Est-il possible de critiquer de manière pertinente un jeu en passant outre quelques éléments de son contenu ? Doit-on disséquer intégralement le contenu d'un jeu pour l'apprécier à sa juste valeur?  

Globalement, une critique vidéo-ludique se concentre essentiellement - pas exclusivement, on est d'accord - au travers de quatre sphères distinctes : le scénario (histoire, narration, personnages, etc.), le gameplay (maniabilité, systèmes de combat, etc.), la réalisation technique (graphismes, etc.), le mode multijoueur (quand il existe). Cependant, certains jeux peuvent occulter une ou plusieurs desdites sphères sans que ça ne lui soit dommageable. Je distingue deux raisons à cela ;

Soit c'est le genre du jeu qui le veut. Concrètement, les softs de sport peuvent, pour bon nombre d'entre eux, se passer d'une histoire sans problème. De même, un Super Meet Boy ou un Rayman Origins n'ont pas nécessairement besoin d'être armés d'un scénario accrocheur pour plaire au plus grand nombre, à l'instar de bon nombre de jeux de plateforme, en fait.

Soit c'est la licence qui le veut. L'un des exemples les plus parlants reste la licence Mario. Bien marginaux sont les joueurs qui osent critiquer l'histoire de Super Mario 3D Land. En effet, difficile d'imaginer le plombier moustachu braver les traditionnels ennemis et éviter les pièges vicieux en tout genre si ce n'est pas pour sauver la princesse qui aura passé la moitié de sa vie entre les griffes de Bowser. Si Nintendo venait à changer d'histoire, beaucoup grinceraient des dents.

A contrario, il existe des genres et des licences qui demandent à ce les jeux soient bons dans - quasiment - tous les domaines. Un GTA - ou GTA-Like - , pour prendre le plus méconnu (sic), n'a pas le droit, aux yeux des joueurs, de se résoudre un scénario plat, un gameplay pauvre, des graphismes bâclés et un mode multijoueur anecdotique. Dans ce cas précis, c'est autant le genre du jeu que la qualité des softs de Rockstar reconnue par tous qui poussent à une exigence si élevée.

Cependant, j'entends de plus en plus souvent des joueurs me sortir : « Tu ne peux pas critiquer tel ou tel point sur tel ou tel jeu ».Prenons un  exemple qui a fait l'actualité de l'ultime ligne droite de 2011,  Battlefield 3. Certains affirment que s'en prendre à la controversée campagne solo du FPS de Dice n'a pas grand intérêt sous prétexte que le cœur du jeu correspond au mode multijoueur. Seulement, en tant que joueur et acheteur, ne suis-je pas en droit d'attendre du soft qu'il me propose un mode solo de qualité ? Car, il s'agit de ne pas omettre que la programmation de cette partie du jeu pèse financièrement son poids dans le développement totale du jeu. De plus, les moyens financiers dégagés pour réaliser la campagne solo se répercute sur le prix final auquel on paie le jeu. Pour être franc, je ne suis même pas sûr que le jeu ait été moins cher. Si les développeurs décident d'intégrer un mode solo à leur création, pourquoi font-ils si peu d'efforts ? Certainement, car il reste un (grand) public pour ce mode secondaire et qui ne cesse de faire vendre quelques galettes en plus.

Toutefois, au-delà même de l'aspect financier, il est de ces titres qui mettent volontairement à l'ombre des facettes du jeu-vidéo. Il m'arrive de lire ci et là que l'absence d'un scénario intéressant et d'une narration de qualité sont tout à fait dispensables pour un jeu comme Gears of War 3, par exemple. Pourquoi ? Parce qu'il s'agirait d'un soft bourrin, qu'il est déjà doté d'un gameplay jouissif, de graphismes à la hauteur et qu'on peut passer outre une histoire passionnante. Certes, mais pour moi, ce ne sont pas des raisons valables. Primo, Gears of War est un genre de jeu (TPS) qui est tout à fait adapté pour accueillir une histoire travaillée. Deusio,  il s'agit d'une  saga, et, par extension, la durée de vie totale et le nombre de personnages pouvant intégrés l'histoire permettait d'imaginer une trame scénaristique chiadée et qui soit mise en avant avec les nombreuses cinématiques.

Rien que pour ces deux points, l'histoire anecdotique de GoW mérite d'être fustigée. Si je considère malgré tout le titre comme de bonne facture je regrette toutefois que l'histoire ait été poussée sur le banc de touche

Personnellement, jouer à un jeu comme GoW (c'est-à-dire, un jeu qui mérite d'être porté histoire recherchée) dont le scénario un nullissime parce qu'il ne sert que de prétexte et parce que les développeurs l'ont mis au second plan est d'une saveur bien plus amer que je jouer à un jeu qui accuse la même faiblesse mais parce que, par goût, je n'ai pas apprécié mais où je sens qu'il y a eu du travail.

J'évoque Battlefield 3 et Gears of War, ceci dit bien d'autres titres connaissent les mêmes indulgences. Je considère un peu facile d'oublier volontairement certains éléments - souvent négatifs - en les camouflant avec des excuses que je considère inappropriées.