Dans cette septième génération de consoles que nous vivons, trois énormes constructeurs dominent, en grande pompe, l'industrie pour laquelle nous nous passionnons. Deux d'entre eux, Sony et Microsoft, restent relativement nouveaux sur le marché quant au dernier, Nintendo, était in the place dès les premiers balbutiements du jeu vidéo, dès 1977.


Attention les enfants, je vais vous révéler une information - dont on est tous au courant - qui risque de créer un séisme sans précédent dont sera violemment victime notre cyber-monde... Les Game and Watch ne sont pas les premières consoles estampillées de la marque Nintendo, bien qu'elles soient communément admises comme telles. Trois ans avant l'apparition des célèbres portables en 1980, la firme nippone fait ses premiers pas (en tant que constructeur indépendant) dans l'embryonnaire industrie vidéo-ludique. Cela dit, Nintendo dispose déjà d'une pincée d'expérience (développement de jeux arcade à partir de 1970 et collaboration avec la société Magnavox pour la réalisation de l'Odyssey).


 

Color Game TV 6, première à jamais !

Nintendo peut être considérée sans mal comme une entreprise pionnière. Un statut rendu d'autant plus légitime quand en juin 1977 - le jeu-vidéo vit encore sa première génération - elle fait le choix de s'émanciper, de voler de ses propres ailes, de sortir une console étrangement baptisée Color TV Game 6. Oui, six, nous verrons ultérieurement pourquoi. Initialement, Nintendo souhaiter concevoir exhaustivement son premier hardware, toute seule, comme une grande. Seulement, les caisses crieront leur désaccord quand elles prirent connaissance des sommes incommensurables dédiées à la confection des éléments présents dans les microprocesseurs dont elles seront déchargées. La conception de la console devra, de ce fait, être exécutée en partenariat avec la société Mitsubishi pour limitées - autant que faire se peut - le coût de production de la plateforme. Cependant, Mitsubishi n'intervient nullement dans le processus de production de la console. En fait, la firme fournit à la société fondée par les composants nécessaires au montage des onéreux microprocesseurs. Leur collaboration se limite à une relation client/fournisseur mais se révèlera être, par la suite, extrêmement judicieuse (du moins, pour Nintendo). 

 Technique et Production

Concrètement, la Color TV Game 6 est une console qui emporte avec elle six jeux - d'où le chiffre 6 -  préprogrammés. Enfin, six jeux pour les publicitaires. Car en réalité sont intégrés six Pong-Like, appelés Light Tennis. La flagrante ressemblance entre le véritable Pong et les dérivés développés pour la première console de la firme nippone obligeront, au terme d'un procès, celle-ci à verser des royalties à Atari (Nintendo ne seront pas les seul à devoir faire parler le porte-monnaie). Techniquement, le hardware n'est ni en avance, ni en retard sur son temps. Bien qu'il supporte les téléviseurs écran couleur, celui-ci ne propose pas d'adjoindre d'autres titres à ceux préalablement intégrés (possibilité présente sur l'Atari 2600 sortie la même année (et même sur la Chanel F de Fairchild ainsi que sur la RCA Studio II, toutes deux sorties en 1976). De plus, la plateforme ne se révèlera pas être un modèle d'ergonomie. Pour cause, les commandes - pour deux joueurs - se situent directement sur la console ce qui, étant donné sa petite taille, devait tout de même vite devenir re-lou. J'imagine.

 Tactique et Commercialisation

La réalisation de la console arrivée à son terme, cette dernière connaitra une commercialisation ciblée qui ne franchira pas les frontières japonaises. Une stratégie qui se veut compréhensible à une époque où le jeu-vidéo reste un domaine quasi-expérimental, dans lequel les constructeurs vendent des consoles aux allures de prototypes sur un marché encore juvénile et imprévisible. Si techniquement la Color TV Game 6 n'a pas les avantages nécessaires pour se démarquer de la concurrence, celle-ci possède ailleurs un solide argument, et pas des moindres ; son prix de vente. Et c'est ici que Nintendo se rend compte du partenariat astucieux fait avec Mitsubishi. En ayant maintenu des coûts de production modérés, Nintendo va alors répercuter ses économies sur le prix de vente de la console. Ainsi, quand la concurrence propose aux clients potentiels leurs plateformes autour des 20 000 yens - en moyenne - Nintendo rend accessible la sienne à 9800 yens.

Résultats encourageants

Au total, ce sont 360 000 unités qui trouveront un acquéreur. Est-ce une performance ? Oui, clairement. Peut-être bien que les chiffres de ventes auraient atteint un seuil plus important si, à l'instar de l'Atari 2600, l'entreprise de Mario avait décidé d'internationaliser la commercialisation de sa console, mais Nintendo vient, assurément, de se faire un nom.