation des offres, multiplications des acteurs et des façons de consommer. La guerre du secteur du jeu vidéo va probablement faire des victimes dans l'année à venir. Ce sont les joueurs, occasionnels ou non, qui devront compter les points. Quoi qu'il en soit les joueurs purs et durs (les core gamers) en seront impactés. Ils ne sont plus les cibles privilégiées des constructeurs / éditeurs, mais ils devront suivre.