Pas un terme, un leitmotiv...

Pour bien saisir l'évolution de la difficulté dans les jeux, il faut d'abord comprendre le terme Hardcore Gaming. Certains le confondent à la culture rétro, d'autres l'associent aux excès, toutefois on parle bien ici du dépassement de soi apporté par le défi.
Le but de cette idéologie est de voir jusqu'où on peut aller si on persévère, et de - par la même occasion - prouver à soi-même et aux autres qu'on est le meilleur. Finalement, le hardcore gaming est né d'un besoin très naturel : celui de se mesurer aux autres et de prouver sa supériorité. Et ça, les développeurs l'ont bien compris en intégrant, dès les années 80 dans leurs bornes d'arcade, un tableau des scores qui s'affiche en permanence entre deux parties. On a toujours pas trouvé mieux pour motiver les foules.

L'évolution des genres...

Je ne sais pas si on peut effectivement parler d'un genre à part entière. On peut en tout cas constater des genres spécifiques destinés aux hardcore gamers. On peut citer par exemple les jeux de rythme en général ou encore les jeux de combats tels que Street Fighter ou Guilty Gear. Le fait qu'ils s'adressent aux habitués ne veut pas dire qu'ils sont injouables pour les novices, simplement la marge de progression d'un Street Fighter est si grande qu'un joueur occasionnel n'a que très peu de chance de gagner contre un adversaire ayant des dizaines d'heures de jeu derrière lui. Ces jeux "core gamer" vont à l'encontre de l'évolution habituelle car ils ne cherchent ni à être beaux, ni à plaire au grand public. Malgré cela, 15 ans après leur sortie certains de ces jeux sont encore très joués.

Je veux mourir !

Même si cela peut ne pas vous paraître évident, perdre, mourir, recommencer, s'énerver, lancer la manette est un plaisir en soi. Bien sûr ce n'est pas vrai pour tout le monde, c'est pourquoi on peut distinguer deux catégories de joueurs :

  • ceux qui ne désirent pas se prendre la tête et qui veulent s'amuser instantanément
  • ceux pour qui la victoire n'a pas de goût si elle ne se fait pas dans la douleur.

Ce qui est nouveau, c'est qu'aujourd'hui les joueurs occasionnels ne se contentent plus de jouer au golf, ou de faire la cuisine (virtuellement, bien sûr). Ils veulent des vrais jeux avec du vrai sang, des vraies armes et des vraies put*s. Pour accueillir ce nouveau public, le jeu vidéo s'est adapté en étant plus permissif et moins contraignant. Cependant de nos jours certains joueurs commencent à regretter le jeu vidéo élitiste des années 80/90, car à cette époque, "les joueurs" c'était avant tout une communauté dont les membres souvent se connaissaient.

La mort du hardcore gaming ?

La réponse est claire : non, le hardcore gaming n'est pas mort, il revient même en force ces derniers temps. Car la force des jeux actuels est de savoir s'adapter au joueur. Certains considèrent cela comme une faiblesse, mais cette habilité peut aussi leur permettre de redevenir hardcore : par exemple avec le choix de la difficulté. Autre preuve de la bonne santé du culte de la difficulté, les succès / trophées / hauts-faits - appelez-les comme vous voulez - dont le but est simplement de remplir un maximum de tâches dans un jeu pour gagner des médailles ou des points. Les obtenir peut s'avérer très prise de tête, et pourtant ils sont si addictifs.

Quel avenir pour les jeux ?

Une chose est sûre : les développeurs devront faire un choix. Car malgré tous leurs efforts, rallier les joueurs invétérés avec les "nouveaux joueurs" paraît très difficile, voir impossible. Pourtant le marché évolue de telle manière qu'on ne peut presque plus imaginer l'un sans l'autre. Pourquoi ? C'est simple. En amenant un nouveau public vers les jeux, l'industrie du jeu grand public amasse une quantité d'argent hallucinante avec un investissement minimal. Il suffit de voir les ventes de Wii pour s'en persuader. Alors que l'industrie des jeux pour gamers n'atteint pas du tout le même seuil de rentabilité du fait des investissements colossaux faits pour des jeux comme Gears of War ou Call of Duty. Alors même si aujourd'hui la sortie d'un blockbuster reste rentable, un phénomène nouveau va certainement prendre de l'ampleur dans les prochains temps : le financement des jeux matures par les jeux casual.

Conclusion

L'industrie des jeux vidéo ne cesse d'évoluer et nous apporte d'années en années de nouvelles perles. Malheureusement cette évolution coûte beaucoup d'argent aux acteurs de l'industrie que sont les développeurs. C'est pourquoi le jeu vidéo a cherché a se diversifier pour plaire au plus grand nombre, au point d'en devenir trop simpliste. Alors dans tout ça, que reste-t-il du Hardcore Gaming ? Il en reste un état d'esprit, qui n'est d'ailleurs pas laissé de côté par les développeurs car il revient très à la mode. Le jeu old-school plait, et compte bien redevenir un argument de vente à l'image de Bayonetta qui s'annonce d'une difficulté "sadique". C'est pourquoi, même si on peut croire que le Hardcore Gaming est en pleine récession, je crois au contraire, qu'il est sur le point d'exploser.